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Les banques régionales montent en puissance

Publié le vendredi 7 juin 2019  |  Les pharaons
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© Autre presse par DR
les billets de banques
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Dans un paysage bancaire en pleine ébullition, la fulgurante expansion de groupes issus du continent vient bousculer des acteurs implantés de longue date

Un changement peu visible mais profond est en cours dans de nombreux pays en développement : la régionalisation des systèmes bancaires. Les banques étrangères ont toujours été des acteurs importants dans de nombreux pays d’Asie, d’Europe centrale, d’Amérique latine et d’Afrique. Cependant ces banques étaient originaires d’Europe occidentale et des États-Unis. Une tendance actuelle est au retrait relatif des banques occidentales au profit des banques des pays émergents, et notamment des banques régionales (banques étrangères issues de pays du même continent).

Connaissance du terrain

La situation africaine est particulièrement intéressante à plusieurs niveaux. Premièrement, le continent a été marqué par une rapide expansion des banques régionales qui sont devenues des acteurs majeurs en quelques années seulement.

L’expansion de ces groupes bancaires régionaux s’est accélérée après les difficultés qu’ont connues les banques européennes et américaines lors de la crise de 2008, laissant le champ libre à ces nouveaux acteurs. Mais les conséquences de la régionalisation sur les marchés d’accueil sont encore mal connues. Dans une série de travaux, nous avons étudié ces effets à partir du cas africain.

Les plus grands groupes, tels que Standard Bank Group, Attijariwafa Bank, Ecobank ou United Bank for Africa, sont implantés dans une vingtaine de pays de la région et les banques régionales gèrent plus d’actifs que les banques locales ou que les autres banques étrangères. Ces banques sont issues de plusieurs pôles régionaux, qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud (Standard Bank Group), du Kenya (Kenya Commercial Bank Group), du Nigeria (United Bank for Africa, Guaranty Trust Bank, Diamond Bank), d’Afrique de l’Ouest francophone (Ecobank, Bank of Africa) ou du Maroc (Attijariwafa, BMCE). Après une expansion vers les pays voisins, ces grandes banques sont sorties de leur zone d’influence pour ouvrir des succursales sur l’ensemble de l’Afrique. Ainsi, Ecobank, originaire du Togo, est aujourd’hui présente partout en Afrique.

Deuxièmement, la question de l’efficacité du système financier est cruciale pour ces pays. En raison de la dynamique démographique en cours, les pays africains sont dans l’obligation de stimuler le secteur privé afin de créer suffisamment d’emplois. Or, la difficulté de l’accès au financement est l’un des obstacles principaux au développement des entreprises. Les systèmes bancaires africains remplissent aujourd’hui mal cette fonction et l’accès au crédit reste complexe pour la plupart des entreprises et des ménages.

Une littérature riche a étudié les effets des banques étrangères dans les pays en développement sans pour autant aboutir à un consensus clair. Si les banques étrangères sont plus performantes que les banques locales d’un point de vue technique (meilleure technologie, accès aux fonds plus aisé, etc.), elles souffrent d’un désavantage informationnel. En effet, une banque internationale est mal équipée pour opérer dans un marché dans lequel les clients ne peuvent pas toujours produire des documents écrits (fiches de salaire, bilans comptables certifiés). La connaissance du terrain est cruciale pour pouvoir évaluer correctement les projets soumis. Les banques locales ont l’avantage de cette connaissance, notamment dans les pays les plus pauvres.
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