« La Plateforme électorale des Osc du Bénin ne tire aucun motif de satisfaction des présentes législatives au regard des caractéristiques finales qu’elles présentent, malgré les alertes, les initiatives de plaidoyer et les nombreuses missions nationales, régionales et internationales de bons offices déployées pour appeler à une inclusivité ». Tel est le coup de gueule de la Présidente de la Plateforme, Fatoumatou Batoko-Zossou, qui l’a martelé lors de la cérémonie de présentation de la Salle de situation électorale, le samedi 27 avril 2019, au Bénin Marina Hôtel. Un mécontentement survenu au regard de plusieurs faits. Il s’agit, entre autres, des aspects à polémiques relevés dans l‘application des textes de la loi n°2018-31 du 9 octobre 2018 portant Code électoral et la loi n°2018-23 du 17 septembre 2018 portant charte des partis politiques au Bénin, de la recevabilité des dossiers de deux partis de la majorité présidentielle (Union progressiste et Bloc Républicain) aux législatives, sur les sept dossiers de candidatures déposés à la Commission électorale nationale autonome (Cena), l’absence d’inclusivité électorale recherchée malgré les recommandations pertinentes des missions de al Cedeao, du Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau des Nations-Unies pour l’Afrique et le Sahel, la mission de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif), et enfin, la mission de l’Union Africaine. A ces motifs s’ajoutent aussi les appels à boycott des élections par certains des partis recalés, des menaces et des actes de violence isolés observés dans quelques localités. Des faits qui, selon la présidente de la Plateforme, plongent le pays dans une ambiance électorale insolite caractérisée par « d’énormes tensions préélectorales et une psychose perceptible alimentée par des craintes de violences électorales ».
Un appel au sens de responsabilité de tous
Au regard de la situation préélectorale assez tendue, la Plateforme électorale des Osc a convié tous les acteurs au sens de responsabilité afin que de pareilles élections exclusives à fort potentiel de violences électorales ne se reproduisent au Bénin. Une responsabilité qui passe par l’inclusion de tous afin de parvenir à l’apaisement des élections législatives du dimanche 28 avril 2019. A cet effet, elle convie les acteurs à divers niveaux à relever les défis liés à la sécurisation du scrutin dans une logique d’atténuation et de réduction des menaces de violences physiques, verbales et morales, la participation aux élections, la disponibilité continue de l’énergie électrique et de l’internet. Elle recommande entre autres, aux forces de défense et de sécurité de veiller au respect des droits humains durant leurs différentes missions de sécurisation du scrutin, et à la Cena de rendre disponible et en nombre suffisant le matériel électoral. Pour finir, Fatoumatou Batoko-Zossou a réitéré l’engagement de la Plateforme à « être plus que jamais un acteur médian de la vie publique en travaillant à travers son monitoring du processus électoral actuel à surveiller, rapporter et agir ».
Les constats alarmants de la Plateforme électorale des Osc du Bénin
La Salle de situation électorale mise en place par la Plateforme électorale des organisations de la société civile du Bénin a rendu public le rapport de la supervision des législatives du dimanche 28 avril 2019, exécutée par les 789 moniteurs répartis sur toute l’étendue du territoire national. Ce rapport fait cas des législatives difficiles entachées de nombreuses violences avec une faible participation des populations. Des cas de violences et de confrontations entre populations et forces de l’ordre ont perturbé voire boycotté le bon déroulement du scrutin dans certaines localités des Collines, de la Donga et autres.
Déclaration de la Plateforme des OSC
MONITORING DES LEGILATIVES 2019
Salle de situation Electorale
Déclaration de la Plateforme des OSC,
«Des législatives difficiles entachées de nombreuses violences avec une faible participation»
La Plateforme électorale des OSC du Bénin, avec le soutien financier de l’Union, Européenne et de la Coopération Suisse, a animé une Salie de Situation Electorale (ESR) pour les législatives d’avril 2019.
La Salle de Situation Electorale (ESR), composée de trois (03) chambres à savoir la Chambre technique, la Chambre d’analyse et la chambre de réponses a bénéficié des données de monitoring envoyées du terrain par un total de 789 acteurs composés de 765 moniteurs et de 24 superviseurs.
I. L’ouverture des postes de vote
Les informations recueillies dans 582 postes de vote suivis par les moniteurs indiquent qu’à l’heure légale d’ouverture des postes de vote (7hOO), 67,3% ont démarré les opérations. Dans 64,6% des centres de vote surveillés, les agents de forces de l’ordre et de sécurité étaient présents.
Les conditions d’ouverture ont été les moins satisfaisantes dans le Plateau (59%), le Littoral (63%), le Couffo (67%), à l’exception de nombreux postes qui n’ont pas pu fonctionner au cours de la journée.
II. L’ambiance dans les postes de vote
La plateforme a noté que l’ambiance dans les postes de vote n’a pas évolué par rapport à ce qui a été décrit dans les précédentes déclarations.
III. Le Déroulement du vote
A cette étape du processus, on peut affirmer que le taux de participation sera relativement le plus faible depuis l’avènement du renouveau démocratique au Bénin.
Il avait été observé, à la mi-journée que:
– dans 18% des postes de vote suivis, des électeurs ont fait l’objet de tentatives de pression, d’intimidation, de menaces, de troubles à l’ordre public, de corruption ou de harcèlement des électeurs;
– dans 78% des postes de vote suivis, les forces de l’ordre et de sécurité présentes n’ont pas influencé la liberté de vote.
IV. incidents majeur du scrutin
Tout au long de la journée L’ambiance au niveau des postes de vote s’est davantage détériorée au cours de la journée. Ainsi, il a été observé:
– des sorties de divinités locales à Savè ainsi que des cas de blessés à la suite d’accrochages entre militants des deux (2) partis en lice et ceux de l’opposition;
– un décès enregistré à Bantè après un accrochage entre populations et forces de l’ordre;
– un engin blindé incendié à Savè après un accrochage entre populations et forces de l’ordre;
– un capitaine de l’armée pris en otage à Savè. Les populations ont exigé et obtenu en échange de sa libération, celle de huit (8) civils arrêtés ce matin;
– à Parakou, un groupe de jeunes manifestants armés de gourdins, de machettes, de briques et d’armes modernes passent de poste de vote en poste de vote pour disperser et renvoyer les votants et les agents de bureau de vote. Il a été signalé un cas de décès à la suite d’accrochage entre militants des partis. Face à la gravité de la situation, les populations se sont retirées des centres de vote.
– Dans la commune de Bantè, face aux actes de violences perpétrés par des manifestants, les forces de l’ordre et de sécurité se sont retirées des centres de vote. Dans cette situation, les téléphones de tout acteur relais (moniteurs de la plateforme, journalistes, etc.) sont confisqués par les meneurs;
– à Parakou, des individus masqués ont pris d’assaut les trois arrondissements de la commune en emportant les urnes. Les membres de poste de vote ont pris la fuite. Les moniteurs de la Plateforme ont dû enlever leur uniforme pour se confondre dans la foule;
– dans certaines localités (Klouékanmey, Banikoara, Dassari, Matéri, etc.), il a été noté des tentatives de fraude, d’achat de conscience, de bourrage d’urnes, d’intimidation, etc.
– A Parakou et dans certaines zones de Porto-Novo, la situation est très tendue à l’heure où nous parlons, avec beaucoup d’actes de vandalisme.
Au regard de ces constats, la Plateforme électorale des OSC recommande:
– A la CENA et aux forces de l’ordre: de ne pas perdre de vue les risques et menaces qui pourraient survenir dans la suite du processus déjà entaché par plusieurs irrégularités et faiblesses.