Le décompte des bulletins était toujours en cours lundi au Bénin, pays réputé pour être un exemple démocratique, au lendemain d'élections législatives où l'opposition n'a pu présenter aucun candidat et où les chiffres de l'abstention devraient être très importants. La connexion internet a été rétablie dans la nuit de dimanche à lundi, après une coupure de près de 24 heures, mais aucune tendance officielle n'avait été donnée près de 24 heures après la fermeture des bureaux de vote.Seuls deux partis proche du pouvoir, le Bloc Républicain et l'Union des Progressistes étaient en lice pour ce scrutin, mais tout le pays attend de connaître les chiffres de la participation au scrutin, après l'appel au boycott de l'opposition.Interrogé par des journalistes de la télévision nationale, le président de la CENA (Commission Électorale), Emmanuel Tiando a refusé de donner quelconque tendance affirmant qu'il n'avait "encore rien vu"."Lorsque nous aurons les résultats, en ce moment nous saurons si le taux de participation est faible ou pas. Mais pour l'instant, je ne peux absolument rien vous dire et je n'ai peur de rien du tout", a-t-il déclaré dimanche soir, dans sa seule prise de parole publique.Aucun calendrier officiel n'a été donné pour la proclamation des résultats.Cinq millions d'électeurs béninois étaient attendus aux urnes dimanche pour élire leurs 83 députés. L'opposition n'a pas été autorisée à présenter de liste, conformément aux documents obligatoires fixés par le nouveau code électoral, et avait appelé les électeurs à ne pas se rendre aux urnes.Les chiffres de l'abstention devraient être massifs selon les observations faites par les agents de la société civile et les journalistes déployés dans le pays.A Porto-Novo ou à Seme-Podji, fief de l'opposant en exil Sébastien Ajavon, les bureaux de vote visités par l'AFP enregistraient en moyenne une vingtaine de votants sur plus de 400 inscrits.Dans la région d'Allada, à une cinquantaine de kilomètres de Cotonou, les taux de participation dépassaient difficilement les 20%.Dans une conférence de presse donnée à l'issue du scrutin, le ministre de l'Intérieur Sacca Lafia, a salué un scrutin qui s'est déroulée "globalement dans le calme et la discipline".On a recensé toutefois des incidents (destruction du matériel électoral, violences à l'encontre du personnel de la CENA ou de journalistes) dans le bastion de l'ancien président Boni Yayi Tchaourou, et la grande ville de Parakou.Amnesty International ainsi que de nombreuses associations locales de la société civile béninoise ont dénoncé les coupures internet ainsi que le "niveau de répression alarmant" au Bénin, et pour beaucoup d'observateurs ce scrutin marque un tournant autoritaire du président Patrice Talon dans le pays, 30 ans après sa transition démocratique.