Les années marquées par une corruption endémique ont laissé des traces dans l’administration béninoise. C’est ce qu’il convient de conclure à la lecture du compte-rendu du conseil des ministres du mercredi 29 mai 2019 qui s’est penché sur les rapports des Inspections générales des ministères (Igm) entre janvier et décembre 2018.
Les mauvaises habitudes et pratiques ont la peau dure. La détermination affichée par Patrice Talon depuis 2016, pour remettre la rigueur et le respect de l’orthodoxie financière dans l’administration publique, n’a visiblement pas émoussé l’ardeur de certains fonctionnaires indélicats. En effet, après examen des197 rapports produits par 16 ministères en 2018, il a été relevé de graves insuffisances concernant notamment les marchés publics, la gestion du matériel et du patrimoine de l’Etat, la performance des structures contrôlées, la gestion administrative, financière et comptable, la gestion des ressources humaines et la gouvernance administrative des structures. Les insuffisances liées à la gestion financière et comptable ont mis en exergue des frais indûment perçus ou détournés (frais de missions et Tva notamment) à d’autres fins et non recouvrés, ce qui constitue un manque à gagner pour l’Etat. D’ailleurs, certains inspecteurs, ayant compris l’enjeu, ont œuvré pour le recouvrement de ces frais : leur diligence a permis de ramener les montants non recouvrés à 1.017 milliard FCfa au 31 décembre 2018, contre 2.4 milliard au 31 décembre 2017, soit une baisse de 42%. Mais en dépit de cette nette amélioration, des efforts restent à faire pour assurer au plan financier notamment, une gouvernance de qualité dans l’Administration publique. C’est pourquoi le gouvernement a instruit le ministre de l’Economie et des finances, à l’effet d’organiser un séminaire pour rappeler aux administrateurs, les rôles et responsabilités des Conseils d’Administration des offices et sociétés d’Etat, ainsi que l’impératif de renforcement des dispositifs de contrôle interne. Un autre séminaire sera organisé pour rappeler aux comptables, régisseurs et assimilés, les procédures d’exécution des dépenses publiques, afin de proscrire les pratiques telles que les préfinancements entre les structures, l’émission d’ordres de mission sans l’exécution effective de la mission, le paiement de dépenses non éligibles ou dont les pièces justificatives ne sont pas valables.
Il reste à sévir
Il sera également rappel2 à ces derniers l’obligation de reverser systématiquement au Trésor public la TVA collectée. S’en suivront des séances de sensibilisation des Inspecteurs généraux des ministères, pour une harmonisation des pratiques en matière de recouvrement des fonds indûment perçus ou détournés. C’est lieu de dénoncer la persistance des frais indûment perçus ou détournés dans nos administrations (frais de mission et Tva), malgré les sanctions qui, dans un passé récent, ont été infligées aux auteurs de tels écarts. Il est donc souhaitable, afin de circonscrire le phénomène, que le gouvernement multiplie ces formations en vue d’harmoniser et de partager les méthodes de recouvrement des fonds détournés ou indûment perçus. On ne peut donc que saluer le professionnalisme et le sens du devoir des inspecteurs qui ont excellé dans les recouvrements en abaissant de 48% les montants non recouvrés. Pour beaucoup, le chef de l’Etat ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. Patrice Talon devra prendre à bras-le-corps le phénomène en poursuivant les auteurs.