Il dit et se dédit. Dit, se dédit encore. Finalement, au Bénin, le Fâ serait-il devenu menteur ? Ou, sont-ce plutôt ses interprètes qui n’arrivent plus à lire les signes? En pôle, l’interprète du fâ, David Koffi Aza. Jadis admiré de par le caractère juste de ses prédictions, l’homme, de plus en plus, ne fait plus l’unanimité. Tant, ses affirmations contrastent avec la réalité.
Tenez ! Pour les législatives, l’homme, sur l’émission ‘’Politiquement show’’ de la télévision privée Canal3, mardi 23 avril 2019, laissait entendre : «Quoiqu’on dise, la population répondra favorablement à l’appel du roi (le chef de l’Etat Ndlr) lors des grands rendez-vous de rassemblement et de décision». C’est dire que la marée humaine sera importante. Mieux, poursuit-il, «On n’ira pas à la violence. C’est clair, parce que les dispositions ont été prises par le fâ». Des prévisions dites du fâ mais qui, à l’arrivée, au vu des faits, sont fictives. En effet, c’est le chaos qui est sorti du scrutin législatif dernier. En effet, depuis l’avènement du renouveau démocratique au Bénin, ce sont les législatives du dimanche 28 avril 2019 qui ont enregistré le plus faible taux de participation soit 22,4%, selon les Organisations de la société civile. De même, elles ont été entachées de violences avec environ 206 incidents enregistrés, et des morts, selon les Osc.
Aza en disgrâce avec le fâ?
Quand on sait que le fâ au Bénin est reconnu de par sa sacralité et son sérieux dans les présages, ne pouvons-nous pas convenir que c’est plutôt l’interprète qui pose problème? David Koffi Aza demeure-t-il encore l’interprète authentique du fâ ? Continue-t-il d’exercer sa profession avec conscience? En réalité, pour les prévisions du fâ 2019, pour qui s’en souvient encore, l’homme a fait savoir, ce 1er décembre 2018, que «le Fâ (…) signale une situation de désaccord, un conflit de vifs foyers de tension qui engendrera d’énormes instabilités, de préoccupations d’urgence. Cet état de chose peut dégénérer en une cascade de violence qui nuit si l’on n’y prend garde. Ainsi, l’opprobre pourrait s’abattre sur la nation. Ce serait une déchéance et une descente aux enfers». Sur le plan politique, signifiait-il sur ‘’Politiquement show’’, le Fâ a attiré «l’attention sur les conflits latents et autres tiraillements incompatibles à la paix et à l’harmonie en cité. De même, il signale la perfidie de certains fils apatrides aux desseins machiavéliques empêtrés dans de vastes complots contre la nation dont les agissements belliqueux doivent être surveillés de très près pour éviter au pays des affrontements. L’usage des armes à feu ou de destruction massive se fera si les ardeurs et les élans des probables instigateurs ne sont pas émoussés ou étouffés». Et voilà que contre toute attente, il annonce au nom du fâ un scrutin apaisé. Des sacrifices et rituels auraient même été faits pour. Nul doute, ça ne fait pas sérieux. La peste semble avoir investi également le fâ. Seulement, on ne saurait s’amuser avec tout. La ‘’science’’ qu’est le fâ, cette géomancie divinatoire ne peut être aussi malmenée et discréditée. «Je préfère, qu’à défaut de participer à la construction du pays, il ne faut pas détruire le pays. Si vous ne pouvez pas ajouter quelque chose, ne détruisez pas ce qui existe déjà», lançait David Koffi Aza ce mardi-là sur Canal3. Ne serait-il pas aussi temps de dire à l’auteur de cette phrase, qu’à défaut de bien interpréter les signes du fâ, de s’en garder purement et simplement? Ceci y va aussi, soit de la construction dudit pays soit de sa destruction.
Sur le fâ 2019
Déjà, l’interprétation du signe ‘’Woli ofu’’ qui consacre l’année 2019 ne fait pas l’unanimité au sein des initiés. En son temps, David Koffi Aza avait affirmé que ce signe porte la marque de la ‘’prospérité’’. Une affirmation que certains de ses paires avaient rejetée. «Le signe Woli ofu ne peut être travesti même si on est contre ou pour les dirigeants. ‘’Woli’’ est un signe de la terre tandis que ‘’Ofu’’ un signe de l’air. Le vent sur la terre rappelle les orages. Il ne peut y avoir une autre justification…’’Woli’’ en dignité appelle aux calamités», peut confier un dignitaire à ‘’bénin24television’’ au cours d’une interview. Nous sommes en 2019. Déjà, quatre mois sont passés. Chaque Béninois peut se faire une idée de la prospérité prédite.