Bien que le bruit qui révèle le bénin au monde ces jours ci ne soit pas fini,
des artistes, simples citoyens anonymes, terrorisés comme tout à chacun ces derniers jours,
des artistes se sont exprimés dans l’espace public pour dire leurs craintes et leur attachement à la paix.
Sans paix comment imaginer un développement inclusif ?
Sans paix, comment imaginer un intérêt pour la culture ?
Rassemblement chorégraphique artistique hasardeux,
rassemblement chorégraphique sur la place emblématique des Martyrs du 16 janvier 1977,
rassemblement chorégraphique pour les badauds et les oiseaux car organisé dans la précipitation de l’urgence, mais aussi de la nécessité.
A l’initiative de la chorégraphe Rachelle Agbossou et de l’interprète Sahadat Ami-touré, une douzaine de danseurs des compagnies Walô et Multicorps s’était donnée rendez-vous Place des Martyrs hier, mercredi 6 mai 2019 à 16h00. Ce rendez-vous chorégraphique impromptu a été organisé dans l’urgence, comme un cri suite aux événements de la semaine dernière. Un cri pour pour exprimer par le mouvement, la parole, la peinture et la musique les craintes vécues par ces artistes. Un cri pour expurger la peur ressentie ces derniers jours et affirmer avec conviction leur attachement viscéral à la paix.
Pour reprendre les mots du poète Léo Ferré et filer la métaphore avec les oiseaux invoqués plus haut, les artistes (…) sont ceux qui marchent sur le ventre des tyrans avec des pattes d’oiseaux et qui donnent l’alarme avec des cris d’oiseaux.
Autour d’un linceul d’abord immaculé, chaque danseur évoluait autour pour tenter de saisir la paix qui s’inscrivait en lettres de sang sur ce dernier. A travers le langage spécifique du corps, chaque danseur exprimait tantôt la solitude, tantôt la crainte d’une paix fragile, tantôt le besoin d’être ensemble. Invectivant le public avec pour seul mot d’ordre la Paix, les danseurs se sont ensuite couverts de ce linceul pour effectuer une procession autour du Monument des Martyrs. Ni funeste, ni pessimiste, la procession s’est ensuite ébranlée sur la voie de Cadjéhoun pour finir en une envolée de danseurs entre les zems et les voitures. Si la paix est difficile à saisir, elle n’en est pas moins vive et insolente.
C’était tout l’enjeu de cette performance artistique impromptue et spontanée à l’initiative des danseurs pour rappeler la fragilité de nos existences, ici au bénin, comme ailleurs.
Dan