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Législatives du 28 avril 2019 : Gatien Adjagboni fait le point

Publié le lundi 3 juin 2019  |  Le Matinal
Gatien
© aCotonou.com par DR
Gatien Adjagboni, président du creuset Mitchité-Enagnon ont rallié l’Union fait la nation
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Le Président directeur général (Pdg) de »Tincy » Gatien Sèdami Adjagboni, suppléant du député Nobimè Patrice Agbodranfo sur la liste de l’Union progressiste (Up) dans la 16ème circonscription sort de son mutisme après les dernières législatives. Au détour d’une rencontre avec les journalistes Peace Hounyo (Reporter Bénin), Fidèle Nanga (Océan Fm/Le Matinal) et Bonaventure Agbon (Bénin Intelligent), il expose son avenir politique et sa lecture de l’actualité.

Le Matinal : M. Gatien Sèdami Adjagboni ! Vous êtes un acteur politique, président de l’ex- mouvement « Mitchité-Enagnon » et membre fondateur de l’Union progressiste. Quel est votre sentiment après cette campagne pour les élections législatives, campagne dans une ambiance particulière où on vous a vu très actif sur le terrain, campagne qui a consacré votre élection en tant que député suppléant du candidat Nonbimè Patrice Agbodranfo sur la liste Up dans la 16ème circonscription électorale ?



Gatien S. Adjagboni: Avant toute chose, permettez-moi de remercier les sympathisants et militants qui ont cru en moi, notamment la jeunesse de la 16ème circonscription électorale avec à la clé les braves femmes et hommes qui ont eu des mots affectifs à l’endroit de ma modeste personne.

Ensuite, pour revenir à votre question, je dirai que ma participation aux élections législatives a été une belle aventure humaine et mon sentiment est un sentiment mitigé, car je pense qu’on aurait pu mieux faire, mes camarades et moi, pour avoir au minimum 4 sièges dans la 16ème, mais on fera mieux la prochaine fois.

Au regard du travail abattu, pour ceux qui vous ont suivi depuis toujours, nous avons été surpris par votre positionnement (3ème suppléant). Nous vous voyons plutôt titulaire tête de liste ou au pire parmi les trois premiers titulaires. Je le perçois comme un échec M. Adjagboni, qu’est-ce qui s’est passé ?

(Sourire) Rien ne s’est passé en particulier. Entre une ambition personnelle et la réalité politique du moment, il faut apprendre à composer avec et surtout avec les décisions des instances du parti, discipline de groupe oblige, sinon nous ne sommes plus un groupe. C’est le premier point. Mieux, le deuxième point est qu’il nous faut éviter de discuter des titres, mais du contenu, suppléant ou titulaire, il faut relativiser. Autrement dit, nous travaillons pour être utile au parti et à nos populations, c’est le plus important. Le troisième point est qu’au-delà de tout, ne perdons pas de vue qu’au début de cette aventure au sein de l’ex-Mitchité Enagnon, nous étions arrivés à la conclusion que les barrières en politique sont élevées. Si malgré ces barrières élevées, ma famille politique, l’Union progressiste a jugé que j’étais utile pour être candidat dans cette posture, c’est déjà une forme de victoire même si elle peut sembler mitigée. Le quatrième point pour finir sur cette question est qu’il faut quand même souligner par ailleurs que sur la liste de l’Union progressiste dans la 16ème, deux candidats sont issus de l’ex-mouvement Mitchité Enagnon. Ce n’est pas rien.

Avant et après les élections, il y a eu l’appel des anciens Chefs d’Etat à la résistance avec à la clé, les événements de Cadjèhoun. Que dites-vous de cet appel ?

Je prends acte de leur appel à la résistance, mais je note aussi que le Chef de l’Etat dans son allocution a tendu de nouveau la main à l’ensemble de la classe politique, je dis de nouveau car ce n’est pas la première fois qu’il adopte cette posture volontaire pour le dialogue. Par conséquent, je nous invite tous à saisir cette perche et à nous projeter dans l’avenir pour construire notre dénominateur commun qui est le Bénin.

Adjagboni, construire le Bénin d’accord, mais que pensez-vous, vous acteur politique, de l’appel des anciens Chefs d’Etat avant une projection dans l’avenir ?

Puisque vous insistez, j’estime que nos anciens Chefs d’Etat que je respecte évidemment, ne sont pas dans le bon rôle de fédérateurs et de conseils comme on le voit ailleurs, et leur appel à la violence ainsi que l’appel de l’opposition à la violence m’attriste profondément, et je dis très clairement qu’ils font preuve de « témérité » plus que de « logique » car il y a une différence entre être têtu et être téméraire. Être têtu a quelque chose parfois d’admiratif en fonction du sujet en face, cela peut être perçu comme de l’endurance face à un sujet, mais être téméraire c’est autre chose. Je parle de témérité parce que la réforme du système partisan est votée, promulguée et vidée avec la participation de tous les acteurs politiques, y compris la participation de l’opposition. Pour mémoire, ça s’est fait à l’Assemblée nationale, pas au marché Dantokpa. Mieux, j’ai eu une belle leçon de démocratie que je partage avec vous. Dans le cadre d’une conférence que j’animais avec des élèves, lors d’une digression, j’ai demandé : quand vous ne vous entendez pas pour trancher sur un sujet, comment faites-vous ? Ils ont expliqué très simplement en prenant l’exemple du professeur qui propose de faire des Td soit le mercredi après-midi soit le samedi matin. Vu qu’il y a certains qui sont favorables au mercredi ou au samedi en fonction des activités extra-scolaires (judos, piscines etc.), la classe procède au vote. Sur 35 élèves, si 25 votent pour le samedi les 10 autres se débrouillent pour s’aligner sur la décision du samedi. Ils ne vont pas faire brûler des pneus devant la salle où les Td doivent se faire ou incendier la salle de classe pour dire les Td n’auront pas lieu.

Je trouve que les élèves ont donné là une belle leçon de démocratie.

Mais dans tous les cas, tournons-nous tous vers la main tendue du Chef de l’Etat pour apaiser les tensions.

L’ancien président Nicéphore Soglo a déclaré avoir fait le tour des Chefs d’Etat et des institutions pour leur demander de ne pas accompagner le Bénin. Que pensez-vous de cette démarche ?

Sur cette question voyez-vous, j’invite les acteurs politiques à la patience car retenez que le « temps a du talent ». Je reste convaincu qu’avec le temps, et ce temps va devenir relativement court, que chaque béninois se fera une meilleure opinion de ces acteurs politiques ainsi que de la nécessité ou non de procéder à leur renouvellement.

Dites-nous un mot sur le taux de participation. Pensez-vous que, comme beaucoup l’affirment, la peur de sortir a eu raison des électeurs ?

La peur de sortir en raison des menaces oui un peu, mais aussi l’absence des cartes d’électeurs (beaucoup l’ont perdues), l’aspect financier (l’argent n’a pas circulé comme d’habitude), le désamour entre les concitoyens et les hommes politiques en raison de l’image que renvoient les hommes politiques à travers l’enrichissement illicite via les détournements et ses corollaires …

A mon humble avis, quand vous faites une analyse à froid, vous verrez que le premier point que vous relevez, « le facteur menace » doit compter à peine pour 10% sur une base de 100% du taux de participation.

Justement, à propos de l’adresse du Chef de l’Etat à laquelle vous faites allusion, l’opposition condamne un certain mutisme avant sa prise de parole et suite à son allocution, elle parle de « gorges chaudes », d’une sortie impertinente, outrageante, et même méprisante. Que dites-vous de telles affirmations et que retenez-vous concrètement du message du Chef de l’Etat ?

Rassurez-moi, vous faites bien allusion à l’allocution du Chef de l’Etat que nous avons tous suivi le 20 mai 2019 ?

Oui M. Adjagboni.

Dans ce cas, j’ai l’impression à tort ou à raison que l’opposition avait déjà son allocution rédigée dans un tiroir avant la sortie effective du Chef de l’État car il y a des termes utilisés qui ne cadrent pas à mon humble avis avec les propos du Chef de l’Etat. Mais soit ! Avançons…

Pour ceux qui parlent de mutisme du Chef de l’Etat et de délai de prise de parole, je crois que chacun peut avoir son avis en ce qui concerne le timing de la prise de parole du Chef de l’Etat. D’autres auraient préféré qu’il parle 4 jours avant ou 4 jours après, je le leur concède mais pour moi c’était le bon moment, parce que cela intervient après un processus difficile.

Ensuite, quand on parle de sortie outrageante, impertinente, méprisante, etc. je prends acte de l’avis des acteurs politiques de l’opposition que je vais continuer par méditer. Je préfère m’en arrêter là, car je prône le dialogue et la paix et je ne peux pas prôner la paix et chercher à répondre à ces affirmations que vous relevez.

Au-delà, des affirmations de l’opposition, de l’intervention du Chef de l’Etat Qu’est-ce qui a retenu votre attention ?

Au-delà d’inviter à la paix et au dialogue, j’ai vu un président qui assumait l’orientation du navire, j’ai vu un président patriote, amoureux du Bénin, … Enfin, j’ai vu un président se posant la question : Est-ce-que mon peuple est prêt pour cette accélération ? Je ne vais pas répondre tout seul à cette question, mais je nous invite à réfléchir là-dessus car j’ai bien l’impression que « nous sommes victimes de notre succès, du succès politique de la conférence nationale et nous n’arrivons plus à nous réinventer pour faire face aux enjeux d’aujourd’hui », c’est dommage et nous devons corriger cela. Aussi ai-je l’impression que nous sommes victimes d’un « syndrome » que je n’arrive pas encore à identifier, c’est-à-dire que nous nous combattons plus que nous travaillons ensemble. Nous portons un Chef d’État et ensuite nous mettons toute notre énergie à le combattre et quand ce dernier quitte le pouvoir, il rejoint ceux qui l’ont combattu pour combattre le nouveau qui est là. C’est un cercle vicieux qui, à mon humble avis, mérite réflexion.

Que pensez-vous du nouveau bureau de l’Assemblée nationale ?

Satisfaisant ! C’est la première fois que nous avons une femme Vice-présidente, il y a de nouveaux visages avec à la clé une bonne représentativité des différentes régions pour l’équilibre et nous avons un président qui, je suis sûr pour l’avoir côtoyé que ce soit à l’Un ou à l’Up, qu’il conduira bien la barque, il est très volontaire et travailleur.

Adjagboni, il semble que malgré tout ce que disent les institutions de positif sur le Bénin, avec des évidences notamment la facilité à lever des fonds grâce à une signature certainement plus crédible, les critiques se font grandissantes contre le gouvernement. Qu’en dites-vous ?

Déjà, ce n’est pas automatiquement ceux qui font vacarme qui disent forcément la vérité, le lien n’est pas direct. Ensuite, les critiques ne peuvent « ne pas exister » ; cela s’inscrit dans une certaine normalité des choses, surtout en démocratie. Moi je dis « critiques oui » mais « critiques constructives » c’est mieux. Par ailleurs, je dis que ce qui est important c’est ce que fait un Chef d’Etat de son pouvoir au moment où il est dans la fonction, « pas après », pour changer positivement les choses et inscrire son pays dans la dynamique du développement dans la durée.

Et puis vous savez les pays qui sont cités en exemple aujourd’hui, le Ghana ou le Rwanda par exemple, c’est vrai que je suis d’accord avec les personnes qui disent qu’on ne peut pas nous comparer parce que nous n’avons pas les mêmes histoires etc., ils ont raison mais nous avons quelque chose de commun : renseignez-vous et vous verrez que leurs présidents n’ont pas toujours été applaudis. En conclusion, c’est plus difficile de discerner quand la personne est en pleine action qu’à l’arrivée.

Dans tous les cas, l’Afrique en général et le Benin en particulier a besoin d’un président patriote et audacieux, un président qui a le courage de tourner dos aux formules connues qui n’ont pas marché comme c’est le cas aujourd’hui.

Cet entretien s’achève. Qu’est-ce que vous nous réservez sur le terrain politique les années à venir ?

Une chose est certaine, le combat politique pour le bonheur des populations et non pour le bonheur d’un groupe d’individus se poursuivra. Maintenant pour le reste, je ne peux rien décréter tout seul, je suis comme vous l’avez constaté, dans une famille politique. Par conséquent, ne mettons pas la charrue avant les bœufs ; je reste positif, l’avenir nous édifiera.

Propos recueillis par: source Océan Fm
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