Par le biais d’un sit-in organisé hier mardi 23 avril 2019, les travailleurs, réunis au sein de Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), protestent contre le mutisme du gouvernement face aux revendications des travailleurs ainsi que la dégradation constante de leur situation avec le vote de certaines lois par les députés. Lisez plutôt leur motion de protestation
Confederation syndicale des travailleurs du benin (Cstb)
Madame Le MINISTRE DU TRAVAIL ET DE LA FONCTION PUBLIQUE
Madame le Ministre,
Considérant que depuis les dernières grèves qu’ont observées les travailleurs (fin 2017 à avril 2018 soit plus de quatre mois), aucune de leurs revendications essentielles n’a eu de satisfaction ;
Considérant que la situation de ces derniers s’est davantage dégradée avec le vote, par les députées de la 7éme législature, de plusieurs lois scélérates, notamment :
– la loi 2017-05 fixant les conditions et la procédure d’embauchage, de placement de la main d’œuvre et de résiliation du contrat de travail en République du Bénin ;
– la loi n° 2017-03 portant régime général d’emploi des collaborateurs externes de l’Etat ;
– l’amendement à la loi N° 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin qui retire, pratiquement, le droit de grève aux travailleurs de tous secteurs d’activités ;
– la loi n°2018-35 modifiant et complétant la loi n°2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la Fonction publique, qui introduit les licenciements arbitraires à la fonction publique ;
– les lois scélérates contre les magistrats, leur Independence et contre tout le personnel du ministère de la justice ;
– la loi n° 2017- 20 du 20 avril 2018 portant code du numérique en République du Bénin qui est totalement liberticide ;
– les lois modifiants le code pénal, le code de procédure pénal et la loi portant création de la CRIET, qui est une cour d’exception ;
– les nouvelles lois électorales (charte des partis politiques et code électoral) votées, qui excluent les travailleurs et tous les pauvres des élections ;
Considérant les arrestations tous azimuts pour délit d’opinion ;
Considérant que les travailleurs de tous les secteurs, de toutes catégories sont, arrivés au constat que la politique du président Patrice TALON est caractérisée par l’obsession de s’accaparer des secteurs vitaux du pays : port, coton, énergie et électricité, la santé, les télécommunications, les eaux et forêts … , à travers des réformes qui font recours à plusieurs formes de privatisations déguisées, avec leur cortège de licenciements abusifs et d’autres mesures antisociales ;
Considérant la grave crise préélectorale, à conséquences néfastes incalculables pour les travailleurs et pour le peuple, créée de toutes pièces par le pouvoir en place ;
Face à toutes ces souffrances les travailleurs protestent en organisant ce sit-in, ce jour, mardi 23 avril 2019 et exigent :
– l’abrogation de toutes les lois scélérates citées supra ;
– la satisfaction de toutes les revendications sectorielles et catégorielles de tous les travailleurs du Bénin contenues dans les différentes motions déposées sur la table du gouvernement ;
– l’arrêt de la privatisation des sociétés d’état comme le Port Autonome de Cotonou, Bénin-Télécom S.A, Libercoms, l’ORTB, SBEE, SONEB, etc. ;
– la fin des réformes assassines ;
– la réhabilitation des sociétés fermées et des travailleurs licenciés;
– le retour des 230 agents licenciés du ministère des finances ;
– la sortie des contrats et le paiement des arriérés de salaire des reversés de 2008 (enseignants, agents de santé et travailleurs des autres ministères) ;
– le rétablissement des salaires des 3.000 agents arbitrairement coupés depuis fin février 2019 ;
– la satisfaction des revendications des travailleurs de la santé, de l’éducation, de la justice, des travaux publics et des autres ministères et institutions d’Etat ;
– la réintégration des policiers, gendarmes et militaires arbitrairement radiés de la fonction publique, la correction des injustices relatives à la fusion Police-Gendarmerie (règlement du problème de double délibération après l’examen de sortie des inspecteurs de police et de divers autres problèmes d’injustice dans l’octroi des grades aux gendarmes et aux policiers après la fusion) et le règlement de tous les autres problèmes administratifs des hommes en armes ;
– la libération des détenus politiques, Laurent METONGNON, Abdou YOUSSAO, Edouard ADEGOKE, Célestin AHONON, KEMOKO, Sabi Sira KOROGONE, Joseph AÏMASSE, et tous les autres ;
– le retour de tous les exilés politiques : Sébastien AJAVON, Valentin DJENONTIN, Léonce HOUNGBADJI, et tous les autres ;
– la réintégration et réhabilitation dans la fonction publique du capitaine syndicaliste, Patrice TREKPO, abusivement radié ;
– le dédommagement et le relogement des déguerpis sans alternative;
– l’annulation des taxes et impôts iniques et la diminution de ceux qui sont exorbitants.
Les participants prennent l’opinion publique nationale et internationale à témoins et rendent le gouvernement responsable des déconvenues qui découleraient de son entêtement à ne pas satisfaire les revendications ci-dessus citées.