Les commentaires vont bon train depuis jeudi dernier, où l’Assemblée nationale a connu la naissance d’un nouveau groupe parlementaire, dénommé « Cohésion nationale et Paix ». Les débats s’articulent autour des personnalités qui le composent, dont les comportements présents ou passés, avec l’homme d’affaire Patrice Talon permettent déjà de supputer sur les motivations réelles de cette initiative. Même si le député Candide Azannaï, acteur principal et président de ce nouveau groupe évoque plutôt des objectifs clairs, dont celui «de rendre à l’action politique toute sa grandeur, toute sa liberté et toute sa dévotion à l’intérêt général », le combat en vue pourrait être plus profond, avec comme cause majeure, la défense des intérêts de Patrice Talon. Oui, cela est possible dans la mesure où Candide Azannaï, lui-même n’a jamais caché son soutien à l’homme, et partage apparemment le même combat que lui contre la révision de la constitution. Le président de ce nouveau groupe parlementaire en a d’ailleurs fait son cheval de bataille pour les semaines et les mois à venir.
D’autres membres de ce groupe ont aussi de profondes raisons de se pencher du côté de Talon, pour avoir pratiqué d’une manière ou d’une autre l’homme dans un «passé heureux ». Epiphane Quenum a été le premier homme politique à avoir organisé une sortie médiatique en faveur du PVI, au moment où le gouvernement était à couteaux tirés avec les douaniers sur le programme. « Je ne comprends pas le jeu de cache-cache auquel jouent les douaniers qui ont accepté le Pvi mais qui dans la mise en œuvre le torpillent », avait-il déclaré le 1er février 2012 lors d’une conférence publique. Il avait notamment fustigé « la bourgeoisie douanière et les seigneurs de la fraude ». Personne ne peut dire qu’il n’agissait pas pour le compte de Patrice Talon. Quant au député et homme d’affaires Issa Salifou Saley dont les amitiés avec Talon sont connues, on connait ses accointances avec l’homme. Canal 3 lui avait été « prêté » pendant un temps en 2012 au plus fort de la crise du PVI. Sacca Fikara est de son côté présenté par certains observateurs comme le bras opérationnel de Talon au sein de l’Union fait la Nation. En août dernier, il faisait partie des quatre hommes politiques (avec Azanaï, Yahouédéou et Tidjani-Serpos) qui ont dénoncé « l’acharnement » du pouvoir contre les opérateurs économiques. « Le Bénin risque de payer lourdement l’indemnisation de Bénin Control SA » avaient-ils dit à l’unisson. Evoquant la crise cotonnière, ils avaient signalé que « l’échec de la reprise en main par l’Etat de la filière cotonnière est la meilleure preuve qu’en réalité, le motif principal du rejet des structures privées de cette filière réside dans une volonté déguisée de règlement de compte politique avec TALON et rien d’autre ! »
Quant à Bani Samari, il ne doit son élection en tant que député qu’à sa propre perspicacité grâce à sa liste dénommée AFU dans la deuxième circonscription électorale (Gogounou, Ségbana, Banikoara). Mais en juillet 2012, on l’a vu défendre becs et ongles l’idée d’une mauvaise fourniture en intrants agricoles pour la campagne cotonnière 2012-2013. A Banikoara, il avait relevé que des milliers de boutons floraux ont été détruits par des parasites et que dans certains champs cotonniers, ce sont les abeilles qui règnent après le passage des fameux hélikoverpas. Ce fut un signal clair qu’il n’est pas un homme du pouvoir.
A toutes ces raisons s’ajoute une principale : les législatives de 2015. La constitution de ce nouveau groupe parlementaire permettra à bon nombre d’entre eux de financer leurs campagnes prochaines. Et Talon, dans ce cas, demeure une source de financement bien intéressante pour les candidats à la députation, comme par le passé.