La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, Mme Najat Maalla M’jid était vendredi dernier, 8 novembre, face à la presse béninoise. Au terme d’une mission de dix jours au cours de laquelle elle a rencontré de nombreux acteurs à divers niveaux, elle a appelé les autorités béninoises à prendre leurs responsabilités et à inscrire la protection des enfants dans les priorités politiques. « Le fait que les décideurs de ce pays se retranchent derrière la pauvreté et les coutumes n’est pas admissible. C’est clairement pour moi l’absence d’engament politique réel, et que la protection de l’enfance n’est pas une priorité dans ce pays », s’est ainsi exprimée Najat Maalla M’jid qui n’a pas porté de gants pour dire son indignation devant ce que continuent de vivre des enfants béninois en matière de violence. Car, de Cotonou à Parakou en passant par Aplahoué ou Porto-Novo pour ne citer que celles-ci parmi les villes qu’elle a visitées, la Rapporteuse spéciale a touché du doigt cette réalité. Enfants vendus, violés, battus, enfermés dans des couvents, mariés de forces, des filles précocement enceintes, des enfants victimes d’infanticide, la liste est longue et l’indifférence tout comme l’acceptation de l’inacceptable et l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes ont indigné au plus haut point Najat Maalla M’jid qui s’en est alarmée. Pour elle, il est inadmissible « qu’autant d’enfants soient victimes d’autant de formes de violences, abus et d’exploitation », et que l’on se cache derrière la pauvreté ou la tradition pour expliquer et justifier l’innommable. Pour elle, il est clair que « la protection de l’enfance n’est pas une priorité » au Bénin, alors même que le pays dispose de nombreuses lois y relatives. Najat Maalla M’jid a alors souligné la nécessité pour le gouvernement du Bénin de prendre un engagement politique clair et net et d’assumer ses responsabilités, tout comme celle d’une justice indépendante, incorruptible et qui sanctionne. Car selon elle, «une justice qui ne sanctionne pas est un frein ». En mars 2014, la Rapporteuse spéciale présentera au Conseil des droits de l’homme, un rapport contenant ses conclusions et recommandations.
Médecin pédiatre, Mme Najat Maalla M’jid est impliquée depuis 25 ans, dans les questions des Droits de l’enfant et de la protection des enfants vulnérables. Membre du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme du Maroc, elle a été nommée en 2008 Rapporteuse Spéciale des Nations Unies, sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants.
