La Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), dont le Bénin fait partie, ne s’est pas pour l’instant, officiellement prononcée sur les élections législatives du 28 avril 2019, qui n’ont connu la participation d’aucun parti politique de l’opposition béninoise. Alors que les pays Anglophones membres de cette Communauté ont déjà une position évidente sur les tenants et aboutissants de ces joutes électorales, ceux Francophones continuent quant à eux, d’être hésitants.
Les élections législatives, ayant servi à l’installation des députés de la huitième législature au Bénin, sont faute de l’exclusion des partis politiques de l’opposition, objet de tous les débats et conflits, meurtriers ou non. Alors que les députés monocolores, issus de ces joutes électorales controversées doivent envoyer leurs représentants dans des parlements régionaux, c’est le cas de la Cedeao qui retient toutes les attentions. Même si la nouvelle Assemblée nationale est déjà prête pour envoyer ses représentants à ce parlement régional, la position officielle de la Cedeao, vis-à-vis de ce rendez-vous électoral le plus atypique du Renouveau démocratique au Bénin, n’est jusque-là officiellement rendue publique. Ceci, pas parce que les autres pays membres qui la constituent ne sont pas préoccupés par les violences post-électorales au Bénin, mais parce que les États Francophones en son sein, maintiennent encore le flou. C’est le cas par exemple du Sénégal, du Mali voire du Niger ; qui malgré leur maturité démocratique qui ne peut tolérer ces genres d’élections, peinent à se prononcer, à l’instar de quelques organisations de la société civile de ces pays, qui ont osé hausser le ton. Même des anciens dirigeants de ces pays comme Adbou Diouf et Abdoulaye Wade du Sénégal, passant par Alpha Oumar Konaré du Mali, continuent de se muer dans un silence perplexe, alors que c’est ce même Addou Diouf qui a par exemple été dans un passé très récent, celui qui a réussi à calmer les ardeurs de Boni Yayi et de Patrice Talon, dans cette affaire d’empoisonnement qui a secoué le Bénin. Même si le Président ivoirien Allassane Ouattara s’est senti préoccupé par cette crise qui ne garantit pas la paix et la stabilité au Bénin, en intercédant pour la libération de Boni Yayi de sa prison domiciliée, il n’en demeure pas moins qu’il est aussi taiseux et ce, de façon officielle. Ce qui n’est en aucun cas le même constat du côté des États Anglophones, qui constituent cette Communauté. Les interventions musclées et positions très officielles du Ghana et du Nigeria par le truchement de leurs anciens dirigeants respectifs sont encore vivaces, dans les esprits. Mieux, Muhammadu Buhari du Nigeria et Président en exercice de la Cedeao, après sa réélection, n’a pas du tout perdu du temps, avant de s’impliquer résolument dans cette crise, d’où la levée du blocus, au domicile de Boni Yayi. Plus loin, si cette crise politique qui a déjà fait assez de victimes sera au menu, lors du sommet de la Cedeao le 29 juin prochain, ce n’est que grâce à ces Anglophones pour qui, le retour à la paix au Bénin passe par la reprise de ces élections. S’il se susurre que ces derniers seront fermes dans leurs positions lors de ce sommet, quid des positions des Francophones ? Pourront-ils s’aligner derrière les autres pays de la Cedeao, favorables à la reprise des législatives au Bénin ? Pour l’heure, tout est encore possible.