Edgar Maxime Déguénon, formateur et conseiller en horticulture et en irrigation, est le coordonnateur de l’Ong Hortitechs Développement qui vient en appui-conseil à l’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap-Bénin) dont il est le fondateur. Il nous parle des activités de cette association qui prône le tout bio pour la préservation de l’environnement et de la santé, ainsi que des contraintes.
La Nation : Pourquoi avez-vous senti le besoin de fonder l’Amap Bénin ?
Edgar Maxime Déguénon : L’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap) a été créée pour mettre directement en relation agriculteurs, transformateurs et consommateurs. Il s’agit d’un système de circuit court, un système d’économie solidaire qui permet de soutenir les agriculteurs locaux en préfinançant leur récolte, et aux consommateurs de déguster des produits de saison, issus d’une agriculture de proximité, dans le respect de la nature et de l’environnement.
Pourquoi opter pour une agriculture exclusivement bio ?
L’agriculture conventionnelle occasionne des dégâts. Il y a des avantages du point de vue sanitaire à préférer l’agriculture biologique. Le consommateur s’assure de manger des produits de qualité, parce qu’il y a une traçabilité qu’on peut vérifier facilement depuis les semences, les intrants organiques jusqu’à la commercialisation des produits. Des mesures sont prises pour que les produits soient bien gardés, entretenus dans des conditions d’hygiène. Du point de vue environnemental, le fait que les producteurs membres de l’Amap n’utilisent pas les engrais chimiques permet de protéger l’environnement, l’eau et le sol.
Quelles sont les contraintes à l’agriculture biologique et comment faites-vous pour les lever ?
Entre autres contraintes identifiées, il y avait des difficultés liées à l’arrosage, à la rupture par moments des intrants organiques, au transport des produits des champs vers les unités de transformation. L’Amap Bénin a eu un appui de Servair et de l’Ong Acting for Life (Afl), à travers le projet Fraibio mis en œuvre depuis octobre 2018 pour aider les producteurs issus de l’agriculture familiale à accéder à de nouveaux marchés. Les producteurs ont été formés, équipés en kits d’irrigation ; il y a également un magasin qui a été construit pour pouvoir abriter temporairement les fruits, légumes et autres produits. Un moyen de déplacement, une camionnette, a été mis à la disposition des producteurs pour le convoyage des produits dans de bonnes conditions.
Quel est le rôle de Hortitechs Développement aux côtés de l’Amap ?
L’Ong Initiatives pour le développement de la technologie agricole d’une horticulture protectrice de l’environnement et pour l’épanouissement économique et social « Hortitechs Développement » apporte un appui-conseil aux coopératives paysannes de l’Amap pour produire des fruits et légumes biologiques respectant les normes et les règles d’hygiène internationales. Nous veillons à ce que les produits cultivés par les membres de l’association soient sans intrants chimiques.
Ces produits sont-ils certifiés par un organisme ?
Il y a un organe qu’on appelle le Comité de régulation et d’évaluation (Cre), composé de producteurs, de consommateurs mais aussi d’autres organismes tels que l’Agence béninoise de la normalisation (Abenor), l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab), l’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments (Abssa) qui ont participé à la mise en place des outils de certification. L’organe de certification exige que le producteur ne soit pas loin, pour faciliter l’autocontrôle. La zone de production pour le moment, c’est: Sèmè-Podji, Ouidah, Tori, Toffo, Hêvié et Cotonou. Les fruits, légumes et jus de fruits de l’Amap Bénin sont certifiés bio Spg (Sytème participatif de garantie).
Avez-vous l’appui de l’Etat ?
Ce n’est pas encore très visible, mais je crois que ça va venir. J’ai dit tantôt qu’il y a des personnes ressources venant des institutions publiques dans le comité de régulation et d’évaluation. Il y a quelques jours, le ministère de l’Agriculture a organisé un atelier sur l’agriculture biologique et écologique et nous avons été invités. L’Etat commence à poser des pas et nous espérons qu’il viendra en appui à l’Amap pour la promotion d’une agriculture respectueuse de la nature.
Quelles sont les perspectives?
Nous sommes dans la dynamique d’étendre les activités de l’Amap. Des démarches sont menées dans ce sens. Des groupements de producteurs se rapprochent également de nous, comme les maraîchers du Mono-Couffo, de l’Atacora-Donga, de Kandi, etc. Nous avons commencé des renforcements de capacités sur les normes de production agro-écologique et de sécurité sanitaire ainsi que des visites de champs.
Au-delà du Bénin, il y a l’Amap Togo. Grâce au partenariat avec Afl, ils étaient en visite auprès de l’Amap Bénin pour s’enquérir de ce qui se fait et le démultiplier. L’objectif, c’est de pouvoir garantir la disponibilité d’une offre régulière et stable de produits locaux en qualité et en quantité suffisante et à des prix raisonnables pour les restaurateurs et les consommateurs, tout en assurant une rémunération équitable des producteurs.