L’opinion publique misait, sans doute, très peu sur ce douanier à la retraite, élu à nouveau député, pour diriger le parlement. Des pronostics portaient plutôt sur d’autres noms comme Alassane Séidou, actuel ministre des travaux publics, élu également député sur la liste Union Progressiste, ou encore les républicains Robert Gbian, élu au même poste de deuxième vice-président comme à la 7ème législative et Abdoulaye Bio Tchané. La logique amplement défendue et soutenue aurait été que l’un de ces trois hommes politiques forts du nord accède au perchoir pour un certain équilibre régional. Le président Patrice Talon étant du sud, la seconde personnalité du pays constitutionnellement reconnue après lui, devrait être du septentrion, et vice-versa. Si cela a été souvent le cas, lors de plusieurs législatives antérieures, la rupture vient également de s’opérer sur cette donne. Le tout nouveau président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, natif de la commune d’Ifangni, département du Plateau est du sud, mais son choix a été consenti et soutenu avec un score écrasant de 78 voies sur 83 députés votants. Les motifs pourraient donc être ailleurs.
La toute première raison est que Louis Vlavonou est du parti majoritaire, l’Union progressiste, qui a pu décrocher 47 sièges sur les 83 au parlement à l’issue des législatives du 28 avril dernier. Toute candidature de ce parti pour le perchoir partait favorite donc. Deuxièmement, une autre unanimité s’était faite au sein des progressistes en sa faveur, selon certaines indiscrétions, au cours de la rencontre d’évaluation des législatives 2019 tenue par ce parti les 11 et 12 mai dernier à Grand-Popo. Pourquoi forcément lui ? Les ténors de l’Union progressiste ont des raisons que le grand monde ignore certainement. Mais, de l’analyse, on peut deviner aisément l’expérience parlementaire du nouveau président qui entame ainsi sa 4ème quatrième législative de façon successive. C’est donc quelqu’un qui connaît la maison. D’aucuns évoquent également ses qualités de grand homme d’écoute, son tempérament pondéré, la pertinence de ses réflexions et propositions sur toutes les questions parlementaires. D’autres encore louent ses efforts inlassables à concevoir des textes de lois, comme celui relatif à la nouvelle Charte des partis politiques dont l’avènement a instauré pour de vrai, la réforme du système partisan au Bénin depuis peu. Cet ancien membre du parti Madep et ensuite de l’Union fait la Nation est l’un des influents acteurs qui ont œuvré à la naissance de l’Union Progressiste aux côtés du patriarche et éminent homme politique Bruno Amoussou qui lui avouerait une grande admiration.
D’autres thèses, par ailleurs, n’écartent pas non plus la conservation du poste du président de l’Assemblée nationale par les départements de l’Ouémé du Plateau, après le départ de Me Adrien Houngbédji, pour sans doute, amoindrir les frasques politiques dans une haute région politique que ne banalise aucun pouvoir ; encore moins celui de Talon, qui trouvera sans doute des motifs politiques pour expliquer ses déboires avec le Prd, l’un des partis incontestablement influents de la zone.
On peut aussi percevoir dans le choix de Louis Vlavonou, la quête d’une personnalité plus ou moins propre, qui n’est entachée d’aucune affaire pour ne pas nourrir des polémiques dans les débats et divers commentaires à la suite de son élection et qui ne manqueraient pas d’entacher son image s’il elle existait.