En leur qualité d’anciens présidents de l’Assemblée nationale, Antoine Kolawolé Idji, Mathurin Coffi Nago et Bruno Amoussou, ont donné de la voix, mardi dernier, à propos de la situation politique nationale. Cette sortie qui s’est voulue pédagogique a éclairé, à bien des égards, par rapport à ladite situation.
« Si nous nous taisons, ce n’est pas parce que nous n’avons rien à dire, mais par sagesse… ». Tel est, en substance, le préambule de Bruno Amoussou, s’exprimant mardi 30 avril dernier, en présence de ses pairs anciens présidents de l’Assemblée nationale, Antoine Kolawolé Idji et Mathurin Coffi Nago. Effectuant cette sortie médiatique en leur qualité d’anciens présidents de l’Assemblée nationale, ils entendent ainsi ramener les anciens présidents d’institutions de la République comme eux, à savoir Nicéphore Soglo et Boni Yayi, à la raison, à la sagesse plutôt qu’à des déclarations et agissements tendant à mettre en péril l’unité nationale, à remettre en cause l’ordre institutionnel, voire provoquer le chaos, font-ils observer.
En filigrane, il apparait que ces anciens présidents de l’Assemblée nationale, réagissaient aux positions adoptées et aux déclarations faites ces jours-ci par
Nicéphore Soglo et Boni Yayi, relativement au processus électoral.
Occasion pour Bruno Amoussou, Antoine Kolawolé Idji et Mathurin Coffi Nago de dévoiler les dessous de tous les conciliabules qui ont eu cours jusqu’aux élections législatives auxquelles n’ont pu prendre part certains partis. Ils n’ont pas manqué de faire des déballages sur les tenants et les aboutissants réels de la situation politique nationale.
Du consensus et des élections inclusives
A ce propos, selon les trois personnalités politiques, le consensus devant aboutir à des élections législatives inclusives avait été trouvé au Parlement et ses conclusions signées par toutes les parties, dont les représentants de l’opposition dans le comité paritaire mis en place conformément aux vœux du président Patrice
Talon et dirigé par le président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji. Mais, reniant leurs paroles et signatures, confient-ils, les représentants de l’opposition, deux jours après, ont rejeté en bloc les conclusions du comité paritaire, estimant que la solution parlementaire ne convenait plus et qu’il fallait plutôt aller à des assises nationales. En somme, une conférence nationale, comme si la situation sociopolitique était sans issue, et que l’ordre institutionnel était dans l’impasse…Selon les conférenciers, mardi dernier, ce sont sans doute leurs mentors, à savoir les anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi qui auraient pesé de tout leur poids pour remettre en cause le consensus trouvé au Parlement pour que les élections législatives soient inclusives, suivant, paradoxalement, leurs vœux exprimés urbi et orbi. Selon Bruno Amoussou, il faut croire que les motivations affichées par certains leaders politiques diffèrent de la réalité, et, argumente-t-il, « on professe la paix devant les micros et on fait le contraire après » …
J’accuse…
Aussi, selon Bruno Amoussou et ses pairs, les motivations des deux anciens présidents seraient-elles autres. Et à les en croire, leurs intérêts seraient non pas la défense de la démocratie ou les intérêts du Bénin, mais, a martelé Bruno Amoussou, à plusieurs reprises, il y a deux niveaux de conflits qui interfèrent dans le processus électoral et les affaires du pays en général : celui politique et d’autres plus personnels. Se voulant précis à ce propos, il indique que ce sont les querelles personnelles entre les anciens chefs d’Etat et le président de la République actuel, Patrice Talon, qui s’immiscent et donnent une autre tournure aux problèmes politiques somme toute mineurs et faciles à régler. En d’autres termes, la question de la participation des partis dits de l’opposition se serait réglée si, a encore martelé Bruno Amoussou, des forces hostiles au régime actuel ne manœuvrent pas à « écourter le mandat du président Patrice Talon », et font feu de tout bois pour « un pourrissement de la situation politique », dit-il, soutenant que par le passé, des situations de crispations politiques ont été réglées dans les négociations comme savent le faire les députés béninois, sans qu’il ne soit obligé d’en arriver à des extrêmes ou à des assises nationales. L’appuyant, Mathurin Coffi Nago cite le cas des élections législatives et communales de 2015 qui ont pu se tenir grâce au dialogue politique ayant permis de régler la question de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) querellée, car ayant servi à organiser la présidentielle de 2011 sanctionnée par un K.o. sans précédent. Mais, déplorent les présidents Idji, Nago et Amoussou, cette fois-ci, « on privilégie la stratégie consistant à bloquer l’ordre constitutionnel » … En somme, de graves accusations, qui éclairent toutefois sous un jour nouveau les dessous des cartes politiques actuelles, inconnues jusque-là du grand public.
Sagesse
Forts de toutes ces observations, les anciens présidents de l’Assemblée nationale en appellent à la sagesse. Celle des anciens présidents Soglo et Yayi qui font, selon eux, des déclarations qui, dixit Idji Kolawolé, « ne conviennent pas », sont « indignes de leur statut », car appelant à « l’insurrection », « à la violence ». A défaut d’être entendu par qui de droit, ils invitent les populations notamment les jeunes à ne pas faire leur jeu, à ne pas céder à ces appels qui répondent non pas aux intérêts du pays, aux questions relatives au développement du Bénin, mais à d’autres déterminants, plutôt personnels…