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"Panique totale" dans le centre du Bénin: au moins deux opposants tués, 30 policiers blessés

Publié le samedi 15 juin 2019  |  AFP
La
© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
La manifestation du PNP n’a jamais démarré à Lomé ce samedi, elle a été dispersée
Lomé, le 19 août 2017. Préfecture d`AGOE. La marche du PNP n’a jamais démarré à Lomé ce samedi, elle a été dispersée via des tirs de gaz lacrymogène par les forces de l`ordre et de défense, plusieurs blessés ont été dénombrés.
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Plusieurs civils ont été tués par balles et une trentaine de policiers ont été blessés, dans les violences qui provoquent "une panique totale" dans le centre du Bénin depuis cinq jours, sur fond de rivalité entre l’actuel président Patrice Talon et son prédecesseur
Thomas Boni Yayi.

Au moins deux personnes ont été tuées samedi à Savè, dans le centre du
Bénin, alors que les forces de sécurité tentaient de déloger les opposants, mais on craint d’autres morts à Tchaourou, commune d’origine de l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi, un peu plus au nord.

Les violences ont éclaté dès mardi à Tchaourou après l’arrestation de deux personnes, accusées de violences électorales lors des législatives du 28 avril dernier.

Les populations, qui se sont soulevées contre ce qu’elles qualifiaient
"d’arrestations arbitraires", ont bloqué la route nationale, artère économique de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.

Après des jours d’affrontements entre opposants armés (appelés "chasseurs") et forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur, Sacca Lafia a annoncé vendredi qu’une trentaine de policiers avaient été blessés par des tirs de fusils artisanaux ou à l’arme blanche, sans donner de bilan du côté des civils.

Echanges de tirs

Les rares habitants de Tchaourou, qui n’ont pas fui vers les campagnes et que l’AFP a pu contacter, ont fait état de "plusieurs morts par balles" et de blessés graves, sans pouvoir donner de bilan précis.

Les violences se sont ensuite propagées jeudi à Savè, à une centaine de kilomètres plus au sud, lorsque les populations ont voulu empêcher le passage d’un contingent de la police allant en direction de Tchaourou.

La journée de vendredi a été très tendue et "il y a eu à nouveau des
échanges de tirs entre policiers et des individus masqués samedi matin", a affirmé le maire de Savè, Timothée Biaou. "Sept civils ont été reçus à l’hôpital et il y a aussi eu deux morts".

"Samedi matin, il y a eu deux morts: le premier vers 10h00, c’était un
taxi-moto, et le deuxième c’était un adolescent, qui était allé faire une course", a expliqué un témoin de la scène à l’AFP.

"La route a été débloquée, mais c’est la panique totale. Beaucoup de gens ont fui, les autres restent chez eux", a ajouté ce témoin sous couvert de l’anonymat.

Rues désertes

Dans cette commune moyenne du centre du Bénin, les rues étaient désertes, le marché vide, boutiques et commerces fermés, ont rapporté des journalistes de l’AFP. La route a finalement été rouverte en fin de journée, samedi, mais les accès restaient "minés de fétiches vaudous".

Le calme restait très précaire et peu avant midi, le dispositif militaire dans la ville a été renforcé par une dizaine de véhicules blindés de l’armée, trois chars et des dizaines d’hommes armés, a rapporté l’AFP.

Cette région est un bastion de l’ancien président Boni Yayi, dont le
domicile à Cotonou est toujours encerclé par les forces de l’ordre depuis les manifestations post-électorales des 1er et 2 mai.

Au lendemain des élections législatives, que l’ex-président avait
qualifiées de "coup d’Etat électoral", des centaines de ses partisans étaient descendus dans les rue de Cotonou, craignant qu’il ne se fasse arrêter.

Assassinat politique

Ils avaient été délogés à coups de balles réelles et Boni Yayi est toujours "séquestré" dans sa résidence, ont dénoncé samedi ses avocats lors d’une conférence de presse.

"Nous assistons aujourd’hui à un plan pensé, conçu et qui est en train
d’être mis à éxecution et qui vise l’assassinat politique de Yayi", a déclaré Me Renaud Agbodjo.

Boni Yayi, qui a dirigé le Bénin entre 2006 et 2016, et l’actuel président Patrice Talon sont des ennemis de longue date.

Patrice Talon, qui était dans l’opposition avant d’arriver au pouvoir en avril 2016, avait d’ailleurs été forcé à l’exil par son prédécesseur.

Début mai, la répression des manifestations par l’armée avait déjà fait au moins quatre morts par balles selon Amnesty International et de nombreux blessés à travers le pays.

Des ONG de défense des droits humains ont dénoncé le tournant autoritaire du président Patrice Talon dans un pays qui a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.
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