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Le Confrère de la Matinée N° 0915 du 8/11/2013

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Ignace Don Metok à votre journal : " J’ai une série de concerts en vue, sur le territoire national et à l’étranger" (Il parle du milliard culturel, de Guru record, de sa vie…)
Publié le vendredi 8 novembre 2013   |  Le Confrère de la Matinée


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Ignace DON METOK, chanteur béninois, connu pour ses morceaux régulièrement bien conçus, et comme par hasard, souvent bien ajustés aux moments vécus par la société, est certainement l'artiste qui a marqué l'année qui s'achève, à travers son morceau fétiche ''ATRITO''.
Votre journal, " LE CONFRERE DE LA MATINEE ", a rencontré pour vous, cet artiste qui force tant aujourd'hui l'admiration du public béninois. Interview…

LE CONFRERE DE LA MATINEE : Voudriez-vous bien vous présenter à nos lecteurs ?

DON METOK : Je me nomme METOKIN SOUROU Ignace à l'état civil. DON METOK est mon nom d'artiste. Je suis originaire de Savalou. Je suis vedette de la chanson béninoise, africaine et mondiale. Je suis né d'un père savalois, plus précisément de Monkpa, et d'une mère native d'Allada. Elle est du village d'Avakpa Kpanou. Je n'ai pas fait de longues études scolaires et universitaires. Je suis né à Allada, j'ai fait mon cours primaire à l'école primaire d'Allada autrefois appelée école laïque. Après le Bac, je me suis inscrit au BTS. J'ai fait le BTS en Informatique Industrielle et Maintenance (2IM). Juste après cela, je suis parti en aventure. Mais j'ai compris après que mon chemin était ailleurs. Après avoir passé cinq (5) ans en aventure, je suis revenu au pays pour continuer ce que je sais faire le mieux.


Pourquoi DON METOK ?
DON METOK veut dire don de mettre OK. D'où ''DON'' ''MET'' ''OK'' qui donne DON METOK. J'ai eu ce nom au collège grâce à mes copains qui ont trouvé que j'avais le don de mettre tout le monde d'accord, c'est-à- dire free ou bien Ok.

La musique est-elle pour vous un don, une passion ou un héritage ?
Je ne saurais dire si c'est un don ou autre chose, mais je peux dire que je suis venu à la musique par passion. Peut-être, c'est un destin caché en moi. Moi, j'aimais jouer. Je voulais devenir un footballeur. C'est vrai que dans ma famille, ma maman chante, elle aime beaucoup chanter, mais elle n'est pas artiste, mon papa aussi chante, frères et sœurs aussi, tout le monde chante. J'ai été bercé dans la musique surtout par ma maman parce que, quand j'étais petit, elle me chantait les chansons traditionnelles. Les dimanches, elle nous rassemblait, on dansait et elle nous donnait de petits cadeaux. Elle nous permettait de nous éclater les dimanches. C'est comme ça que moi, j'ai été moulé dans la musique. Aussi, au cours primaire, je chantais en classe ; sinon, avant je chantais pour le plaisir de chanter, je faisais les récitals pour égailler les amis. Les choses ont véritablement commencé plus tard quand je suis venu au collège. A la faveur d'un concours inter-collèges dénommé " Vedette en herbe " organisé par l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB), grâce à la grande sœur Valérie ETEKA qui était à l'époque, si j'ai bonne mémoire, réalisatrice. Lors de ma prestation, je me suis fait remarquer par le public. On a fait deux (2) fois le même concours qui réunissait tous les collèges du Bénin. La première fois, c'étaient tous les collèges de Cotonou. A la fin, j'ai été troisième. La deuxième fois, c'était quinze collèges du Bénin, et sur les quinze (15), j'ai décroché le premier prix, j'étais le lauréat. J'ai reçu un clavier et c'est par là qu'a commencé ma carrière musicale. Le concours était un concours radiotélévisé et à la fin du concours, j'ai été approché par un monsieur de la place, un producteur qui n'est plus de ce monde, paix à son âme. Il s'agissait de Paul André Quenum. Il a envoyé quelqu'un vers moi pour me demander de venir. Lui, à l'époque avait une écurie de musiciens appelée " Musi germe ". Cet homme avait pour objectif de produire de jeunes musiciens, et comme il m'a vu à la télé, il a demandé à quelqu'un de venir m'appeler. A cette époque, il y avait aussi un autre collègue qui, lui aussi, n'est plus, Babadjala. Il faisait partie de l'écurie. Ensemble, on a commencé par travailler. Quand j'étais parti, j'avais peur car mon ambition n'était pas de faire de la musique. Mais j'étais parti par simple curiosité pour voir comment cela se passait, si bien que, quand on me demandait de proposer des chansons, je leur dis que je n'ai aucune chanson. Il faut dire que ce concours m'a permis d'avoir ce clavier qui m'aidait à m'entrainer. Cet instrument m'a véritablement permis de rentrer dans le corps musical. C'est cela qui m'a aidé à composer mes toutes premières chansons comme " Justice est corrompue " qui sera d'ailleurs le titre de mon premier album en 1996. J'ai eu cette chance grâce à ce concours organisé par l'ORTB dans les années 92, 93 et 94.


Vous ne vouliez pas devenir artiste chanteur musicien ; peut-on savoir votre carrière envisagée au départ?
Malheureusement au Bénin, quand on est au collège, on ne sait pas où on va. On passe les classes mais on ne sait pas réellement ce qu'on veut devenir ou ce qu'on veut faire. La majorité des élèves ont pour souci de passer en classe supérieure sans vraiment savoir ce qu'ils veulent faire. Je pensais, je réfléchissais comme tous les autres élèves, je me demandais ce que je ferais plus tard. En ce moment, j'aimais beaucoup jouer. Je rêvais d'être footballeur. Mais mes grandes sœurs avec qui j'étais, me l'interdisaient et me décourageaient. On me châtiait à chaque fois que j'allais assister à une rencontre de football. Cela me décourageait, et quand cette opportunité m'est présentée, je l'ai saisie. Je me suis réfugié dans la musique et je le faisais sans ambition, sans pour autant penser être un musicien chanteur. Mais malgré tout, je mettais un sérieux dedans. J'étais rigoureux envers moi-même et quand je prends le micro pour me mettre devant un public, je faisais tout pour me faire remarquer, pour séduire le public. J'avais l'appréciation des uns et des autres. Depuis le collège jusqu'à mon entrée dans l'écurie. Ils encourageaient et appréciaient mes manières de faire, de chanter. Je prenais tout ça comme des plaisanteries. Au fur et à mesure que le temps passe, j'ai commencé par prendre conscience de tout ce qu'ils disaient. Donc, mon tout premier album " Justice est corrompue " avait été très bien apprécié par les gens. Pour moi, c'était un coup d'essai, je voulais seulement essayer quelque chose pour voir à quoi ressemble une composition. Tout cela, grâce à un grand frère ; et je profite de votre canal pour le saluer. J'étais très proche de lui. Un jour j'étais parti le voir pour lui demander de me dire comment on compose une chanson. Il m'a montré quelques notions de composition. En même temps, j'ai appliqué ces règles et j'ai composé les premières chansons. Quand je les ai amenées au studio, elles ont été appréciées par tout le monde. Je me suis dit, si les gens apprécient si tant ce que je suis en train de faire, il faut que je m'applique davantage. C'est parti comme ça, et à partir de cet instant, j'ai commencé à voir plus grand. Je me disais, si c'est ça, il faut que je le fasse bien. Il faut que les gens soient séduits par toutes mes prestations. Avant, quand je compose une chanson, j'hésitais. Je me disais, si ce n'est pas très bien, je ne sortirai pas cette chanson. C'est comme ça que tout s'est passé.

Y a-t-il des frères et sœurs qui ont embrassé la même carrière que vous ?
Non, nous avons un groupe de ''Tchinc'' dans la famille. Ce sont les grands frères qui animent le groupe. Tous ceux-là faisaient de la musique. Mais ils n'étaient pas des professionnels. On le faisait pour nous égayer, pour nous amuser. Mais disons que tout récemment, j'ai une sœur qui s'est donné le nom de Princesse METOK, qui désormais, essaie quelque chose qui n'est pas mal.

Vos parents sont-ils fiers de ce que vous faites ?
Ils m'ont beaucoup soutenu, surtout ma maman. Mais mes frères, je comprends leur inquiétude. Au départ, ils avaient peur parce qu'ils craignaient que la musique et le sport peuvent m'ouvrir la voie de la délinquance. Ils voulaient tout faire pour me caler sur la bonne voie qui est les études. Ils faisaient tout ce qu'ils pouvaient faire pour m'ouvrir le bon chemin. Moi je m'entêtais parce que pour moi, c'était une passion, une distraction, il fallait que je m'amuse. Je ne voulais pas me tuer pour les études. Me concentrer uniquement aux études, Je risque de devenir fou. C'était pour moi un refuge où je devais aller pour me distraire et penser à autre chose. Je me suis caché pendant longtemps pour le faire. J'avais le soutien de ma maman qui me disait fonce mon enfant, ce que tu rêves de faire, je suis sûre que tu vas y arriver un jour. Mais après le concours auquel j'ai participé et j'ai eu le prix de la première place, mes sœurs ont déchanté toute suite. Quand elles m'ont vu à la télévision, leurs amis leur disaient, votre petit frère chante bien ; elles ont changé de langage. Elles ont commencé par m'encourager. Donc je les remercie aujourd'hui pour le soin qu'elles m'ont apporté. Donc après, toute la famille m'a soutenu et je leur dis merci.

Vous exécutez aujourd'hui quel rythme?
Aujourd'hui, je peux donner un nom au rythme musical que je fais. Au début, je faisais le reggae. Le reggae était ma musique de référence. Avant de rentrer dans la musique moderne, j'écoutais les Bob Marley, Lucky Doubé, Alpha Blondy… A force d'écouter ces personnes, j'ai voulu emprunter ce chemin. Mais très tôt, je me suis dit que cela ne serait pas bon que je sois sous l'ombre créée par les autres. Il faut que je me trace un autre chemin. Ce que j'ai commencé par faire depuis les années 98. Aujourd'hui, je peux me permettre de dire que je fais un style musical que j'ai baptisé la Tradi-Pop, qui veut dire la musique traditionnelle populaire.

D'où vous vient l'inspiration?
Mon inspiration vient de partout, de tout, et de rien. Surtout de tout ce qui me touche au quotidien.

Etes- vous satisfait de votre parcours ?
Je suis satisfait de mon parcours, je suis très satisfait. Certes, il y a eu des hauts et des bas, mais il y a eu de l'évolution. Beaucoup de choses ont été accomplies. Je rends grâce à Dieu pour tout, parce que sans l'aide du Seigneur, je ne serais pas là où je suis aujourd'hui. C'est vrai que tant qu'il reste à faire, rien n'est fait. Je dis toujours : ''Ce qui a été fait, n'est qu'une expérience et que le meilleur reste à venir''

Que faites-vous à part la musique?
Je dirai malheureusement et heureusement. Mais je dirai heureusement parce que, la musique m'apporte tout. Je peux créer autre chose, je ne fais maintenant autre chose que la musique. Elle me donne tout ce que je veux aujourd'hui. Ma plus grande source de revenu, c'est de la musique que je la puise. Je dis heureusement parce que, c'est l'erreur que nous commettons au Bénin en ce moment. L'homme doit faire quelque chose pour plaire aux autres. Pour être heureux, l'homme doit faire véritablement ce qu'il aime, moi j'aime la musique et puis je la fais et je suis à l'aise. Je suis content, très content et fier de ce métier. Ce métier m'ouvre beaucoup de portes ; ce qui me permet véritablement d'explorer le monde et de voyager partout. Je suis heureux et très fier de ce métier que je fais, aucun métier au monde ne m'aurait procuré ce bonheur, ce plaisir et autant d'argent.

Vous n'êtes donc pas d'avis avec ceux qui disent que la musique ne nourrit pas son homme au Bénin ?
Ce n'est pas que je ne suis pas d'accord avec eux. Les gens peuvent dire tout ce qu'ils veulent, il faut qu'ils fassent l'expérience. S'ils sont à ma place, je suis sûr qu'ils changeraient de langage. Qu'est-ce qui nourrit son homme au Bénin ? On ne voit pas. Les gens sont dans la fonction publique, mais à des moments donnés, se mettent dans la rue pour revendiquer. Ils se plaignent tout le temps. S'il y a grève, en même temps, on se met dans les rues pour crier. Tous les métiers au Bénin ont leurs difficultés. Cela ne peut pas nous décourager autant, pour que nous ne fassions ce que nous aimons. Je déplore le cas de beaucoup de gens aujourd'hui, qui sont obligés de faire ce qu'ils n'aiment pas. Si vous aimez ce que vous faites, même si vous n'êtes pas payés, on éprouve du plaisir à le faire. Je ne condamne pas ceux qui le disent, car ils sont dans leur position. Moi, je gagne de l'argent dans la musique donc je ne peux pas dire la même chose que les autres.

La sortie de vos albums coïncide souvent avec un évènement. Comment expliquez-vous cela ?
Je pense qu'il y a une main invisible qui guide les choses, parce que moi, quand je suis tenté de faire quelque chose, je la fais. Concernant les Ecureuils, ça été pour moi un soutien pour mon équipe nationale de football, parce que tous les Béninois les soutenaient de différentes manières. La musique et le sport étant deux choses qui vont de pair, et étant artiste, il faut composer un slogan ou une musique pour les galvaniser et permettre aux Béninois de se retrouver autour de ce slogan et de supporter leur équipe nationale. Cela a été mon idée et je l'ai fait. Je suis heureux qu'à chaque évènement, qu'il y ait des chansons qui accompagnent le Onze national et qui apportent la joie au cœur à tout le peuple. Je prie le bon Dieu de nous inspirer pour qu'à chaque instant, nous soyons au rendez-vous pour apporter notre pierre à l'édifice.

Guru Record représente quoi pour vous?
Je ne peux pas remercier Guru Record. Ce qu'il fait, si je dois lui dire merci, ce ne serait pas suffisant. Je voudrais simplement prier le bon Dieu afin qu'il lui donne la sagesse, la santé, pour qu'il puisse profiter de ce qu'il a semé, parce que c'est grâce à lui véritablement que je suis là où je suis aujourd'hui. Dans les années 2002, 2004, quand je cherchais des gens pour produire mes albums, c'était très difficile. C'est vrai qu'on se connaissait depuis les années 96, 97 et il nourrissait le désir de travailler avec moi. Mais il me voyait travailler avec d'autres personnes. Seulement, j'ai eu cette chance-là. A partir des années 2004, 2005, j'ai voulu relancer les choses autrement. Je l'ai approché et à bras ouverts, il m'a accordé cette opportunité. C'est de là que nous avons commencé et ça a donné ce que vous voyez aujourd'hui.

Combien d'albums avez-vous à votre actif ?
Je suis à mon quatrième album. Le premier, " Justice est corrompue ", est sorti en 96, 97 ; le deuxième, " Allez les Ecureuils ", a été mis sur le marché musical en 2004 ; quant au troisième, " La Vie ", il a été lancé en 2007 et le quatrième, " Hongan ", cette année 2013.

Quelle appréciation faite vous de la musique béninoise aujourd'hui ?
En tant qu'artiste, on doit être fier et heureux, parce que ce qui n'existait pas il y a de cela 10, 15 ans, est possible aujourd'hui. Le monde artistique s'agrandit et tout ce que produisent les artistes sont acceptables. On peut prendre deux ou trois mois et jouer que de la musique béninoise. Maintenant, toutes les conditions ne sont pas réunies pour permettre à ces artistes de véritablement vivre de leurs œuvres. Je profite de votre tribune pour lancer un vibrant message aux autorités de ce pays, de savoir qu'après tout ce qu'on a perdu, qu'il ne nous reste que notre culture. Elles peuvent faire la politique qu'elles veulent mais qu'elles n'oublient pas que la culture est d'abord le sous- bassement de tout développement. Il faut que nos autorités repensent à la politique culturelle pour que les artistes puissent continuer à faire valoir note culture partout dans le monde.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
Les difficultés sont d'abord d'ordre technique. Ce que nous faisons ne respecte pas toujours les normes internationales et c'est vraiment dommage. Cela nous pénalise sur l'échiquier mondial. Les œuvres que nous réalisons peuvent rivaliser avec les autres. Si vous faites un travail qui ne respecte pas les critères mondiaux, vous ne pouvez pas participer aux concours internationaux. Les techniciens que nous rencontrons ne sont pas assez formés pour faire le travail. L'artiste seul ne peut pas tout faire. C'est aux arrangeurs, aux habilleurs, de nous sortir quelque chose de potable, de beau et acceptée de tous. Il faudra le corriger dans l'avenir. L'autre chose difficile est la promotion. Après la production des œuvres, elles restent dans les quatre murs des studios et c'est très grave. Il faut chercher des canaux pour écouler ces dernières de l'autre côté. Des sponsors pour faire la promotion. Les œuvres sont bien faites, mais les vendre est très difficile et cela peut permettre à l'artiste de mourir de faim ou peut constituer son déclin. Il faut permettre à l'artiste de vivre de son œuvre.

Quand des artistes sont au studio, ils se plaignent de la pression ; est-ce le cas chez vous ?
Vous savez, aujourd'hui, les jeunes artistes sont pressés de produire. Je puis vous dire que depuis 1994, je suis à mon quatrième album. Des jeunes ont commencé il y a de cela 7 ans voire 9 ans, mais qui sont déjà à 6 ou 7 albums. Ce n'est pas une mauvaise chose, mais la prestation se remarque rapidement sur le terrain. On n'est pas assez outillé mais on veut être tout le temps là et pire, on n'a pas de bons producteurs. On a seulement des jongleurs qui profitent des jeunes. L'artiste doit avoir une équipe bien au point, bien solide autour de lui, à savoir, un manageur, un producteur, un preneur de son, un arrangeur…etc.. Si l'artiste ou le producteur veut faire tout à la fois, il y aura de pression. Mais il faut dire que chez moi, la seule question que je me pose est de savoir si l'œuvre sera acceptée par le public ? Est-ce qu'elle est vraiment prête pour être consommée ? C'est le stress que moi j'ai souvent.

Une gangrène tue les œuvres béninoises : la piraterie. Qu'en pensez-vous ?
Ce n'est pas la musique béninoise seule qui est victime de ce fléau-là, c'est le monde entier. La piraterie, c'est dans tous les secteurs d'activité. Si l'œuvre produite par l'artiste marche, les pirates viennent de partout pour en profiter. Elle nuit gravement la vie des artistes et les amène à la ruine. Chaque pays doit s'organiser de manière à lutter contre cela. Dans ce domaine, le Bénin a trop évolué et nous remercions le BUBEDRA et les grands frères comme TOHON, SAGBOHAN, et bien d'autres qui ont lutté pour anéantir un peu le fléau.

Quels sont les artistes que vous aimez le plus ?
J'aime tous les artistes qui chantent. Si vous faites quelque chose qui est bien, moi, je vous apprécie. Je ne fais pas de distinction mais j'encourage ceux qui ont la volonté d'apprendre à mieux faire. Sur le plan africain et mondial, j'aime beaucoup d'artistes. Mais ma seule référence, c'est Luky Doubé. Malheureusement, il n'est plus de ce monde.

Avez-vous le soutien du gouvernement ?
Le gouvernement a trop fait avec le milliard culturel. Avant, on était à 300 millions et quand vous présentez un budget de 5 millions, on vous donne 500 mille. Mais aujourd'hui, les artistes arrivent à prendre 2 millions, ne serait-ce que pour leurs œuvres. C'est vrai que pour faire un travail professionnel, c'est peu. Tant qu'il y a les moyens, on a l'ambition de mieux faire. Mais c'est déjà un grand effort de la part du gouvernement.

Comment expliquez- vous les décès au sein des artistes béninois cette année ; est-ce un manque de soutien ?
La vie est ainsi faite. On peut mourir à tout moment. Au moment où d'autres meurent, d'autres naissent. Aucun être vivant n'est immortel, nous sommes tous appelés à mourir. On ne peut pas parler de manque de soutien ou de suivi. Le métier que nous exerçons est une responsabilité qu'il faut assumer. Il ne faut pas se laisser à la facilité et dire que tout doit venir du ciel. Dès qu'on a un petit pépin, le ministère doit s'en charger. C'est le devoir du ministère de nous soutenir. Ce que nous gagnons, il faut mettre un peu de côté pour ses besoins. Les artistes n'ont pas plus de droits que les autres Béninois. Il y a beaucoup de Béninois qui sont dans les hôpitaux et qui meurent en désordre, mais personne n'en parle. Que chacun de nous prenne ses responsabilités.

Quels sont vos projets?
Assurer la promotion du nouvel album sur le plan national et international. Il y a des clips vidéo qui se préparent. Une série de concerts sont en vue pour très bientôt sur le territoire national comme à l'étranger, si Dieu nous prête vie.

Quel est votre met préféré ?
Ce que j'aime le plus, c'est l'igname pilée communément appelée ''Agoun'', à la sauce d'arachide.

Un message à l'endroit du peuple béninois…
J'aime le Béninois parce que, quand il veut être solidaire, il l'est vraiment. Je nous exhorte à garder espoir. Ce qui me fait mal, c'est que nous nous plaignons trop, nous nous plaignons de tout et de tout et c'est très dangereux. Nous créons par nos bouches ce qui peut nous arriver. Ce sont des prières que nous faisons en disant tout cela. Ces genres de choses prennent corps et c'est nous qui subissons, c'est nous qui ramasserons les pots cassés. Je voudrais voir un jour, quand je vais saluer un frère et lui demander comment ça va, qu'il me réponde : ça va très bien. Nous allons dorénavant rêver, croire que ce pays peut changer, et prier pour ses dirigeants.
Propos recueillis par
Juliette EZIN


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