Prévenir et gérer efficacement les risques des changements climatiques, c’est le but du projet « Processus du Plan national d’adaptation au Bénin ». La priorisation des impacts économiques en vue d’une budgétisation et d’une planification efficaces s’avère importante dans cette lutte.
Hausse des températures de 2,6 °C à 3,27°C d’ici 2100, récurrence des sécheresses, vents violents, inondations, érosions et perturbations du régime pluviométrique, tels sont les risques auxquels fera face le Bénin si rien n’est fait pour contrer les changements climatiques. Ces effets néfastes sont déjà préoccupants ces dernières années avec à la clé l’élévation du niveau de la mer due à la fonte des glaciers, la perte de plus de 400 mètres (4 m par an) de côtes et surtout plus de 120 milliards de francs Cfa de dommages causés par les inondations de 2010. Selon une récente étude de la Banque mondiale, l’érosion, les inondations et la pollution de l’eau coûtent chaque année 3,8 milliards de dollars soit plus de 2000 milliards F Cfa à l’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence au Bénin, à la Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Togo, soit l’équivalent de 5,3 % des produits intérieurs bruts (Pib) combinés de ces quatre pays en 2017 et surtout 13 000 morts par an.
Ainsi, la lutte contre le réchauffement climatique s’avère une préoccupation majeure de développement durable et son efficacité implique des actions budgétisées et planifiées. C’est tout l’intérêt du plan national d’adaptation au Bénin (Pna) dont le processus d’élaboration est enclenché pour une durée de dix-huit mois, pour un coût global de 1 542 913,40 dollars Us soit environ 900 millions F Cfa financé par le Fonds vert pour le climat.
S’inscrivant dans le cadre de l’axe 7 « Développement équilibré et durable de l’espace national » du Pilier 3 du programme d’action du gouvernement (Pag 2016-2021), le plan contribuera à la réalisation des engagements du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) vis-à-vis du gouvernement contenus dans son document du programme pays (Cpd). « Dans la mise en œuvre de l’agenda 2030 auquel le Bénin a souscrit, le Pna permettra de réaliser des progrès sur l’Objectif de développement durable (Odd) n° 3 consacré aux mesures urgentes pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions », a laissé entendre Adama Bocar Soko, représentant résident du Pnud au Bénin à l’occasion de la signature du document du projet intitulé «Processus du Plan national d’adaptation au Bénin ».
Impacter l’économie
La mise en œuvre du processus du Pna permettra d’accroître la capacité de résilience des populations face aux effets du réchauffement climatique, notamment dans les secteurs de l’eau, de la santé, de l’agriculture, de l’urbanisme et des infrastructures, de l’énergie et des forêts, espère le ministre du Cadre de vie et du Développement durable, José D. Tonato. La priorisation des impacts économiques des changements climatiques, la facilitation de l’intégration de l’adaptation dans les processus budgétaires et le renforcement du Fonds national pour l’environnement et le climat sont également attendus, a-t-il souligné.
Le Pna s’inscrit dans la droite ligne du Programme intégré d’adaptation pour la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques sur la production agricole et la sécurité alimentaire au Bénin (Pana) qui avait permis, entre autres, de construire des infrastructures : station agro-météorologique, magasin de stockage de semences et de produits vivriers ainsi que des champs, ouvrages de franchissement. Malgré les efforts, le phénomène d’érosion et autres effets néfastes du réchauffement climatique se ressentent particulièrement dans la région Nord-est du Bénin, située dans la vallée du Niger, en l’occurrence les communes de Malanville et Karimama. Cette zone reste particulièrement vulnérable du fait de la pression cyclique des fortes eaux, des inondations cycliques, des vents violents, des sécheresses. Ils occasionnent la destruction des ouvrages de franchissement, le lessivage des terres arables qui sont fortement dégradées aujourd’hui, l’ensablement des rivières, l’éboulement des bordures des rivières, la perte de biodiversité, l’intensification des tempêtes dans les zones agro-écologiques. Une situation qui met en péril les bases alimentaires et les sources de revenus de la population constituée en majorité de paysans et éleveurs.