C’est désormais effectif, les députés de la 8e législature ont pris fonction hier jeudi 16 mai. Un coup réussi pour le Chef de l’État Patrice Talon qui dispose désormais de coudées franches pour mener à bien ses réformes. Sans aucune formation politique de l’opposition, la nouvelle législature ouvre un boulevard devant Patrice qui règne désormais en maître. En effet, avec l’invalidation des listes de l’opposition pour le compte des élections législatives d’avril 2019, seules les listes des deux partis soutenant les actions du Chef de l’État étaient en course. D’autres personnalités politiques proches de Patrice Talon, mais dont les partis ne sont pas inféodés aux deux autres validés ont également vu leurs listes rejetées. C’est le cas du Parti du renouveau démocratique (Prd) de Maître Adrien Houngbédji, de la Dynamique unitaire pour le développement (Dud) de Valentin Houdé et de l’Union pour le développement d’un Bénin nouveau (Udbn) de Claudine Prudencio. Les médiations de la communauté internationale et celle scientifique n’ont guère réussi à émousser l’ardeur du Chef de l’État dans le sens de l’organisation des élections législatives inclusives, encore moins, les différentes initiatives de l’opposition dans ce sens. Le vin est donc tiré et il ne reste qu’à le boire. Cette installation vient donc dresser un tapi rouge devant le Chef de l’État pour la poursuite de ses actions.
Mais quel sort pour les ténors de l’opposition ?
Point n’est besoin de rappeler l’exclusion des partis de l’opposition et autres du processus électoral dans le cadre des législatives d’avril 2019. Ainsi, Nicéphore Soglo, Yayi Boni, Adrien Houngbédji, Candide Azannai, Guy Mitokpe, Valentin Houdé, Claudine Prudencio, Valentin Djènontin,…qui auraient bien voulu siéger à l’Assemblée nationale pour participer à l’animation de la vie politique ne pourront suivre les débats que sur leurs petits écrans. La pseudo-assignation à domicile de Yayi Boni et autres intimidations du pouvoir ne présagent pas d’un exercice aisé de la fonction de l’opposition sous cette nouvelle ère qui s’ouvre. Le débat politique peut donc se mener sans ces personnalités qui pourtant ont marqué la vie politique du Bénin depuis l’avènement du Renouveau démocratique et même avant. À quoi peut-on s’attendre à l’état actuel des choses ? Ces leaders politiques historiques du Bénin accepteront-ils de jouer le rôle de spectateurs, laissant la place aux députés dont ils contestent déjà la légitimité pour mener le débat politique ? Se contenteront-ils d’exiger l’organisation de nouvelles élections sans disposer de moyens de pression à cet effet ? Le slogan : « Pas d’élections sans l’opposition » est demeuré une incantation. Face à la persistance du président de la République, seront-ils poussés à la reddition ? Les jours à venir nous situeront.