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La corruption toujours persistante malgré les efforts du gouvernement

Publié le dimanche 19 mai 2019  |  BENIN WEB TV
Corruption
© Xinhua par DR
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Le Bénin, un des pays pauvres les plus endettés de la région Ouest africaine est toujours dominé par la corruption surtout dans les administrations publiques. L’arrivée au pouvoir de l’homme d’affaire, Patrice Talon en 2016 a certes fait reculer le mal, mais ce dernier continue toujours d’exister sous « d’autres formes ». Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) classe toujours le Bénin dans des pays ayant un taux élevé de corruption.
Plus de policiers sur les voies pour racketter les usagers et surtout les conducteurs de taxi. Plus de « klébés », des personnes commises par des douaniers au niveau des frontières pour jouer l’intermédiaire entre eux et les passants. Plus de pots de vin (la règle pour un strapontin quelque part) comme ce fut le cas dans un passé récent au Bénin. Plus de paiement du double, voire triple des frais d’établissement des cartes d’identité nationale ou de passeports. Le tableau, vu à cette façade, est si magnifique à contempler et pourrait hisser le Bénin au rang des pays gouvernés sans corruption.

Mais au fond, ces différentes pratiques, loin de disparaître dans les habitudes des Béninois, ont pris une nouvelle forme faisant retarder le développement tant souhaité pour cette nation partageant des milliers de kilomètres de frontière avec le Nigéria, le géant économique de l’Afrique.

A Kraké, une ville frontalière au Nigeria, des « hommes de main » opèrent toujours pour soutirer soit de l’argent aux usagers, soit des marchandises ou autres objets de valeur afin de leur faciliter le passage. A Hillacondji, pour se rendre au Togo voisin, il faut « graisser la patte » de l’agent pour espérer traverser la frontière et ceci par le biais de contrôle de carte jaune de vaccination. Dans des mairies, le paiement du double ou triple des frais d’établissement des cartes d’identité nationale continue toujours aux fins de l’obtenir rapidement soit dans l’intervalle de trois jours ou une semaine au plus. Bien d’autres pratiques du genre ont toujours cours dans le pays selon le témoignage de certains Béninois ayant sollicité ces différents services ou s’étant retrouvés dans des situations du genre. Ces différentes personnes ne nient certes pas leur complicité mais soutiennent qu’il leur fallait ces services au plus vite. Elles font donc recours à l’ancienne pratique qu’on tente toujours de combattre.

Des efforts de l’ANLC et pourtant…
Dans le souci de lutter efficacement contre la corruption en République du Bénin, les dirigeants ont introduit un projet de loi à l’Assemblée nationale. Mesurant également l’enjeu de ce texte de loi, les parlementaires de la 6ème législature ont adopté la loi N°2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption en République du Bénin. Cette loi a prévu la création de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (ANLC) devant s’occuper des infractions de tout genre liées à la corruption dans le pays.

Cette Autorité, dans son volet préventif, a pour mission de dispenser des conseils pour la prévention de la corruption à toute personne ou à tout organisme public ou privé ; éduquer la population sur les dangers de la corruption et l’obligation qu’a chacun de combattre et mobiliser les soutiens nécessaires à cette fin. Aussi, L’Autorité devrait-elle s’assurer que toutes les institutions publiques disposent de manuels de procédures effectivement appliqués. En plus des séances de sensibilisations et des ateliers pour un changement de comportement du Béninois dans ce domaine, l’ANLC a élaboré et distribué dans nombre d’administration, un code éthique devant régir le comportement de tout agent tant du service public que du secteur privé. A l’endroit des populations, l’ANLC initie régulièrement des séances de sensibilisation et d’éducation avec ou sans l’appui financier des partenaires afin de « changer la mentalité » de ces dernières.

Même si prévenir vaut mieux que guérir, comme le dit l’adage, l’ANLC est souvent confrontée aux cas de corruption puisque malgré ses efforts dans la prévention, le phénomène s’observe toujours. Dans ces cas, l’Autorité use donc des dispositions de la loi pour « exploiter, à toutes fins utiles, les informations sur les doléances ou plaintes relatives aux faits relevant de la corruption et infractions connexes dont elle est saisie et les dénoncer au procureur de la République compétent ».

La faille, selon certains spécialistes du droit, de la loi N°2011-20 du 12 octobre 2011 portant sa création, est qu’il faut impérativement que l’Autorité soit saisie avant d’agir. « Alors que le contexte béninois est loin de favoriser de telles dénonciations car les affiliations finissent souvent par entraîner un membre de la famille ou un proche », regrette Albert Godonou, sociologue.

Les efforts de Jean-Baptiste Elias, président de l’ANLC sont certes salués par des populations mais la finalité de toutes ses actions laissent souvent à désirer car les dossiers, une fois transmis au procureur, butent, généralement, contre la volonté des dirigeants. Résultats, beaucoup de dossiers ont été sans suite, malgré les démarches des responsables de l’agence.

Pour certains citoyens béninois, il va falloir que l’administration Talon redéfinisse une nouvelle stratégie pour punir de tels actes. Pour d’autres, par contre, la forte influence de l’exécutif dans le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) est loin de rassurer les juges devant s’occuper de ces différents dossiers qui mettent souvent en cause des cadres de l’administration, des politiques et parfois des « hommes du Président ».

Le rapport du FMI peu reluisant
Le Bénin n’est pas le seul pays souffrant de ce mal endémique. Dans son rapport sur les finances publiques dévoilé en avril dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a signalé que la corruption provoque des pertes de plus de 1 000 milliards de dollars dans l’économie mondiale. Selon les conclusions de ce rapport, si tous les pays réduisaient aujourd’hui la corruption dans une proportion semblable, en moyenne, à celle où elle l’a été au cours des 20 dernières années, les recettes fiscales mondiales augmenteraient de 1.000 milliards de dollars (soit 1¼ % du PIB mondial), voire plus, étant donné qu’une baisse de la corruption accélérerait la croissance économique, ce qui accroîtrait davantage les recettes.

Inévitablement, les pays qui ont réussi à enrayer substantiellement la corruption ont enregistré une hausse importante des recettes fiscales en proportion du Produit intérieur brut (PIB). On peut citer en exemple la Géorgie avec 13 points de pourcentage et le Rwanda avec 6 points de pourcentage dans ce dernier rapport du FMI.

Les données indiquent également que la corruption altère la manière dont les gouvernants utilisent les deniers publics. Les pays moins corrompus consacrent une part plus importante de ressources aux dépenses sociales. A titre illustratif, parmi les pays à faible revenu, la proportion du budget consacré à l’éducation et à la santé est inférieure d’un tiers dans les pays très corrompus. Par ailleurs, les pays plus corrompus dépensent excessivement pour la construction de routes et d’hôpitaux et leurs élèves obtiennent des notes plus faibles aux examens.

Et pour y pallier, le Fonds monétaire international (FMI) préconise une lutte axée sur la volonté politique des dirigeants et surtout la mise en place des institutions solides capables de promouvoir l’intégrité et la responsabilité à tous les niveaux du secteur public
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