Les 83 nouveaux députés de l’Assemblée nationale ont effectué, ce jeudi 16 mai, leur baptême du feu. A la différence de ses aînés, ce nouveau Parlement ne compte que des députés issus de deux partis politiques. Les tractations en amont pour obtenir une Assemblée nationale plus colorée (politiquement parlant) n’ont hélas pas prospéré.
Beaucoup n’ont pas vraiment vu venir le mal. Pourtant, il couvait, en silence. S’il s’est trouvé très peu de médiateurs, ou de médiations pour parler d’une voix unique avec la classe politique béninoise et obtenir un consensus en vue d’élections inclusives, Patrice Talon, lui, n’a pas manqué de jouer les bons offices. Il a, semble-t-il, dégagé sa responsabilité en ouvrant la vanne pour des échanges avec les acteurs politiques en vue de trouver une solution à ce que beaucoup ont qualifié « d’impasse électorale ». Non pas qu’il voyait la situation comme telle, mais il a sans doute voulu laisser à l’histoire des traces de son engagement à faire participer toute la classe politique béninoise aux législatives du 28 avril dernier. Elle n’y est certes pas parvenue, mais on ne peut occulter que par trois ou quatre fois, le chef de l’Etat était à l’initiative de rencontres visant à échanger avec les acteurs politiques pour dégager le fameux consensus tant réclamé par tous.
Lundi 25 février. Le président de la République reçoit à la présidence une délégation de l’opposition. Les invités de Patrice Talon sont repartis sans avoir décroché la lune. Eux qui espéraient que les nouvelles dispositions qui régissent le processus électoral seront foulées aux pieds feront plutôt face à la fermeté d’un chef d’Etat qui les a renvoyés à l’essentiel : le respect des dispositions en vigueur. Ils devraient ni plus ni moins, s’y conformer pour être dans les starting-blocks pour le scrutin. « Ce n’est pas à moi de vous dire ce qu’il faut faire, mais je serais à votre place que je serais capable d’être présent dans la compétition », a lancé Patrice Talon à ses vis-à-vis. Seul engagement pris par lui, la célérité dans le traitement des formalités administratives. Mais l’opposition n’est pas repartie, sans marteler qu’il n’y aura pas d’élection sans ses listes. « Le constat est malheureux. Organiser des élections sans aucun parti d’opposition, cela n’honore pas le Bénin. Je ne suis pas à l’aise », a lancé d’entrée le président à une autre séance avant de poursuivre « je veux comprendre ce qui s’est passé, voir avec vous comment corriger le tir ».
Mais les choses n’en resteront pas là. Désormais exclus du processus par la Commission électorale, le chef de l’Etat demande à recevoir à nouveau les responsables des partis dits de l'opposition. Mais à l’ouverture de la séance, on fera le constat de leur absence. Les Forces cauris pour un Bénin émergent, Restaurer l’Espoir, l’Union sociale libérale… ont brillé par leur absence. Au terme de la rencontre qui a duré environ deux heures, le président de la République a réaffirmé sa volonté de faire respecter les lois de la République. Pour lui, rien ne peut arrêter le processus électoral en cours. Seule issue, le Parlement pour sauver la face et aider le pays à sortir de l’impasse. Mais là encore, rien. Les parlementaires ne sont pas parvenus à trouver le bon filon. Faute d’entente et de consensus sur l’essentiel, les deux parties ne parviendront à aucun accord. Conséquence, le processus se poursuit… In fine, le Bénin a son Parlement avec 83 députés issus de deux listes de la mouvance. Il est installé depuis hier et ce, pour quatre ans.