Reçu sur l’émission « Le monde aujourd’hui » de la Radio Voa Amérique, l’ancien ministre de l’économie et des finances, Komi Koutché est revenu sur la situation actuelle du Bénin après les législatives du 28 avril dernier. Dénonçant la « politique d’exclusion » du gouvernement en place, il exige la restauration de l’Etat de droit et la démocratie béninoise, ce qui passe, selon lui , par l’organisation des élections inclusives. Pour Komi Koutché, les organisations sous régionales n’ont pas la main pour exiger quoi que ce soit du gouvernement car pour lui, la solution se trouve à l’interne.
Contraint à l’exile car recherché par la justice de son pays pour des actes de malversations dont il se dit innocent, l’ancien ministre de l’économie et des finances sous Yayi, Komi Koutché n’a pas encore lâché prise. Lors de son intervention sur une chaine américaine, l’exilé estime que « l’origine de la crise politique qui secoue le Bénin n’est rien d’autre que la privatisation de l’Etat, la mise en cause fondamentale des acquis démocratiques ». Dénonçant le fait, il justifie la réaction des figures de l’opposition dont l’ancien chef d’Etat Boni Yayi, qui a été assigné en résidence surveillé durant plus de 50 jours avant d’être libéré pour aller suivre des soins. Ce que Komi Koutché juge d’inadmissible. « Comment peut-il avoir de chef de fil de l’opposition lorsque la stratégie du gouvernement est de conduire tous ceux qui font office de figure principale de l’opposition vers l’extérieur. Les seuls que nous estimions intouchables c’était les deux anciens chefs d’Etat, mais le cas de Boni Yayi vient de nous montrer que l’arbitraire qui est en cours dans le pays n’a pas de limite », a-t-il déploré. Il pense qu’après les échanges de « tirs à balles réelles » des forces de l’ordre sur les populations des Collines et la libération de son ancien mentor, l’accalmie n’est pas encore de mise au Bénin. « Il n’y a pas d’accalmie, la situation est bien latente puisque les origines de la crise ne sont pas réglées », fait-il remarquer avant de poursuivre. « On fait juste de la communication politique pour vous montrer que la situation est réglée. Cela ne veut rien dire ». Pour l’ancien argentier béninois, tant qu’on « ne s’attaquera pas à l’origine de la crise, on peut faire des simulacres de médiation, prononcer des discours à la face du monde pour montrer qu’on est ouvert au dialogue mais le problème demeurera ».
Des solutions internes
Abordant les actions de médiation et la rencontre des chefs d’Etat de la Cedeao, l’invité de Voa Amérique reste rassurant. Il précise que la constatation de la Cedeao de la crise est une bonne chose mais qu’elle ne peut aller au-delà. « Avez-vous déjà vu dans le monde, une organisation sous régionale intimer l’ordre à un gouvernement de reprendre des élections ? Non, la Cedeao n’a pas ce pouvoir mais le fait déjà de constater la situation de crise est une bonne chose », a-t-il affirmé sur les antennes de la Voa Amérique. Il pense que c’est à l’interne que les solutions vont se trouver. « Ces solutions pour nous en tant qu’opposition, dans un pays où le gouvernement à son agenda qui est de bannir l’opposition de l’environnement politique béninois, et de pouvoir installer un agenda privé à travers un parlement privé, ne sont pas faciles. Mais, dans ce contexte la solution passe nécessairement par la restauration de la démocratie. C’est le patrimoine le plus important auquel les béninois s’attachent », exige l’ancien ministre béninois, Komi Koutché.