La présidence de la République béninoise a réagi par un communiqué à l’annonce de la libération des otages français. Le palais de la Marina se réjouit de l’épilogue. Sauf que le guide local qui accompagnait les Français est mort. Les Béninois le regrettent et s'interrogent également sur les évènements et leurs conséquences pour le pays.
Tout le monde se dit soulagé. Les Béninois souhaitaient un dénouement rapide, ils n’étaient pas contents de voir leur pays mêlé pour la première fois à une affaire de prise d’otages.
La présidence de la République s’est réjouie de la nouvelle, et a rendu hommage au guide béninois tué et dont le corps a été rapidement retrouvé et identifié. Fiacre Gbédji allait avoir 30 ans en septembre prochain.
À Natitingou, la porte d’entrée du parc et ville de résidence de Fiacre Gbédji, la libération des otages laisse à tous un goût d’inachevé. « Ils étaient trois au départ et à l’arrivée il en manque un », regrette Mathieu Yokossipé, un proche de Fiacre. Mathieu affirme n’avoir toujours pas vu le corps de son ami « Franck » et veut savoir ce qui s’est passé.
Craintes et questions
Le Bénin a été surpris par cette affaire. L’opération « Djidjoho » en cours dans la zone et qui mobilise 300 hommes, sera d'ailleurs renforcée, a appris RFI de sources militaires béninoises. Mais la crainte s'est installée dans le pays. Jusqu’à présent, le Bénin avait été épargné par ce genre d’événements.
À Cotonou, cet enseignant admet que la peur s’installe et s’interroge : « Est-ce à dire que nous ne sommes plus en sécurité ? Nous parlons aujourd’hui de la libération de deux Français, mais à l’origine, c’est trois personnes qui ont été enlevées. Comment est-ce que la sécurité a pu flotter pour qu’on enlève trois personnes sans que personne ne sache quoi que ce soit ? ».
« On a besoin d’en savoir plus »
Juste à ses côtés, son ami graphiste et cinéaste s’inquiète aussi des conséquences sur l’économie nationale. « Le fleuron du tourisme béninois, c’est ce parc animalier qui est le plus grand de toute l’Afrique de l’Ouest. »
Les deux amis se rejoignent sur un autre point : ils regrettent le manque de transparence dans cette affaire. « Si les terroristes, quel groupe terroriste ? Est-ce que c’est Boko Haram qui sévit au Nigeria, dans un autre État voisin avec qui nous partageons plus de 750 kilomètres de frontières, est-ce que c’est Aqmi ou est-ce que c’est le jihadisme du Sahel, du Mali qui a immigré jusqu’au Bénin ? On a besoin d’en savoir plus. »
Car pour l’instant, aucune information n’a filtré sur l’identité et les intentions des ravisseurs.
■ Le Burkina Faso salue la libération des quatre otages
Quelques heures après l’opération, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a salué la libération des quatre otages. Le chef de l’État a mis en exergue l’opération militaire. « L’intervention militaire conjointe qui a permis d’atteindre ces objectifs traduit notre engagement à lutter contre les forces du mal », a dit- il écrit.
Le chef de file de l’opposition a également souligné l’importance d’une telle opération dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « C’est par ce genre d’opération qu’on pourra vaincre les forces du mal », a déclaré Zéphirin Diabré qui estime que cela « apportera du baume au cœur des populations de savoir que la victoire contre le terrorisme est possible par la conjugaison des forces et énergies ». Il a également a salué la mémoire des soldats français tombés sur le théâtre des opérations.
Pour le chercheur Pierre Millogo, qui a mené des études sur la répression du terrorisme international, cette libération d’otages est une victoire de la diplomatie et de l’armée française. Il estime que seule une franche collaboration entre les différents pays pourra permettre d’obtenir des résultats contre le terrorisme, à l’image de cette opération au nord du Burkina Faso.