Agé de 77 ans, Wallis Zoumarou, député élu sur la liste du Bloc républicain dans la 13e circonscription électorale composée de la seule commune de Djougou est le doyen d’âge de la 8e législature. A ce titre, c’est à lui que revient le privilège d’installer cette législature demain jeudi 16 mai avec le concours des deux plus jeunes de ses collègues, en l’occurrence Epiphane Honfo et Yacoubou Orou Sé Guéné dans le rôle de secrétaire. Wallis Zoumarou lève ici un coin de voile sur les temps forts de cette cérémonie d’installation et fait le portrait-robot du prochain président de l’Assemblée nationale qui doit être issu d’un large consensus entre les partis Bloc républicain et Union progressiste représentés au Parlement. Lire son interview exclusive…
La Nation : Est-ce un mérite spécial d’être doyen d’âge de la 8e législature ?
Wallis Zoumarou : Du tout pas. Ce n’est pas un mérite particulier. Ce sont les circonstances de la vie qui font cela. Il est important de souligner que j’ai été élu à la première législature. Et je suis le seul député encore en fonction jusqu’à cette huitième législature. C’est une chance et en même temps une bénédiction. Surtout quand je vois beaucoup qui n’ont pas pu se faire réélire alors que moi je suis encore là. Il y a la chance mais il y a aussi un peu de mérite car si je n’ai pas été élu député depuis huit législatures et si je capotais, je ne serais pas ici aujourd’hui. Mais je n’en fais pas une grande chose, ce titre de doyen d’âge. Cependant, il faut reconnaitre que Dieu m’a donné cette chance et je ne peux pas ne pas le dire.
Le bureau d’âge est appelé à conduire les premières plénières de la législature. Comment les choses vont-elles se passer de façon concrète ?
Les choses se passeront dans la simplicité. Il n’y aura rien de nouveau. Il s’agira de mettre en place le nouveau bureau de l’Assemblée nationale. On va le faire avec honnêteté et simplicité en respect des textes en vigueur. A l’ouverture de la cérémonie d’installation, je donnerai lecture des textes qui organisent la procédure. C’est ensemble qu’on décidera de la suite du calendrier, c’est-à-dire s’il faut aller tout de suite à l’élection du bureau ou s’il faut laisser les gens aller faire leurs tractations et revenir. De toutes les façons, c’est la plénière qui décidera de la date de l’élection mais je pense que ça doit se faire très rapidement.
Pour l’exécution diligente de ma mission de doyen d’âge, je me suis informé auprès du secrétaire général administratif de l’Assemblée nationale. Il m’a donné les textes qui organisent l’élection du bureau du Parlement. J’ai voulu ensuite échanger avec le ministre chargé de la Justice qui est en même temps le ministre chargé des Relations avec les Institutions. J’ai voulu savoir s’il a des préoccupations majeures. Puisque ça bouge un peu dans le pays avec des vagues de menaces par-ci par-là. Les choses ne sont pas comme à l’accoutumée. Il faut prendre un certain nombre de dispositions, surtout par rapport à la sécurité de mes collègues députés convoqués pour la cérémonie d’installation prévue pour demain jeudi 16 mai à 10 h au palais des Gouverneurs à Porto-Novo. J’ai donc abordé la question ce mardi 14 mai avec le ministre en charge des Relations avec les Institutions qui m’a rassuré de ce que toutes les mesures de sécurité sont prises et qu’il n’y a rien à craindre.
Par rapport aux tractations, y a-t-il déjà un nom pour le perchoir ?
(Sourire). Moi je suis en dehors des tractations. Puisque je ne suis candidat à rien dans le bureau. Mais j’ai mon parti qui est en train de discuter. Sans doute que cette question va revenir dans les concertations. Je suis un militant docile. Le choix de mon parti sera mon candidat.
Oui mais votre parti, le Bloc républicain est sorti minoritaire à l’issue des élections législatives du 28 avril dernier avec 36 sièges contre 47 pour l’Union progressiste. Le contrôle du perchoir devrait couler normalement de source…
Non, non, non… Moi je suis dans un tout autre esprit. J’ai eu la chance d’avoir été au commencement de l’Assemblée nationale depuis la première législature de l’ère du renouveau démocratique. J’ai été au cœur de ce qui a donné naissance à la configuration politique du bureau du Parlement. Il y a un esprit. Connaissant cet esprit, je ne pense pas qu’a priori, le fait d’avoir la majorité est un passeport pour sortir automatiquement le président de l’Assemblée du rang du parti majoritaire. Je crois qu’il faut voir ensemble avec toutes les forces politiques du Parlement celui qui va le mieux tenir la maison ; celui qui va faire mieux la cohésion de tous les députés, toutes tendances confondues. Car, il faut faire en sorte que le soutien au président Patrice Talon soit un soutien responsable et solide et non un combat entre partis politiques représentés au Parlement. Que le prochain président de l’Assemblée nationale soit un homme du Bloc républicain ou de l’Union progressiste, l’essentiel, à mon avis, est qu’il soit de taille et qu’il soit capable de concilier et de manager tout le monde dans la cohésion et dans la discipline.
Qui peut être cet oiseau rare, selon vous ?
Je vois plusieurs noms pour le perchoir. Du côté de l’Union progressiste, j’entends Sacca Lafia et Abraham Zinzindohoué ; Abdoulaye Bio Tchané et Robert Gbian pour le Bloc républicain. D’autres noms sont aussi cités. Attendons de voir. Je crois que les tractations doivent conduire à un consensus. Celui qui va être élu sera un produit issu d’un consensus. Certes, je n’en sais pas trop sur les tractations puisque je ne suis candidat à rien. Mais j’imagine qu’il doit y en avoir parce qu’on ne peut aller voter sans tractations. Ça ne se passe pas comme ça au Parlement, si non, on n’est pas responsable. D’autant qu’en dehors de la qualité de l’homme, les différentes tendances politiques doivent être représentées au bureau. D’où la nécessité que les différents acteurs s’asseyent pour ficeler et arrêter comment les choses vont se passer.
Autrement, on risque d’avoir de problème dans le cheminement du groupe si les choses ne sont pas faites comme cela. Je souhaite vivement que le bureau qui sera mis en place soit véritablement consensuel. Mon vœu est de voir les tractations se mener dans une large concertation et que ça ne soit pas un combat entre deux blocs politiques soutenant le chef de l’Etat qui a besoin d’être soutenu par un groupe cohérent et solidaire.
De votre position de député, quels peuvent être les défis de cette législature ?
Les défis de cette législature sont nombreux. Ils concernent le quotidien des populations. C’est cela qui doit nous interpeller en tant que député. Nous devrons légiférer dans ce sens pour améliorer les conditions de vie des citoyens. C’est vrai, je ne suis pas du gouvernement qui a des priorités. Nous allons voir dans les priorités du gouvernement celles qui peuvent être retenues immédiatement et y donner une suite. Certes, chaque député peut proposer de loi. J’en initierai aussi si j’en ai l’inspiration au cours de la législature.
Je souhaite vivement, pour finir, que cette mission de doyen d’âge que le sort m’a confié se déroule dans les meilleures conditions possibles et qu’on choisisse un bon président de l’Assemblée nationale qui va travailler pour faire avancer le Bénin.