Avec Patrice Talon, le gouvernement voit les choses en grand. Chaque idée est mesurée en taille XXL. La preuve, le Programme d’actions du gouvernement (Pag) dont beaucoup s’accordent à reconnaître le caractère véritablement ambitieux sert de boussole aux décideurs. C’est à croire que désormais, dans l’antre des pouvoirs publics, on ne pense plus petit. Le but, c’est d’en mettre plein la vue à l’opinion. Le Conseil des ministres d’hier mercredi 19 juin 2019 donne encore l’occasion aux citoyens de s’apercevoir que le niveau s’élève davantage. En approuvant le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) qui couvre la période 2020-2022, le gouvernement manifeste une fois de plus son intention de réaliser des prouesses. Les chiffres qui y sont énoncés et les perspectives qui en découlent sont annonciateurs de résultats élogieux à condition évidemment que les actions les plus idoines suivent.
En 2022, l’objectif est d’atteindre un taux de croissance de l’ordre de 9,2%. « Aux plans des scenarii de croissance, sur la période de référence, le Document établit une perspective positive qui consolide le taux de 6,7% réalisé en 2018 et qui l’améliore au fil des années pour atteindre 9,2% à l’horizon 2022 ». Si le niveau de déficit budgétaire et d’inflation est bien maîtrisé, en conformité avec les indicateurs de convergence communautaire, cette ambition affichée pour 2022 sera une réalité. Le gouvernement ayant déjà fait sa part en adoptant ce Document, il reste que les députés se penchent sur le sujet en validant à leur tour cette ambition. A priori, ce sera chose faite dès que ce point fera l’objet d’un débat en plénière. Les jalons sont donc en train d’être posés pour insuffler une certaine dynamique à la croissance. On ne peut en vouloir à un gouvernement de nourrir de grandes ambitions.
Mais il faut que celles-ci répondent aux aspirations des populations qui veulent vivre non seulement dans un climat apaisé mais qui veulent aussi profiter en toute légitimité des fruits de la croissance. Question d’éclaircissement, le taux de croissance d’un pays se calcule en effet par rapport à l’évolution du produit intérieur brut (PIB), qui représente la somme des richesses produites par toutes les entreprises d’un pays sur une période donnée. Ce chiffre calculé chaque année est un indicateur parmi tant d’autres qui attestent de la bonne ou mauvaise santé d’une économie. Patrice Talon et son gouvernement ont fait l’option de l’embellie. S’ils y parviennent, c’est toute la communauté nationale qui en bénéficiera. Au-delà des chiffres, il y a que de manière concrète, tous les acteurs économiques doivent sentir que les choses bougent positivement afin d’accompagner le mouvement. Et ça, c’est une autre paire de manches. Les plaintes des agents économiques sont légion. Il faut faire preuve de sollicitude à leur égard, car ce sont eux et non le gouvernement, qui sont créateurs de richesses.
Le débat le plus récurrent qui cristallise les attentions lorsque les questions de croissance économique sont évoquées est lié à la lutte contre la pauvreté. Une économie florissante est censée faire reculer les frontières de la pauvreté. Mais ce n’est pas toujours le cas. Selon une étude de la Banque mondiale publiée en 2014, « la croissance reste une condition nécessaire mais non suffisante de la réduction de la pauvreté. Chaque pays doit accompagner ces efforts de développement par des politiques allouant davantage de ressources aux plus démunis, par le biais du processus même de croissance, à travers la promotion d’une croissance faisant moins d’exclus, ou via des programmes publics tels que les transferts monétaires directs et assortis de conditions ». L’étude souligne par ailleurs qu’on ne peut pas se contenter d’aider les individus à sortir de l’extrême pauvreté : il faut aussi s’assurer, qu’à terme, ces personnes ne restent pas bloquées juste au-dessus du seuil de pauvreté faute d’opportunités leur permettant d’améliorer leurs revenus.