Les menaces des opposants qui planent sur la tenue des législatives du dimanche prochain est d’actualité. La preuve à travers une lettre ouverte, l’ancien président de la République, le Dr Thomas Boni Yayi vient à nouveau de saisir le président Patrice Talon à qui il demande de suspendre le processus électoral. Pour lui, le pouvoir en place s’il tient à l’organisation desdites élections, « marcherait sur les cadavres des opposants » avant d’y arriver.
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Lettre ouverte du Président Thomas Boni YAYI à Monsieur Patrice TALON, Président de la République
Quelques jours suivant ma déclaration sur la crise politique dans notre pays et à quelques heures du scrutin que vous avez convoqué au titre de l’élection des députés de la 8ème législature, je me fais le devoir de vous inviter à prendre conscience de l’angoisse de notre peuple .
Monsieur le Président
Je vous renvoie au préalable de notre Loi Fondamentale, la Loi Suprême de l’Etat et à laquelle le peuple a juré loyalisme, fidélité et respect. Elu Président de la République, vous avez prêté serment sur cette Constitution dont vous en êtes aujourd’hui le garant. Vous devenez du coup garant de l’intérêt général et de la Paix dans notre pays.
Dans ce préalable, comme vous devez le savoir , le Peuple Béninois a réaffirmé son opposition fondamentale à tout régime fondé sur l’arbitraire , la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel. Par cette disposition, le peuple entend ne pas transiger pour imposer, l’Etat de droit et de démocratie pluraliste, la défense des droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice. Sur cette base, notre pays est signataire de la charte des Nations Unies de 1945 de la déclaration universelle des droits de l’Homme et des Peuples adoptés en 1981 par l’Union Africaine ( OUA) ratifiés par le Bénin le 20 janvier 1986.
Monsieur le Président de la République
J’ai eu l’occasion de confirmer les gémissements de notre Peuple dus aux dérives autoritaires que véhicule le processus électoral du Prochain scrutin parce que ignorant le consensus et se situant aux antipodes d’une gouvernance électorale qui reconnaît de fait deux catégories de citoyens. Le processus que votre régime défend, vous le savez bien, prive le Peuple de son Droit fondamental de choisir librement ses représentants à l’Assemblée Nationale, pièce maîtresse de notre édifice présidentiel. En ma qualité d’Ancien Président de la République, donc un des garants de notre loi Fondamentale pendant dix ans, et au nom de mon cher Aîné le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO, premier Président de l’ère Démocratique, je vous demande une fois de plus d’écouter les gémissements et les angoisses de notre Peuple, en suspendant ce processus électoral qui divise le BENIN, ses filles, ses fils, ses régions, ses ethnies, ses tribus et déchire les familles. Je vous demande très sincèrement et fraternellement de le faire sans délai dans un message à la Nation, aux fins d’épargner à ce peuple déjà exposé à la misère, des lendemains encore plus difficiles. Au demeurant, votre logique ne peut que conduire à une Institution mort-née, en raison de l’opposition populaire que cette démarche suscite. Elle sera source d’une instabilité chronique difficilement gérable dans la durée et à laquelle notre pays n’est plus habitué depuis l’Historique Conférence des Forces Vives de la Nation.
Plaise à Dieu le Père céleste de nous épargner de ces épreuves.
Compte tenu de la gravité de cette situation dans notre pays, j’ai l’occasion de solliciter l’appui de certains Dirigeants de notre sous-région et de la Communauté internationale. Cet appui est nécessaire pour vous convaincre de renoncer à votre choix et de réunir sans délai les fils de ce pays pour mutualiser leurs efforts en vue du renforcement notre Démocratie par un scrutin inclusif. Cette nouvelle démarche contribuera au rétablissement d’un nouveau cadre légal, et institutionnel solidement mieux construit. Notre arsenal juridique vous permet cette démarche salutaire. Je nourris l’espoir que vous renoncerez à votre dessein de marcher sur nos corps pour éviter ce coup de force institutionnel, synonyme d’un Coup d’État. Les chars d’assaut et la militarisation du pays , sur fond d’arrestations, d’emprisonnements arbitraires des opposants et de panique généralisée, ne sauraient caractériser le contexte d’apaisement que nous appelons de nos vœux : un processus électoral consensuel, équitable, paisible et transparent.
Monsieur le Président de la République
Le Président SOGLO et moi-même, pour avoir été garants de notre Loi Fondamentale, vous rassurons que la volonté de tout un peuple est la prévalence du principe *« Pas d’élections sans l’opposition ». Nous gardons encore à l’esprit que Dieu le Père céleste vous orientera sans délai sur la voie de la sagesse afin qu’il ne soit trop tard. Le Peuple souverain est le vrai détenteur du Pouvoir et il s’opposera toujours avec succès à toute dérive autoritaire. Personne n’est au-dessus du Peuple dont la prééminence vient de Dieu le Père Céleste. Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de mes convictions républicaines.