Le Bénin ne vit pas en vase clos. Depuis le Renouveau démocratique, l’Assemblée nationale du Bénin fait partie intégrante des organisations parlementaires sous-régionales et internationales. C’est d’ailleurs compte tenu des accords qui lient le Bénin à ces organisations que des députés béninois siègent au Parlement de la Cedeao, de l’Acp-Ue, de la francophonie, etc.
Depuis le 16 mai dernier, date de l’installation de la 8ème législature, le bureau et les autres organes du Parlement se mettent de façon accélérée en place, et tout porte à croire qu’on veut aller très vite. Sans doute, après avoir satisfait aux dispositions du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale avec la mise en place des différents compartiments de fonctionnement de l’institution, les parlementaires vont se pencher sur la désignation de leurs représentants dans les Parlements sous-régionaux et Acp Ue. Or, voilà que les irrégularités qui ont entaché le processus électoral, ayant conduit à l’élection des députés de la 8e législature, ont amené des pays et organismes de la sous-région à émettre des réserves à propos des élections passées. Ils avaient d’ailleurs en son temps dépêché à Cotonou des missions pour essayer d’obtenir du chef de l’Etat des élections inclusives avec la participation des partis de l’opposition. N’ayant pas eu gain de cause, l’Onu, la Cedeao, l’Union africaine et l’Union européenne (qui a dû s’abstenir d’envoyer des observateurs) ont suivi de près le déroulement du processus. Le constat qui en découle est que l’exclusion de l’opposition a occasionné des violences et actes de vandalisme le jour du scrutin, un fort taux d’abstention (près de 80%), des manifestions meurtrières et des arrestations dans le camp de l’opposition après le scrutin. Ce sont des baromètres qui sont très pris au sérieux en matière de démocratie. Et, aujourd’hui, le Bénin est au plus bas. Dans ces conditions, quel sera le regard des organisations parlementaires régionales et internationales à l’endroit des députés issues de telles élections ?
Siégeront-ils ou pourront-ils à la limite être autorisés à participer aux travaux ou à des assemblées générales avec des Parlementaires de la sous-région ou à l’international comme le Parlement européen, de la Francophonie, etc ? Même s’ils étaient acceptés, quelle serait leur fierté ? Pourront-ils comme jadis lever la tête haute, prendre la parole, opiner et faire des propositions, sans complexe, à des assises sur des questions de démocratie et de pluralisme qui restent aujourd’hui des préoccupations majeures pour des instances et institutions mondialement reconnues ? Autrefois, au sein de ces organismes, les députés Béninois étaient très respectés. On leur jetait des lauriers parce qu’ils viennent d’un pays dont l’expérience démocratique est envié. Que reste-il aujourd’hui de cette renommée et quelle en sera les conséquences pour les actuels députés ? Hier déjà, par le biais d’un communiqué, l’Assemblée parlementaire de la francophonie a émis de vives critiques sur les législatives non inclusives.