Contrairement au passé, une grossesse est encore possible après la ménopause. La fertilité chez la femme est naturelle, certes, mais elle peut être aussi suscitée médicalement. Le gynécologue-obstétricien, Xavier René Pérrin, directeur des Affaires médicales au Centre hospitalier universitaire de la Mère et de l’enfant Lagune (Chu-Mel) Cotonou, explique ici les merveilles en la matière.
La Nation : Qu’entend-on par la ménopause chez la femme ?
Xavier René Pérrin : La ménopause est une question physiologique et un phénomène naturel. Elle est une étape normale de la vie de la femme, de la même manière qu’à l’adolescence elle a commencé par avoir ses premières règles, quand elle atteint un certain âge le cycle menstruel change jusqu’à s’éteindre. Pendant que la ménopause s’installe, la femme a des signes qui la dérangent parce que les hormones qu’elle secrète chutent, entraînant beaucoup d’effets secondaires ou de désagréments. Ces effets aussi finissent par s’estomper pour laisser la ménopause complètement s’installer. Au cours de cette période, on assiste à l’arrêt de l’activité des ovaires qui produisent des ovocytes, c’est-à-dire des cellules qui permettent la grossesse. Donc, c’est un phénomène tout à fait naturel qui permet à la femme qui a 45 ou 50 ans de se reposer et de s’occuper de ses enfants ou de ses petits-enfants. Il arrive cependant qu’elle apparaisse beaucoup plus tôt, avant 40 ans, chez de jeunes femmes souhaitant avoir encore des enfants. Les ovaires, s’ils sont encore présents, ne possèdent plus assez de follicules pour parvenir à maturation et donner lieu à une ovulation. Sans cette dernière, les règles disparaissent. Les ovaires ne sécrètent plus d’œstrogène ni de progestérone. Quel que soit l’âge ou la cause de la ménopause, les conséquence biologiques sont les mêmes. Elle peut être d’origine génétique quand la femme a des problèmes à la suite de traitement ou si elle a été opérée pour une autre maladie comme le cancer, et qu’on ampute les ovaires. Donc quand les ovaires ne produisent plus des ovocytes avant 40 ans, il y a la ménopause précoce. C’est la carence hormonale caractéristique de la ménopause qui engendre des symptômes divers comme des bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale et des troubles du sommeil.
Cela peut sans doute avoir une influence, puisque ce sont l'hypothalamus et l'hypophyse, deux régions situées à la base du cerveau, qui contrôlent le fonctionnement des ovaires et les sécrétions hormonales. Les révélateurs d'une paresse des ovaires chez des femmes qui ont subi un traumatisme important comme un deuil ou un accident peuvent être à la base de la ménopause chez une femme de 40 ans. En plus, chez les plus jeunes, un choc psychologique ou une anorexie sont susceptibles de provoquer la disparition des règles dont les mécanismes ne sont pas les mêmes que la ménopause, mais uniquement de façon transitoire.
La procréation est-elle encore possible après la ménopause ?
On entend souvent dire qu’une grossesse après la ménopause est impossible. Bien que cela soit vrai par le passé, dans de très nombreux cas, la médecine actuelle permet de restaurer la fécondité des femmes, dans des limites qui touchent à la biologie et à l’éthique. Grâce aux Procréations médicalement assistées (Pma) et plus précisément au don d'ovocytes, la fertilité ne chute plus avec l'âge. Cette méthode consiste à manipuler un ovule et un spermatozoïde pour procéder à une fécondation afin de répondre à certaines difficultés à concevoir, sans pour autant traiter la cause de l’infertilité. La Stimulation ovarienne, insémination artificielle, la fécondation in vitro(Fiv), l’injection intra cytoplasmique (Icsi), le don de sperme, la préservation de la fertilité, le diagnostic préimplantatoire sont autant de stratégies découvertes pour répondre aux besoins des femmes âgées désireuses de faire d’enfant.
Un traitement à base de facteurs de croissance permettrait de relancer les règles et la production d'ovules viables après la ménopause. Avoir un enfant passé 40 ans, c'est de plus en plus fréquent. De nouvelles stratégies repoussent, aujourd’hui, les limites de la conception tardive. Elles ont permis de relancer les règles et de restaurer la production par les ovaires d'ovules viables après la ménopause. Avec le recours à ces méthodes, la possibilité d’une grossesse dans la ménopause a augmenté de manière significative pour les femmes. Alors qu’il y a dix ans, on parlait de « grossesse tardive» pour les futures mamans âgées de 40 ans.
Les techniques de préservation de la fertilité offrent la possibilité à toutes les femmes qui le souhaitent pour des raisons sociales ou parce qu’elles sont atteintes d’un cancer de reporter leur maternité. Elles permettent, quant à elles, de reporter la maternité ou de mettre à l’abri ses ovocytes avant un traitement du cancer par exemple. La méthode la plus commune consiste à cryopréserver les ovocytes obtenus après stimulation ovarienne, afin qu’ils puissent être utilisés plus tard, quand la patiente le choisira. Les femmes atteintes d’un cancer ou d’une autre maladie nécessitant un traitement par chimiothérapie ou radiothérapie peuvent aussi avoir recours à la congélation du tissu ovarien, la transposition des ovaires, la protection médicale des gonades ou la maturation in vitro des ovocytes. Ces traitements de préservation de la fertilité ne garantissent pas infailliblement une grossesse, mais permettent à minima d’en envisager une.
Quelles sont les autres méthodes de fécondation chez la femme ménopausée ?
La fécondation in vitro (Fiv) consiste à provoquer la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde en laboratoire. Cette technique peut être réalisée avec des gamètes provenant d’un don de sperme ou d’un don d’ovocytes, ou avec celles des conjoints. Le protocole débute par la stimulation des follicules, puis se poursuit avec leur prélèvement lorsqu’ils sont matures.
La fécondation in vitro avec l’intracytoplasmicsperm injection(Icsi) vise à injecter un spermatozoïde directement dans l’ovocyte. Cette technique répond avec efficacité aux problèmes de stérilité masculine. Cette étape mise à part, le déroulement du protocole reste identique à celui de la Fiv classique. Même si les différentes méthodes utilisées ne sont pas sans danger, la ménopause n’est plus un frein à la procréation de nos jours.
Quels sont les dangers de ces méthodes ?
Les inconvénients sont surtout relatifs aux coûts onéreux et tous les centres qui la pratiquent ne garantissent pas toujours le succès. Il arrive que les traitements aient des effets secondaires. En outre, la Fiv augmente les taux de grossesses multiples et les grossesses extra-utérines. Finalement, il faut rappeler que la Fiv n’empêchera pas la transmission à la descendance des anomalies génétiques qui peuvent expliquer l’impossibilité de procréer naturellement.
Les patientes présentant un risque de perte de la fonction ovarienne sont les patientes atteintes de cancer qui doivent subir un traitement de chimio ou radiothérapie comme les maladies auto immunes qui exigent une chimiothérapie, les transplantations de moelle osseuse ou femmes avec risque de chirurgie ovarienne à répétition, comme l’endométriose par exemple.
Les avantages de la fécondation in vitro sont multiples. La Fiv permet une grossesse lorsque les trompes de la femme sont bouchées ou lorsque la qualité du sperme est insuffisante pour une grossesse spontanée. Si la Fiv est combinée au don d’ovule, elle permet à des femmes avec des ménopauses précoces de porter une grossesse à terme. Dans le cas de maladies génétiques héréditaires graves, et dans les pays où cela est permis, la Fiv permet d’avoir accès à une cellule embryonnaire, de l’analyser pour voir si l’embryon est atteint par la maladie, et de ne transférer dans l’utérus de la mère que des embryons sains.
Comment vivre sa ménopause ?
L'effet de la ménopause précoce le plus prégnant chez les femmes en âge d'avoir un projet parental est généralement l'infertilité. Toutefois, à plus long terme, l'Insuffisance ovarienne prématurée (Iop) a d'autres répercussions sur la santé. Ainsi, elle peut favoriser les fragilités osseuses et les fractures dues à l'ostéoporose, ainsi que les maladies cardiovasculaires.
Disons qu’il y a des femmes qui ont la ménopause sans problème et certaines femmes qui sentent certains troubles dont le plus connu est cette fameuse bouffée de chaleur et ses transpirations. Au bout d’un certain temps normalement, ça passe mais il y a des traitements qui peuvent être donnés pour calmer ces bouffées de chaleur.
La femme peut avoir recours au gynécologue pour l’aider à mieux supporter si elle ressent les effets secondaires dont j’ai parlé tantôt. Ce sont des signes qui dérangent parce que les hormones chutent et cela peut causer beaucoup d’effets secondaires. C’est le moment de refaire tous les bilans de santé notamment le dépistage du cancer du sein, du col de l’utérus qui se fait au cours de la consultation elle-même et aussi des mesures telles que faire un peu de sport et surveiller son alimentation, car vous entassez pas mal de problèmes de santé. Donc vous devez mieux faire attention à votre alimentation qui est le premier médicament de l’homme. Il faut faire attention à ce qu’on mange, diminuer tout ce qui est gras, glucidique pour préférer les légumes, les fruits, et faire du sport. La ménopause s’accompagne souvent d’une chute de calcium. Donc c’est bien de se focaliser un peu sur les produits qui sont riches en calcium.Les femmes qui sont souvent suivies par leur médecin sont renseignées. Maintenant, c’est une consultation de routine où des conseils sont donnés et où on peut poser des questions et avoir plein d’informations.