A la faveur de son dernier message à la nation, le président Patrice Talon a promis convoquer toute la classe politique pour des échanges directs, francs et constructifs au profit du Bénin. Mais depuis cette annonce, l’eau a coulé sous le pont.
Depuis l’installation des députés de la huitième législature, le Bénin qui a traversé des moments de violences est entré dans une période de paix apparente. Cette paix trompeuse ne signifie pas absence de crise dans un pays où les dernières législatives ont réussi à diviser les populations.
Conscient de l’existence de la crise, le chef de l’Etat lors de son dernier message adressé au peuple béninois a promis initier des échanges avec les acteurs politiques pour calmer les tensions. Mais depuis cette annonce, c’est le calme plat qui s’en suit. Aucun indice d’une quelconque préparation d’un dialogue pouvant faire revenir la paix dans les cœurs. Qu’attend-on réellement pour aller aux échanges?
Qu’est ce qui pourrait justifier le retard dans le dialogue annoncé?
Au lendemain de l’adresse du président Patrice Talon, plusieurs partis politiques ont saisi la main tendue du chef de l’Etat et ont garanti leur participation à cet échange. C’est le cas par exemple du parti des forces cauris pour le développement du Bénin de Soumanou Toléba et celui de l’ union pour le développement d’un Bénin nouveau (UDBN) de l’honorable Claudine Prudencio. Certains partis de l’opposition radicale au pouvoir du président Patrice Talon comme le parti des Forces Cauris pour un Bénin Émergent, du parti Restaurer l’Espoir et celui de l’union sociale libérale posent par contre des conditions pour participer aux échanges.
Par ailleurs, la conférence épiscopale du Bénin a offert sa disponibilité pour jouer le rôle de médiateur de la paix dans la conduite du dialogue. Presque tout semble donc réuni pour que la promesse du chef de l’Etat se matérialise. Mais dans la pratique, rien ne présage la tenue de ces échanges. Des difficultés apparentes dans l’organisation qui pourraient justifier ce retard.
Le format à choisir: le choix du format a adopté pour le dialogue semble déjà être une première difficulté. L’option de l’opposition est une assise nationale qui conduira à de nouvelles normes sociales au delà du cadre juridique existant. Une option difficile à accepter pour le pouvoir du président Patrice Talon.
La sincérité des échanges: la deuxième difficulté est liée aux terminologies employées par le chef de l’Etat: « des échanges directs, francs et constructifs au profit de notre bien commun« . La crise de confiance entre les acteurs politiques constituent aussi des difficultés à ce dialogue. Pour l’opposition radicale, le président Talon n’est pas un homme d’écoute et on ne peut pas lui faire confiance.
Les préalables exigés par l’opposition: dans cette crise de confiance, une partie au dialogue, notamment l’opposition exige des garantis de bonne foi du chef de l’Etat qui n’inspire plus à leurs yeux confiance. Les dernières audiences accordées au président Nicéphore Soglo qui a reçu la promesse d’une amnistie générale aux exilés politiques est sans doute encore vivace dans leurs esprits.
Des actes qui ne rassurent pas: la dernière tentative d’arrestation de l’ancien ministre de l’économie et des finances, Komi Koutché alors que la promesse d’un dialogue est en instance et le prolongement de l’état de siège du domicile de l’ancien président Yayi Boni, ne constitue pas des actes propice à la création d’une atmosphère favorable aux échanges.
Le gouvernement et son chef ont donc une grande responsabilité pour rassurer la classe politique appelée à cet échange. Car la paix a toujours été un terreau favorable pour le développement.