Le Groupe intergouvernemental d’Action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), réunit ses membres, experts et autres représentants des banques centrales de ses pays à Cotonou depuis quelques jours. Hier mercredi 6 novembre, il a tenu la 20e séance plénière de sa Commission technique, dont l’ouverture a été placée sous l’égide du ministre de l’Economie et des Finances par intérim, Jean-Michel Abimbola, assisté des ministres en charge de la Justice et de l’Intérieur, Valentin Djènontin et François Houessou. Objectif, réfléchir aux moyens de renforcer la lutte contre l’insécurité financière liée au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
Le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme menacent, à terme, les économies des pays de la sous-région ouest africaine. Sévérine Dossou, correspondante nationale du GIABA et présidente de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF), heureuse d’accueillir ses hôtes, a fait état des progrès que réalise le Bénin dans le sens de la lutte contre les fléaux combattus par le GIABA, résultats obtenus grâce aux efforts du gouvernement. Aussi se dit-elle persuadée que d’ici à mai 2014, le Bénin aura pris des mesures pour sortir du régime de suivi accéléré sous lequel il est placé aujourd’hui.
Blanchiment de capitaux et financement du terrorisme sont des fléaux qui menacent nos pays, avertit-elle, appelant à les combattre sans faille afin d’asseoir les bases sûres du développement, tant les acteurs de tels fléaux, profitent et abusent des institutions légales. Les poursuites et requêtes de confiscation doivent être effectives, engage Sévérine Dossou.
C’est pourquoi les réunions plénières ne doivent pas perdre de vue l’objectif principal qu’est la détermination des Etats membres du GIABA à mettre hors d’état de nuire les acteurs du blanchiment, en parlant d’une seule voix, puisqu’aucune juridiction nationale ne comporte, à elle seule, des dispositions parfaites pour y arriver.
Comme elle, Dr Abdullahi Shehu, directeur général du GIABA, croit à la mutualisation des moyens de lutte contre ces fléaux dans l’espace CEDEAO. Et se réjouit, à juste titre, des efforts consentis par son institution pour en limiter les affres.
C’est là, l’engagement et le souci des différents Etats membres. Ce qu’exprime Jean-Michel Abimbola en indiquant que de par leur caractère transnational et leurs effets néfastes sur les économies, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme constituent des sujets de grande préoccupation.
Consistant à donner une apparence propre et licite à l’argent sale, le blanchiment de capitaux est subtile et les criminels, difficilement appréhendables. D’où la promotion des bonnes pratiques pour les combattre, à travers le GIABA dont la mission consiste à assurer l’adoption de normes de lutte communautaires conformes aux standards internationaux. Aussi voit-il cette réunion plénière comme une occasion d’échanges de qualité entre experts sur les moyens efficaces de lutte contre ces fléaux.
En tout cas, le Bénin, sous l’impulsion de son président, s’inscrit dans la dynamique communautaire. Les lois prises à cet effet renseignent sur les ambitions, renforcées par la mise en place de la CENTIF, dotée de l’autonomie nécessaire à l’accomplissement de sa mission.
Le ministre Jean-Michel Abimbola dit enfin attendre des réflexions de la présente réunion, qu’elles conduisent à des avancées significatives dans la lutte contre ces fléaux en vue de préserver la stabilité des économies africaines.
Le GIABA aux côtés du Bénin
Dr Abdullahi Shehu, directeur général du GIABA et Sévérine Dossou ont, un peu plus tard, tenu une conférence de presse. Le premier, remerciant les autorités béninoises pour l’appui qu’elles apportent au CENTIF afin de lui permettre de tenir son rôle. Et pour préciser que les deux jours de cette plénière permettront de passer en revue les activités du GIABA en 2013 et de prendre la mesure des actions à venir. Une appréciation des avancées enregistrées par les pays membres sera également faite, afin de booster les actions et engager les pays, à aller plus loin encore. Mais le GIABA n’est pas une agence de répression criminelle, ont précisé les conférenciers. Elle est plutôt une institution spécialisée de la CEDEAO qui s’assure, entre autres, de la mise en place et du respect des lois relatives à la matière objet de son existence.
Celles-ci existant dans tous les Etats membres sauf en Guinée. Ce même pays et le Liberia sont les seuls pays membres à ne pas disposer encore de Cellules de traitement des informations financières. Et les conférenciers disent se réjouir des condamnations qui interviennent de plus en plus pour blanchiment de capitaux, infraction dynamique difficile à appréhender, d’où la nécessité de traquer aussi les infractions sous-jacentes.
Le Bénin, particulièrement, bénéficie de l’appui constant du GIABA, a fait l’objet d’une évaluation mutuelle de son dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux en 2009 et des lacunes avaient été relevées.
Depuis lors, le GIABA suit le Bénin pour la correction desdites lacunes, autant qu’il l’accompagne dans l’effort de sensibilisation et de formation… Une assistance permanente en somme, se félicite Sévérine Dossou. Qui assure que son institution travaille dans la discrétion parce qu’astreinte à la confidentialité, mais enregistre des avancées qualitatives....