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Approche ATPL contre la défécation à l’air libre : Le Sénégal et la Côte d’Ivoire à l’école du Burkina-Faso

Publié le lundi 24 juin 2019  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
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(Quand l’Afrique s’invente ses propres solutions)

Avec l’appui des Organisations Wateraid et Speak Up Africa, plusieurs cadres des Directions de l’assainissement du Sénégal et de la Côte d’Ivoire accompagnées des représentants et élus des villes de Dakar, Matam et Yamoussokro, ont effectué une visite d’échanges au Burkina, du 10 au 15 juin 2019. Les représentants de ces pays ensemble avec des journalistes du Réseau des journalistes WASH de l’Afrique de l’ouest (WASH-JN) sont venus mieux s’enquérir de l’approche innovante « Assainissement Total Piloté par les Leaders » (ATPL) qui fait école afin de l’expérimenter dans leurs pays respectifs.



C’est une approche novatrice complémentaire de l’Approche « Assainissement Total Piloté par les Communautés » (ATPC) qui permet de passer à l’échelle une fois que les communautés sont déclenchées et engagées. A l’instar de l’ATPC fondée sur la honte et le dégoût, l’ATPL est basée sur la fierté et la solidarité de leaders qui prennent conscience, s’engagent et engagent leur communauté à en finir avec la défécation à l’air libre.

En présentant l’approche à ses hôtes au premier jour de cette visite, son concepteur qui est le Représentant Pays de Wateraid, Dr Halidou Koanda, a indiqué ses fondements et les aspects importants à considérer dans son implémentation.

En effet, souligne-t-il, en partant du fait qu’il n’y a pas de village sans leader, l’ATPL joue sur la fierté, la sensibilité et la solidarité de ces leaders envers les communautés en général pauvres. Tout commence par une étude sommaire de référence qui permet de dresser le portrait du village en matière d’assainissement qui est soumise au leader qui, touché dans son amour-propre décide de s’engager. Ensuite, une fois engagé, il s’entoure d’autres leaders de la localité, de la commune ou de la région pour organiser avec le leadership du Ministère de l’assainissement et de ses services déconcentrés, pour organiser le Sanithon. Appelée encore « Nuit de l’assainissement », le Sanithon à l’instar des téléthons, permet de mobiliser des ressources et surtout, de parler de l’assainissement. « Il ne faut pas être gêné de parler de l’assainissement comme on parle de l’eau », soutient Dr Koanda Halidou qui indique par ailleurs que « le montant importe peu. L’important, c’est de réussir à mobiliser du monde autour de la question de l’assainissement ». Mais, pour le 1er Sanithon organisé dans le cadre de cette initiative qui s’est ensuite déportée dans plusieurs régions du Faso, 92 millions de francs CFA ont été mobilisés au cours d’une soirée qui a permis de réunir le temps d’une soirée des autorités centrales (ministres du gouvernement), autorités locales, opérateurs économiques mais aussi des artistes qui viennent volontiers défendre la cause de l’assainissement.

Sans langue de bois, les échanges avec les membres de la délégation ont permis de mieux approfondir la compréhension du concept et les résultats obtenus. Mais pour conclure, le Dr Koanda Halidou a souligné que les clés de succès de cette approche novatrice et révolutionnaire restent le leadership du ministère de l’assainissement, la communication et surtout l’étude de référence qui constitue le stimulateur et le déclic de tout le processus.

Des membres de la délégation au contact des leaders et résultats concrets



Loin de la capitale, à Dédougou dans la région de la boucle de Mouhoun, la plus grande région du Faso pourvoyeuse de présidents et de ministres, la délégation a eu droit au partage d’expériences avec les services déconcentrés et autorités locales qui ont conduit l’initiative de la nuit de l’assainissement. Dans une riche présentation en informations, le Directeur Régional de l’eau et de l’assainissement, Tinga Romuald S. est revenu sur la démarche, les différentes étapes et les résultats du processus. Les membres de la délégation ont retenu des échanges, la nécessité de travailler en synergie avec tous les acteurs à tous les niveaux, porteurs de la cause de l’assainissement et l’engagement total des leaders à sortir les populations du péril fécal. La rencontre avec le Gouverneur de la région, Edgard Sié Sou et le Président du Conseil Régional, a confirmé le travail en synergie et l’implication de tous en matière de mobilisation.

Grand temps fort de la visite, les membres de la délégation sont allés à la rencontre des communautés du hameau de culture où l’approche a été expérimentée. A travers déclarations et témoignages, les communautés ont partagé avec la délégation, ce qu’elles ont retenu de l’expérience de la réalisation des latrines. Du conseiller municipal au chef du hameau en passant par les femmes, ils ont manifesté leur joie d’avoir réussi à sortir leur localité de la Défécation à l’air libre (DAL). Aujourd’hui, autour des habitations, il n’y a plus de matières fécales et chaque maison dispose de sa latrine, raconte dame Madjouma Sanou. Désormais, l’entretien de ces latrines visitées par les membres de la délégation incombe aux femmes qui progressivement, se sont appropriées les bonnes pratiques d’hygiène. Tous ces résultats n’ont été possibles que grâce à l’engagement des leaders. Et c’est avec beaucoup d’admiration que les membres de la délégation ont fait la rencontre de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Soungalo Apollinaire Ouattara, en tant que grand leader de la région des hauts bassins. Au parcours hors du commun, cet ancien administrateur civil qui a occupé plusieurs postes de responsabilités (Maire, Préfet, Ministre…) aura indiqué que le leader n’est pas simplement celui qui a assumé de hautes fonctions politiques ou qui disposent de ressources, mais c’est une personnalité rare qui doit être « rassembleur, neutre » et surtout ni « clivant ni partisan » pour réussir à s’entourer d’autres leaders de tout bord. Face aux membres de la délégation, il a indiqué que pour garantir le succès de l’initiative à l’échelle de la région ou de la commune, il faut une synergie d’actions entre tous les acteurs engagés. Il faut surtout faire reconnaître et faire jouer à chaque institution son rôle. « Le ministère de l’assainissement doit prendre le relai », a-t-il martelé pour ainsi indiquer que dans l’approche ATPL, le ministère en charge de l’assainissement avec ses services déconcentrés doit porter l’initiative ensemble avec les collectivités locales dont l’implication et l’engagement sont indispensables pour assurer la pérennité des interventions. La visite d’échanges a pris fin à Ouagadougou par une rencontre avec la Direction Générale de l’Assainissement au Ministère de l’eau et de l’assainissement du Faso. Cette rencontre au ministère de l’assainissement a permis à la délégation d’apprécier le niveau d’engagement de la Direction générale de l’assainissement et le rôle primordial qu’elle a joué dans la réalisation des études de référence au début de l’initiative, le plaidoyer pour la tenue des engagements par les leaders après la Nuit de l’assainissement et la coordination des activités avec le concours des services déconcentrés au niveau des régions. Pour les différents représentants des délégations du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et des médias de l’Afrique de l’Ouest, les objectifs de la visite ont été largement atteints. Entre journées inoubliables en enseignements, échanges enrichissants autour des facteurs de succès de l’initiative, chacun des représentants a dit tout le bien qu’il a tiré de cette visite. Désormais tournés vers les prochaines étapes après la visite, le 2e adjoint au maire de Yamoussokro, Konan Yaoura, a annoncé pour la 1ère semaine de décembre, l’organisation du 1er Sanithon en terre ivoirienne. « Nous repartons requinqués et convaincus », a confié Alassane Beye de la délégation du Sénégal avant la cheffe de toute la délégation, Mme Diarra qui a signalé également que le Sénégal s’engage à dupliquer cette expérience dans les tout prochains mois.

Ainsi, la visite d’échanges aura permis davantage aux membres de s’approprier les contours de l’ATPL afin d’avoir toute l’expertise et les ressources nécessaires pour la reproduire avec le concours de Wateraid Burkina et de la région qui ont marqué leur disponibilité à accompagner les pays intéressés.



Alain TOSSOUNON (Coll.)
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