Samedi 29 juin s’ouvre à Abuja au Nigéria, un sommet ordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Même si le sommet ne sera pas exclusivement consacré à la crise post-électorale au Bénin, la situation au pays de Patrice Talon fera quand-même partie des sujets qui seront abordés.
Le Bénin étant un Etat souverain, il ne s’agira pas pour les chefs d’Etat de la Cedeao de faire des injonctions à Patrice Talon. Mais de voir, compte tenu des accords sous-régionaux dont le Bénin est partie prenante, les concessions à faire pour une sortie de crise. La levée du blocus au domicile de Yayi étant déjà une réalité, d’autres pistes pour un retour définitif à la paix seront explorées. Dans la balance, l’organisation à nouveau du scrutin législatif, la libération des personnes interpellées depuis les événements des 1er et 2 mai, la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés. Pour le moment, ces points sont objet de désaccord entre le pouvoir et l’Opposition. Avant donc qu’une décision se prenne à Abuja, dans un camp, comme dans l’autre, on essaie de convaincre les chefs d’Etat de la Cedeao des raisons qui militent soit en faveur de ces points pour ce qui est de l’Opposition, soit en leur défaveur pour ce qui est du régime de la Rupture. C’est dans ce sens que le président Nicéphore Soglo a pris son bâton de pèlerin, mercredi dernier, pour rendre visite au président du Niger Mahamadou Issoufou. Officiellement, c’est une visite de remerciement pour le rôle joué par le président du Niger dans la levée de blocus au domicile de Yayi. Mais l’autre dessous de cette visite, c’est essayer d’avoir son soutien pour obtenir du président Talon la reprise des élections législatives, le retour des exilés politiques et la libération des prisonniers politiques. Cette opération de charme pour le compte de l’Opposition n’est pas uniquement l’œuvre de l’ancien président Nicéphore Dieudonné Soglo. Son homologue Boni Yayi serait aussi aux manœuvres depuis sa résidence togolaise pour rallier le plus de chefs d’Etat possible à la cause de l’Opposition béninoise avant le sommet de demain, samedi 29 juin. Cela explique pourquoi, il ne s’est pas encore rendu en France pour des soins depuis environ une semaine où il a quitté le territoire national, après la levée du blocus autour de son domicile de Cotonou. Egalement, l’ancien ministre des finances Komi Koutché active son réseau d’amis au sein des chefs d’Etat de la sous-région pour le même objectif. Sa sortie, après la levée du blocus chez Boni Yayi, où il réclamait de nouvelles élections législatives s’inscrit dans ce cadre. A l’interne, le parti de Candide Azannaï et les autres leaders de l’Opposition continuent de faire des sorties médiatiques pour la même cause.Dans le camp du pouvoir, Patrice Talon aussi n’a pas croisé les bras. Discrètement, le chef de l’Etat fait le lobbying pour que la décision qui sortira du sommet de la Cedeao ne lui soit pas contraignante. Le 20 juin dernier à Asso Rock, la résidence présidentielle d’Abuja, Patrice Talon a développé en face de Muhammadu Buhari des arguments qui, selon lui, ne militent pas pour la prise en compte des exigences de l’Opposition. L’investiture hier du président de l’Assemblée nationale Louis Vlavonou en présence de délégations des Parlements de la sous-région dont le président du Parlement ivoirien vise à montrer que l’Assemblée nationale 8e législature jouit d’une légitimité dans la sous-région, et donc plus question de nouvelles élections. En attendant donc demain, dans un camp comme dans l’autre, on continue le lobbying.