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Bénin/Parlement monocolore, désarticulation de la justice : L’avocat de Koutché préoccupé, alerte !

Publié le jeudi 6 juin 2019  |  Matin libre
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© Le Matinal par DR
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« Certains (…) font l’objet de procédures arbitraires (…) », Me Diouf Depuis Dakar où il a organisé une conférence de presse, lundi 3 juin 2019, Me El Hadji Moustapha Diouf s’est préoccupé de la situation sociopolitique au Bénin. Les élections législatives du 28 avril dernier assorties d’un Parlement entièrement acquis au Pouvoir de Patrice Talon, la restriction des libertés individuelles et collectives, l’affaiblissement du pouvoir judiciaire ont été les points forts de cette sortie médiatique de l’Avocat de l’ancien ministre d’Etat béninois et opposant, Komi Koutché.

C’est un Maître El Hadji Diouf visiblement déçu, révolté et très amer qui était face à la presse locale et internationale. D’ailleurs, dans le choix des mots, cela pouvait se remarquer aisément. L’Avocat sénégalais, ancien ministre et ancien député n’a pas été du tout tendre en peignant la situation sociopoltique au Bénin, sous la présidence de Patrice Talon. « Le Bénin est le pionnier pour installer l’Afrique dans la démocratie à partir d’une conférence nationale, à l’époque initiée par le président Mathieu Kérékou. Jusqu’à l’avènement de Talon, son élection à la tête de l’Etat béninois, le Bénin a fonctionné comme un Etat démocratique. », rappelle Me Moustapha Diouf. « Depuis l’élection de M. Patrice Talon, c’est la violation flagrante des droits des populations béninoises et surtout des opposants. Certains sont embastillés, emprisonnés, d’autres pourchassés et font l’objet de procédures arbitraires et injustes. », fait-il ensuite remarquer. Dans son développement, le praticien du droit avance deux faits. Le premier est relatif à ce qu’il qualifie d’agissements du pouvoir Talon contre son client Komi Koutché, arrêté en Espagne et libéré par la justice Madrilène après un procès en défaveur de son extradition. L’Avocat de l’ancien Directeur général du Fonds national de la microfiance et ancien ministre de la Communication a également porté à la connaissance des professionnels des médias une autre arrestation manquée de son client, à Conakry, après qu’il a quitté Madrid pour les Etats-Unis où il poursuit ses études universitaires depuis trois ans. « Justement, il n’y a pas de démocratie. Le Juge qui a osé s’opposer à la demande de monsieur le Procureur qui avait cherché l’arrestation de Komi Koutché au deuxième mandat, le juge a été relevé, et l’affaire qui était pendante devant son cabinet d’instruction a été envoyée à une Cour de répression de l’enrichissement, une Cour fantoche créée pour la circonstance, alors que dans la gestion du Fonds, M. Koutché avait un quitus délivré par les enquêteurs qui l’avaient audité, mais on lui cherche la petite bête. Partout il est blanc comme neige, le président est complètement déboussolé. Il veut coûte-que-coûte sa tête et les Juges lui ont dit niet ! », dénonce Me El Hadji Diouf. Et d’ajouter : « (…) il est allé jusqu’à lui retirer son passeport ordinaire parce que M. Koutché voyage avec un passeport ordinaire en tant qu’ancien ministre d’Etat, ministre des Finances et de l’économie. Et il dit qu’il a annulé son passeport ordinaire, donc M. Komi Koutché ne doit même plus voyager. Il ne doit plus rentrer chez lui. Il doit être apatride ». L’Avocat au Barreau du Sénégal estime que les faits de mauvaise gestion du Fnm qu’on colle à son client ne sont nullement fondés. Il y voit plutôt un prétexte politique pour se débarrasser d’un leader de l’opposition béninoise, potentiel présidentiable, craint par le pouvoir en place. « C’est ce que je voulais dire sur M. Komi Koutché qui est la figure emblématique de l’opposition, qui est comme vous le savez, l’espoir du peuple béninois, qui est extrêmement populaire et qui est considéré comme le futur président de la République du Bénin. Aujourd’hui il est traqué, persécuté et ça ne pourra pas continuer ».

Démocratie mise à, mal au Bénin, l’appel de Me Diouf


Après ce chapitre Koutché qui a permis au praticien du droit de montrer l’affaiblissement du pouvoir judiciaire sous le régime Talon, il a dénoncé la remise en cause de la démocratie au Bénin depuis trois ans de gouvernance Talon. Il met le doigt sur l’abcès : « L’Assemblée nationale du Bénin est monocolore. Il a empêché toute l’opposition de se présenter pour obtenir des députés. Toutes les organisations des droits de l’Homme étaient saisies ….. Vous avez vu après les élections législatives, les forces de l’ordre ont encerclé la résidence de l’ancien président Yayi Boni, il y a eu morts d’hommes », regrette Me Diouf qui n’est pas ému par la main tendue du président de la République aux forces de l’opposition. « C’est le médecin après la mort. Il a choisi une Assemblée monocolore en excluant toute l’opposition de la représentation nationale. Ce sont ses deux partis qui lui sont favorables qui ont été autorisés à présenter les listes. Aujourd’hui l’Assemblée nationale du Bénin est à 100% Talon. Ça c’est la mort de la démocratie, la grande démocratie béninoise. C’est l’assassinat de la démocratie béninoise… ». Sur ce, Me El Hadji Moustapha Diouf, qui reste un du collège d’Avocats de l’ancien ministre de Yayi Boni, lance un appel : « C’est la raison pour laquelle, on voulait, à partir de Dakar, ancienne capitale de l’Aof, vitrine de la démocratie en Afrique, Dakar porte d’entrée pour les européens en Afrique, Dakar ville symbolique dans la lutte contre la dictature, (…) lancer un appel solennel au peuple d’Afrique pour qu’ils viennent en aide au peuple béninois (…) Cette situation ne peut pas perdurer. Halte !…. », martèle-t-il. Pour finir, Me Diouf a confié à la presse que des organismes sous régionaux et internationaux auxquels le Bénin appartient sont saisis de la situation : « Ah oui, on a déféré ses agissements devant la Cour de justice de la Cedeao, devant la Cour de l’Union africaine, devant toutes les instances internationales y compris les Nations unies. Et donc, la Cpi parce qu’il il y a eu mort d’hommes. Vous savez après les élections législatives, on a encerclé la villa de l’ancien président Yayi Boni et le peuple est venu pour servir de rempart pour se dresser contre les forces de l’ordre (…) et on a tiré sur ce peuple-là… ».

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