(Que dira Patrie Talon de nouveau ?)
Il se susurre que Patrice Talon s’adressera à la nation incessamment, en raison de la crise post-électorale dans laquelle les élections législatives exclusives du 28 avril dernier ont plongé le Bénin. Même si les béninois n’attendent pas un miracle de cette adresse, il faut néanmoins que le chef de l’Etat cette fois-ci, contrairement à sa dernière sortie médiatique fasse service minimum.
Les députés de la huitième législature s’installent ce jour. Les conflits et le climat socio-politique délétère compte tenu de l’exclusion de tous les partis politiques de l’opposition, élargie à ceux satellitaires de la mouvance jugés têtus, déterminent les conditions particulières dans lesquelles, cette législature prend corps. Lesquelles conditions sont propres à un Etat policier, où tout le monde est obligé d’être sur le qui-vive. Face à cette atmosphère inédite, jamais observée depuis que le Bénin a opté pour la démocratie, le chef de l’Etat décide pour une nouvelle fois de sortir de son mutisme. Ceci, après son entretien avec certains journalistes le 11 avril 2019. Un entretien au cours duquel, il a longuement défendu et approuvé la mise à l’écart des partis politiques de l’opposition, en se fiant selon lui, au respect des lois électorales controversées, pourtant baromètres de ces joutes électorales. Si beaucoup de béninois ont extériorisé leur stupéfaction voire déception suite à cette sortie médiatique télévisée de Patrice Talon en son temps, c’était parce qu’ils estimaient que l’homme n’avait rien apporté de nouveau au débat qui se menait sur ces législatives. Voici à nouveau le président de la république dans le même exercice. Cette fois-ci, après que avec son onction, le processus électoral est allé jusqu’au bout, malgré l’effusion de sang et le dénombrement de morts, que son gouvernement jusque-là, n’a daigné en faire cas. Dès lors que la panique, l’incertitude et le dédain ; face à cette nouvelle ère politique aussi suspicieuse que craintive, sont les sentiments qui animent la plupart des béninois actuellement, que pourra à nouveau dire Patrice Talon pour un tant soit peu calmer les ardeurs de ses compatriotes déçus et attristés ? Pas d’illusion! Il dira tout sauf renoncer à la plénitude de ses 83 nouveaux députés, tous à lui, mais inopportunément élus par 27% de l’électorat actuel. A défaut donc de ne pas abdiquer, le chantre de la rupture à la lourde tâche de rassurer son peuple, de ne pas prendre à nouveau fait et cause pour les siens, au grand dam de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Autrement dit, le chef de l’Etat s’il veut à son tour ramener un début de paix et de quiétude dans le pays pour ainsi montrer à son peuple le fil d’Ariane, il est contraint de choisir les mots justes, gage de propos conciliateurs. Au-delà, il doit surtout et surtout acter ses intentions si elles sont nobles et prendre des décisions conséquentes pour un début d’assurance. Ce n’est que là que le peuple l’attend. Ce faisant, Patrice Talon aura apporté quelque chose de nouveau au débat actuel. Si non, cette sortie n’aura servi à rien.