Contrairement à ce qu’on pouvait croire, la situation que traverse le Bénin inquiète certains députés et Présidents des Institutions de la République. C’est en tout cas le sens qu’il convient de donner à la rencontre qu’ils ont eue hier 5 mars 2013 avec la Haute Autorité.
Le Président de l’Assemblée Nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago et ses collègues de la Cour Constitutionnelle, de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, du Conseil économique et social, de la Cour Suprême et de la Haute Cour de Justice étaient hier mardi 5 mars 2013 au cabinet du Chef de l’Etat. A en croire les déclarations faites à la presse par le Président Mathurin Nago, cette audience entre dans le cadre des rencontres périodiques que les Présidents des Institutions de la République ont avec le Président de la République. Au nombre des sujets évoqués au cours de la rencontre d’hier se trouve en bonne place la psychose générale dans laquelle le Bénin est plongé depuis quelques temps. Un tour d’horizon des situations politique, économique et sociale a été fait, a dit le Président Mathurin Nago. Après les Présidents des Institutions, trois députés membres de la majorité présidentielle ont également été reçus par le Chef de l’Etat. Il s’agit des députés Rachidi Gbadamassi, Cyriaque Domingo et Edmond Agoua. « Vous savez vous-mêmes les sujets qui agitent l’actualité en ce moment. Coup d’Etat par-ci, empoisonnement par-là, crise économique par-ci et que sais-je encore ? Plein de problèmes se posent à notre pays aujourd’hui. Nous avons débattu de ces questions avec le Chef de l’Etat. Après tout cela, nous lui avions réaffirmé notre soutien sans condition », a dit l’honorable Edmond Agoua aux micros de nos confrères accrédités au Palais de la Marina. Profitant de l’occasion, il a aussi abordé le sujet relatif aux votes intervenus récemment à l’Assemblée Nationale pour la poursuite de certains anciens ministres devant la Haute Cour de Justice. Sur ce sujet, les trois députés ont cherché à comprendre un certain nombre de choses que le Chef de l’Etat a bien voulu leur expliquer. Tout ce qui a été dit par le Chef de l’Etat les a-t-il apaisés ? Bien malin qui pourra répondre à cette question.
L’Afrique se pose des questions sur le Bénin
L’Afrique à travers ses journaux s’ouvre au monde tous les matins grâce à la revue de presse diffusée sur la radio mondiale, Rfi. Cette Afrique se vend diversement à travers cette revue : en bien ou en mal. Hier mardi 05 mars 2013, le Bénin, une fois encore, a fait parler de lui par ce canal. En bien ? En mal ? C’est selon.
«Parano ou instabilité chronique ? ». C’est cette question qui a ouvert le volet Bénin de la revue de presse de Frédéric Couteau sur Radio France Internationale (Rfi) hier mardi 05 mars 2013. Vu d’autres pays africains, la situation politique actuelle au Bénin suscite cette interrogation. Sur les présumées tentatives d’empoisonnement du Chef de l’Etat béninois et d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, l’Afrique se demande ce qui se passe réellement chez nous. Des Béninois aussi voudraient bien en savoir quelque chose. Seulement, ils sont bien obligés de se plier à la phrase désormais culte : «faisons confiance à la justice béninoise et laissons-la faire son travail». De façon ironique, Idji Antoine Kolawolé, ancien ministre des affaires étrangères du Président Mathieu Kérékou, ancien Président de l’Assemblée nationale, l’un des ténors de l’Union fait la Nation, récemment face à la presse étrangère, a appelé les uns et les autres à attendre le bon moment pour changer de régime s’ils étaient fatigués de celui en place. Le Président Idji Kolawolé au sujet des suspicions et arrestations se réjouit que l’opposition au pouvoir en place à laquelle son Union appartient n’ait pas été citée dans ces coups. Des interrogations demeurent autour de ces affaires. La preuve est que même les Béninois, toutes les fois que de telles affaires surgissent, se posent la question de savoir ce qui se passe réellement dans leur pays. L’Afrique, à travers les confrères d’autres pays, se met aussi à s’inquiéter pour le Bénin. Peut-être à tort, peut-être à raison.
Extrait de la revue de presse de Rfi
« Parano ou instabilité chronique ? Encore un coup d’Etat avorté au Bénin… C’est du moins ce qu’annoncent les autorités. Avec un nom qui revient encore et encore : celui de Patrice Talon, ex-magnat du coton, réfugié à Paris depuis l’affaire de la tentative supposée d’empoisonnement du Chef de l’Etat. Le richissime homme d’affaires béninois fait l’objet d’un nouveau mandat d’arrêt international depuis vendredi dernier. Et l’un de ses cousins, relève La Nouvelle Tribune à Cotonou, a été arrêté. Il s’agit de Johannes Dagnon, un expert-comptable. Lui et un commandant de l’armée auraient fomenté donc un coup d’Etat, le 22 février dernier, visant à instaurer un régime militaire.
Si la presse béninoise reste prudente, les journaux de la sous-région, eux, affichent un certain scepticisme. « Crise de complotite aiguë à Cotonou », s’exclame ainsi L’Observateur Paalga à Ouagadougou. « Alors que les enquêtes sur la fameuse affaire de tentative d’empoisonnement du président Thomas Yayi Boni n’ont pas encore livré leurs conclusions, voilà qu’on parle de nouveau d’une conspiration «contre la sécurité de l’Etat». Un officier de la gendarmerie et un civil ont même déjà été arrêtés. Et une fois de plus, l’ombre tutélaire de Patrice Talon, cerveau présumé de la tentative d’intoxication du Président, plane sur cette nouvelle affaire. […] Difficile dans le dossier actuel de démêler le vrai du faux, constate L’Observateur, mais deux arrestations en huit jours d’investigations, avouons que c’est bien maigre. Quoi qu’on puisse dire, les suspects arrêtés ne sont que des alevins et la question qui se pose est celle de savoir s’il y a vraiment de gros requins cachés dans ces eaux troubles béninoises ».
« Vrai complot ou paranoïa ? », s’interroge pour sa part Le Pays, toujours au Burkina. « Mais que diable se passe-t-il au Bénin de Boni Yayi ? En tout cas, au sommet de l’Etat, il n’y a pas beaucoup de sérénité, constate le quotidien ouagalais. […] Cette énième déclaration du genre n’est pas de nature à dissiper les inquiétudes sur l’état de santé de la démocratie béninoise. Bien au contraire. De deux choses l’une, relève Le Pays : ou bien il s’agit de vrais complots, ou bien le Président béninois souffre de paranoïa. Toujours est-il que quelque chose ne tourne pas rond dans les sphères du pouvoir au pays de Kérékou ».
Auteur : Frédéric Couteau
Réalisé par Affissou Anonrin et Grégoire Amangbégnon