La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), a sacrifié à la tradition de la célébration de la fête de travail hier mercredi 1er mai 2019. Seulement, en lieu et place de la traditionnelle marche,c’est à un meeting que les travailleurs ont eu droit. Et pour cause, les manifestants ont été confinés dans l’enceinte de la Bourse du travail, point de départ de la marche. Ce fut l’occasion pour le Secrétaire général de la Cstb, Kassa Mampo, d’adresser un message au travailleurs dont voici la teneur.
-Camarades membres du Comité Confédéral de la CSTB ;
-Camarades Secrétaires Généraux, membres des instances dirigeantes des différents syndicats ici présents ;
– Chères femmes des marchés et artisanes du Bénin présentes dans cette manifestation ;
– Chers jeunes ;
– Camarades travailleurs,
Au nom du Comité Confédéral de la CSTB, je vous félicite pour votre participation massive à cette marche de la Bourse du Travail à l’Etoile Rouge à Cotonou pour la célébration du 1er mai, fête internationale du travail qui nous rappelle les sacrifices consentis par les ouvriers de Chicago qui en 1886 ont lutté jusqu’aux sacrifices suprêmes pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière.
Cette année, nous célébrons cette journée dans des conditions particulières de remises en cause de tous les acquis des travailleurs, de la jeunesse, d’aggravation des conditions de vie des populations dû à la gestion hasardeuse, dictatoriale et tyrannique de type césariste du Président Patrice TALON. En effet, en trois (03) ans de gestion du pouvoir d’Etat par le Président Patrice TALON, le constat est amer et donne une image honteuse de notre pays le Bénin à travers l’accaparement de tous les leviers économiques par le Président. Les violations et remise en cause fragrant des libertés à travers les multiples vote de lois scélérates pour régler le pays, museler tout le monde et mettre toutes les institutions et l’ensemble du peuple à sa solde.
Tout ceci, dans une ambiance de non satisfaction des revendications des travailleurs, des femmes et de la jeunesse et du peuple entier. Dans ces conditions, notre silence et notre immobilisme sont suicidaires pour nous et pour tout le peuple béninois. Nous devons donc nous lever pour nous battre contre vents et marrés pour la satisfaction de nos revendications et la restitution de nos libertés chèrement acquises.
C’est d’ailleurs ce qui justifie le choix du thème de cette année qui est : « Travailleurs, face à la remise en cause de nos acquis, levons-nous et dynamisons nos syndicats et leurs structures de base en vue d’une meilleure mobilisation pour la satisfaction de nos revendications »
Depuis la célébration du 1er mai 2018 jusqu’à nos jours, la situation des travailleurs a empiré. La remise en cause des libertés publiques et privées a été renforcée. De nouvelles lois scélérates contre les travailleurs et le peuple ont été votées notamment :
– l’amendement à la loi N° 2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin qui retire, pratiquement, le droit de grève aux travailleurs de tous secteurs d’activités ;
– la loi n°2018-35 modifiant et complétant la loi n°2015-18 du 1er septembre 2017 portant statut général de la Fonction publique, qui introduit les licenciements arbitraires à la fonction publique ;
– les lois scélérates contre les magistrats, leur Independence et contre tout le personnel du ministère de la justice ;
– la loi n° 2017- 20 du 20 avril 2018 portant code du numérique en République du Bénin qui est totalement liberticide ;
– les lois modifiants le code pénal, le code de procédure pénal et la loi portant création de la CRIET, qui est une cour d’exception ;
– les nouvelles lois électorales (charte des partis politiques et code électoral) votées, qui excluent les travailleurs et tous les pauvres des élections ;
Les réformes assassines tendant à céder tous les secteurs vitaux du pays se poursuivent. Bénin-Télécom SA, l’ORTB, la SBEE, la SONEB et d’autres sociétés sont sur le point d’être privatiser. Les licenciements dans le secteur public s’opèrent (230 agents du ministère des finances viennent d’être licenciés)
La situation des agents contractuels reversés depuis 2008 et qui sont restés, certains, avec contrat, sans salaire et d’autres sans salaire ni contrat dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’administration publique. Plusieurs mesures telles que la création de nouveaux impôts et taxes et le relèvement de ceux qui existaient, écrasent les artisans, les opérateurs économique et rendent un grand nombre de citoyens plus pauvres qu’avant.
C’est dans cette ambiance de morosité et de misère accrue qu’est intervenue la crise électorale où les nouvelles lois votées par les députés ont exclu les travailleurs de toutes élections à travers les fixations de critères de création de partis politiques et des cautions de candidature qui sont de 249 millions pour les législatives et de 250 millions pour les présidentielles dans un pays où le SMIG est de 40.000 F CFA.
Avec cette crise où les travailleurs ne peuvent plus désigner de représentants à l’Assemblée et où les institutions de la république se sont coalisées autour du président de la république, il ne reste aux travailleurs qu’une seule chose : reprendre leur pouvoir. Les travailleurs doivent reprendre leur pouvoir de désignation de leurs représentants à tous les niveaux (l’Assemblée nationale et tous les services publics). C’est pourquoi la CSTB félicite tous les travailleurs qui se sont mobilisés de tout le temps pendant cette crise électorale pour rejeter leur exclusion des élections et pour exiger la satisfaction de leurs revendications.
Les travailleurs de toutes catégories sont restés debout jusqu’aux 28 avril où ils ont massivement rejeté la nomination des députés par le président Patrice TALON et ont dit non à la remise en cause de la démocratie chèrement acquise. La CSTB vous dit bravo !
Travailleurs de tous secteurs, jeunes, femmes des marchés, artisans, poursuivons nos luttes, dynamisons nos différents syndicats, structures de bases, Unions Syndicales Départementales (USD), Unions Syndicales Communales (USC), Unions Syndicales d’Arrondissement (USA) et autres cellules et comités syndicaux. Seules la dynamisation de nos structures vont nous permettre d’obtenir la satisfaction de nos revendications qui sont de divers ordres et qui sont déposés sur la table du gouvernement. L’interdiction de la commémoration du 1er mai dans la rue au Bénin avec fusillade et gazage des manifestants dans la Bourse du Travail constituent est une escalade que les travailleurs ne peuvent pas tolérer.
Nous devons poursuivre la lutte pour la satisfaction de nos revendications notamment :
– l’abrogation de toutes les lois scélérates citées supra ;
– la satisfaction de toutes les revendications sectorielles et catégorielles de tous les travailleurs du Bénin contenues dans les différentes motions déposées sur la table du gouvernement ;
– l’arrêt de la privatisation des sociétés d’Etat comme le Port Autonome de Cotonou, Bénin-Télécom S.A, Libercoms, l’ORTB, SBEE, SONEB, etc. ;
– la fin des réformes assassines ;
– la réhabilitation des sociétés fermées et des travailleurs licenciés;
– le retour des 230 agents licenciés du ministère des finances ;
– la sortie des contrats et le paiement des arriérés de salaire des reversés de 2008 (enseignants, agents de santé et travailleurs des autres ministères) ;
– le rétablissement des salaires des 3.000 agents arbitrairement coupés depuis fin février 2019 ;
– la satisfaction des revendications des travailleurs de la santé, de l’éducation, de la justice, des travaux publics et des autres ministères et institutions d’Etat ;
– la réintégration des policiers, gendarmes et militaires arbitrairement radiés de la fonction publique, la correction des injustices relatives à la fusion Police-Gendarmerie (règlement du problème de double délibération après l’examen de sortie des inspecteurs de police et de divers autres problèmes d’injustice dans l’octroi des grades aux gendarmes et aux policiers après la fusion) et le règlement de tous les autres problèmes administratifs des hommes en armes ;
– la libération des détenus politiques, Laurent METONGNON, Abdou YOUSSAO, Edouard ADEGOKE, Célestin AHONON, KEMOKO, Sabi Sira KOROGONE, Joseph AÏMASSE, et tous les autres ;
– le retour de tous les exilés politiques : Sébastien AJAVON, Valentin DJENONTIN, Léonce HOUNGBADJI, et tous les autres ;
– la réintégration et réhabilitation dans la fonction publique du capitaine syndicaliste, Patrice TREKPO, abusivement radié ;
– le dédommagement et le relogement des déguerpis sans alternative;
– l’annulation des taxes et impôts iniques et la diminution de ceux qui sont exorbitants.
C’est pour toutes ces revendications suscitées que la CSTB demande à tous les travailleurs, la jeunesse, les femmes, les artisans, paysans et tout le peuple du Bénin à se mobiliser et à se battre pour non seulement arracher la satisfaction de toutes ces revendications mais aussi restaurer la démocratie dans notre pays.
Cotonou, le 1er mai 2019
Le Secrétaire Général Confédéral
Nagnini KASSA MAMPO.-