A l’invitation du Premier ministre nouvellement élu du Japon, Monsieur Shinzo Abe, le Président Boni Yayi, accompagné de la première dame Madame Chantale Yayi, s’est rendu en visite officielle dans l’Empire du soleil levant du 27 février au 2 mars 2013. C’est avec les bras chargés de promesses de milliards de F Cfa que le Chef de l’Etat est revenu au bercail.
Le contexte de cette visite, attendue depuis décembre 2012 par la partie japonaise, est révélateur du prestige dont jouit aujourd’hui le Benin dans l’arène internationale grâce au leadership exceptionnel exercé par son Président le Docteur Boni Yayi, à la tête de l’Union africaine. Le Dr Boni Yayi est donc le premier Chef d’Etat africain reçu à la fois par le premier ministre Shinzo Abe et sa Majesté Akihito, empereur du japon. Ce contexte est aussi celui de la volonté proclamée de la nouvelle équipe politique d’œuvrer au respect du drapeau japonais, à la renaissance économique du japon qu’elle veut hisser au premier rang de l’économie mondiale.
C’est cette équipe qui a décidé d’inviter le président de la République à Tokyo pour deux raisons essentielles :
- Rendre solennellement hommage au leadership exercé à la tête de l’Union africaine par le Président Boni Yayi.
- Solliciter l’appui du Benin à l’organisation de la Ticad au mois de juin prochain, afin que cette 5è édition plus que toutes les autres soit couronnée d’un franc succès.
Cette cinquième édition marque en effet le 20è anniversaire de la création de ce mécanisme de coopération initié par le Japon en 1993 pour marquer sa solidarité avec l’Afrique dont la plupart des pays sont sortis laminés des chocs pétroliers successifs de 73 et 74. La flambée des prix du pétrole à l’époque avait aussi provoqué l’effondrement de la gouvernance économique des pays les plus riches qui de fait se sont recroquevillés sur eux mêmes laissant l’Afrique à son sort. D’autres évènements de portée mondiale interviendront quelques années plus tard pour éloigner un peu plus le regard des donateurs de la cause et des intérêts de l’Afrique. C’est à cette époque que le Japon rendit public une analyse de la situation internationale et affirmait qu’il était erroné de penser que le monde pouvait atteindre la stabilité, la paix et la sécurité en ignorant l’Afrique et les intérêts de l’Afrique. En somme un monde viable ne peut se construire sans l’Afrique. Le Japon venait de relancer le débat sur l’aide à l’Afrique et prit l’initiative de sa première manifestation concrète en organisant la première édition de la Ticad pour aider à nouveau au financement des économies africaines.
Le Benin dans cet élan a bénéficié d’un appui de 130 milliards de francs Cfa. Plusieurs instruments sont utilisés pour gérer cette aide. Il s’agit notamment :
Du programme des dons généraux pour la réalisation de plusieurs projets ;
Du programme des dons hors projets pour le renforcement des capacités des Pme; et au titre de la sécurité alimentaire le Kr1 pour le riz et le Kr2 pour les intrants.
Ces dons jusqu’ici ont profité à des secteurs comme celui de l’eau (construction des ouvrages d’adduction d’eau dans l’Atacora) à l’éducation (construction de l’ENI de Djougou) à la santé pour diverses interventions à l’Homel. Ils ont permis également d’assurer le renforcement des capacités du centre de déminage de Ouidah.
Des milliards de F Cfa comme retombées
Pour cette visite tant attendue du chef de l’Etat au Japon, elle s’est soldée par des appuis très significatifs pour le développement du Bénin. Ainsi on retiendra que : 01 milliard de yen sera consacré au programme des dons hors projet ; 1,6 milliards de yen pour le programme de sécurité alimentaire, et il convient d’ajouter à ceci 1 milliard de yen déjà logé dans un compte à Cotonou. Au total, se sont 3,6 milliards de yens, soit 21 milliards de francs cfa qui sont mobilisés pour l’appui au développement du Bénin. Sur ce montant total, 4 milliards de francs Cfa environ seront consacrés aux charges de gestion et sur les 18 milliards restant le Japon demande que 08 milliards soient affectés à la construction des écoles. Le gouvernement du Bénin indiquera ses priorités pour la gestion des 10 milliards restant.
Usine de machines agricoles à Banikoara
Avant son départ de Tokyo le Président Boni Yayi a fait une requête à l’endroit des autorités nippones pour la construction d’une usine de montage de machines agricoles de technologie japonaise à Banikoara.
Ainsi, après Ouidah qui abritera la première usine de montage de matériels agricoles de technologie indienne dans un mois, ce sera le tour de Banikoara de recevoir la 2è usine de montage de machines agricoles. La 3eme usine de technologie allemande sera probablement affectée au Couffo.
Boni Yayi honoré
Au titre des temps forts de cette visite officielle on notera avec grand intérêt que la partie japonaise a salué les performances accomplies à la tête de l’Ua par le président Boni Yayi, performances qui ont impacté positivement les efforts de paix et de sécurité en Afrique et dans le monde. On peut noter aussi les rencontres empreintes d’une grande chaleur avec l’Empereur et Premier ministre Shinzo Abe; la mémorable ovation réservée par les 480 députés du parlement japonais au Président Boni Yayi pour son remarquable leadership et sa lutte pour l’instauration de la paix et de sécurité dans le monde. Il convient de souligner que cette invitation au parlement nippon constitue une première pour un chef d’Etat africain.
Les rencontres avec les différents partis politiques du japon ont été également des moments de riches échanges qui ont permis à la délégation du Président de la République de mesurer le sérieux et la profondeur du suivi que les japonais ont des réalités politique et économique du Bénin.
A l’université de Sophia de Tokyo, le Président Boni Yayi, considéré aujourd’hui comme l’un des symboles de la nouvelle Afrique a été fait grand croix de cette prestigieuse université et a été ainsi honoré de la plus haute distinction de cette université, sur insistance personnelle de l’Empereur pour service rendu à la cause de la paix, de l’humanisme et de la sécurité dans le monde à la tête de l’Union africaine.
La Ticad
Le Japon en ce qui concerne la Ticad avait besoin d’avoir l’analyse du Benin sur le contexte de la prochaine Ticad et d’exprimer à l’occasion son souhait de voir une participation importante de l’Afrique à cette 5eme édition. A ce sujet, le message délivré par le président Boni Yayi comme invité de la célèbre émission du samedi soir, Newscaster, (10 millions de téléspectateurs) de la chaîne Tbs a clairement indiqué les pistes qui permettront au couple Japon Afrique d’inverser les tendances négatives qui perturbent actuellement la gouvernance mondiale. « Les mutations qui ont affecté le monde doivent amener le couple Japon-Afrique à mutualiser leurs richesses pour asseoir une nouvelle dynamique dans la gestion des affaires du monde et le développement de l’Afrique sans laquelle très peu de choses seront réalisables. A ce titre les priorités de politique et d’actions suivantes sont aujourd’hui incontournables : Paix et sécurité », a dit le Chef de l’Etat du Bénin pour qui, la Ticad doit :
- Créer en son sein un instrument qui finance l’action pour la paix et la sécurité pour la stabilité dans le monde ;
- Assurer la sécurité alimentaire et le développement de l’agriculture ;
- Accorder une importance particulière à l’emploi des jeunes;
- Veiller à la gouvernance environnementale et aider l’Afrique à la maitrise des questions relatives aux changements climatiques.
- Réaliser sur le continent africain des infrastructures intégratrices (transport route etc.)
- Eradiquer les pandémies (Sida, paludisme, Tuberculose, etc).
« Le couple Japon-Afrique doit aussi mutualiser sa vision politique pour imposer dans le monde une gestion concertée des affaires de la gouvernance mondiale aux fins de mettre un terme aux inégalités », pense le Président Boni Yayi qui lancera le chef de l’Etat à l’ensemble de la classe politique, économique et sociale du japon pour qu’elle soutienne et défende activement l’esprit de la Ticad aux cotés de la nouvelle Afrique qui est en train de naitre et qui est porteuse d’idéal de paix et de progrès.