Après des élections législatives émaillées de violences inédites et dans un contexte de grave insécurité régionale, le Bénin doit trouver une solution de sortie de crise. Le danger est une fragmentation politique et sociale et un délitement de l’unité nationale.
Comment assombrir l’image internationale d’un pays en moins d’une semaine ? C’est l’exploit qu’a réalisé le Bénin au lendemain des élections législatives organisées le 28 avril, qui ont opposé deux partis soutenant le président Patrice Talon. Ce furent d’abord les images de manifestations, de vandalisme et de répression policière et militaire dans un quartier de la capitale économique Cotonou, aux alentours de la résidence de l’ancien président Thomas Boni Yayi. Des images de voitures et de boutiques en flammes, de jeunes qui s’attaquent à des stations d’essence, de militaires sur le pied de guerre et de véhicules blindés légers de l’infanterie quadrillant la ville.
Dans beaucoup de pays dans le monde, y compris dans ceux réputés les plus démocratiques et libres, des manifestations marquées par des destructions matérielles importantes ne sont pas rares. Mais au Bénin, cela est exceptionnel depuis plusieurs décennies. Ce qui l’est encore davantage, c’est que des épisodes de tensions politiques provoquent des morts. Au moins deux morts. Peut-être jusqu’à sept. Les communiqués des deux Conseils des ministres tenus les 1er et 8 mai n’ont donné aucun bilan officiel, ni d’ailleurs exprimé de condoléances pour les proches des victimes ou de regrets.
Pendant plusieurs jours, les violences urbaines postélectorales ont fait partie des grands titres des médias internationaux dominants, même de chaînes anglophones. Comme d’habitude, il aura fallu des événements violents – même d’ampleur limitée – pour que beaucoup découvrent l’existence d’un pays africain où les populations vaquent au quotidien à leurs occupations depuis des décennies sans réelle crainte d’incidents graves menaçant leur sécurité, autres que les accidents de la route.
Insécurité grandissante
Mais la mauvaise semaine du Bénin ne s’est pas arrêtée aux violences postélectorales au lendemain du 28 avril. Elle s’est terminée par la disparition signalée le 1er mai de deux touristes français dans le parc naturel de la Pendjari, au nord du Bénin près de la frontière avec le Burkina Faso, et l’assassinat du citoyen béninois qui était leur guide et chauffeur. Le corps du jeune homme, du nom de Fiacre Gbédji, a été retrouvé dans le parc, et le véhicule calciné, en territoire burkinabè.
Malgré le dénouement rapide de cet épisode avec la libération par une opération militaire française des otages français et de deux autres otages (américaine et sud-coréenne) annoncée le 10 mai, l’impact médiatique international de cet évènement est encore plus dévastateur que celui des violences politiques. Il s’agissait probablement du premier acte terroriste enregistré au Bénin. L’opération militaire, conduite sur le territoire burkinabè, a fait deux morts au sein des forces françaises dans la nuit du 9 au 10 mai.