Le Tribunal de première instance de Cotonou a connu, vendredi 3 mai dernier, d’une affaire de coups mortels au titre du sixième dossier au rôle de la première session criminelle. Déclaré coupable des faits, l’accusé Abdou Raouf Ambani a écopé d’une peine de 48 mois de prison.
Il a largement purgé sa peine. Condamné à 48 mois de réclusion criminelle après avoir passé plus de 4 ans déjà en prison, Abdou Raouf Ambani recouvre sa liberté. Jeune, la majorité à peine atteinte, l’accusé du sixième dossier ne pouvait pas s’imaginer que la bagarre banale qu’il a déclenchée avec Aboubacar Yahaya arracherait la vie à son protagoniste et le priverait, lui, de sa liberté.
Les faits remontent au 15 décembre de l’année 2014 où Abdou Raouf Ambani a été informé par ses frères de la disparition d’un téléphone portable que le sieur Hamissou Yahaya avait mis à la charge dans leur chambre la veille. Abdou Raouf Ambani a suspecté Hamissou Yahaya d’avoir pris lui-même son téléphone à l’insu des habitants de la chambre. Des accusations que le sieur Abdou Raouf Ambani a réitérées à Hamissou Yahaya lorsque celui-ci est revenu réclamer son téléphone. La mésentente est née. Comme s’il était allé chercher du renfort,
Hamissou Yahaya est retourné dans la concession avec son frère
Aboubacar Yahaya. Une vive altercation s’est alors déclenchée entre Aboubacar Yahaya et Abdou Raouf Ambani. Sous le coup de la colère, les deux protagonistes en sont arrivés aux mains. Au cours de la rixe, Abdou Raouf Ambani a mis au sol Aboubacar Yahaya qui a heurté sa tête contre le sol en béton et en a succombé. Poursuivi pour coups mortels, l’accusé Abdou Raouf Ambani a été mis en détention le 22 décembre 2014. Voilà comment une banale bagarre sur la disparition d’un téléphone a tourné au drame.
Lors des débats, l’accusé Abdou Raouf Ambani a reconnu à la barre les faits mais reste constant sur le fait qu’il n’a jamais voulu tuer son vis-à-vis. Il a déclaré qu’il était simplement dans l’intention d’infliger une petite correction à son ami. L’accusé regrette profondément son acte inspiré par la colère et qui a coûté la vie à Aboubacar Yahaya. « Je regrette amèrement ce qui s'est passé. Je n'ai jamais eu l'intention de lui donner la mort », a-t-il déclaré. Un mea culpa qui n’a pas laissé indifférent le ministère public et le tribunal.
Condamné mais libre
Dans ses réquisitions, le ministère public représenté par le substitut Rodrigue Ago a fait montre de compassion et d’humanisme à l’égard de l’accusé, un jeune homme qui n'a qu’à peine 22 ans. Après avoir indiqué les éléments constitutifs de coups mortels, il a demandé qu'on le condamne à la peine de cinq ans de réclusion. L'avocat de l’accusé Me Charlos Agossou, dans ses plaidoiries, a sollicité du Tribunal que les faits soient requalifiés en homicide involontaire car, va-t-il préciser, il n'existe pas d'acte matériel intentionnel qui puisse justifier l’intention de donner la mort. L'intention de départ de Raouf était de corriger son protagoniste et non de lui donner la mort. Il a alors plaidé pour qu'on condamne l’accusé à la peine déjà passée.
Après en avoir délibéré, le Tribunal a maintenu l'infraction de coups mortels et condamné l’accusé à la peine de 48 mois d'emprisonnement ferme. Abdou Raouf Ambani ayant déjà passé plus de 4 années en prison, il recouvre à présent sa liberté.