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Can : le débat sur la magie vaudou relancé avec l’exploit du Bénin

Publié le mercredi 10 juillet 2019  |  APA
CAN
© aCotonou.com par Atapointe
CAN 2019: Match Benin - Maroc
Le Caire le 05 juillet 2019. Les Ecureuils du Benin ont affrontés en 1/8 de finale de la CAN les Lions de l’Atlas du Maroc au stade Al Salam
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Le parcours du Bénin en Coupe d’Afrique des nations de football sanctionné par une historique participation en quart de finale, est diversement apprécié par les Béninois. Si certains mettent tout sur la virtuosité et la hargne de la bande à Stéphane Sessegnon, d’autres y voient un coup de pouce mystique, provenant des dieux vaudou, qu’invoquent a toute occasion une bonne partie des Béninois.

En attendant le match de quart de finale prévu demain mercredi au Caire contre le Sénégal, la polémique sur d’éventuelles pratiques mystiques en faveur des Ecureuils a surgi sur les réseaux sociaux, au lendemain de la victoire de ces derniers contre le Maroc en huitième de finale. Depuis lors, elle enfle, nourrie par plusieurs internautes qui puisent, en partie, leurs arguments dans la rumeur véhiculée en pleine Can par des joueurs bissau-guinéens.

A en croire ces derniers, des supporters béninois se sont permis avant une rencontre de match de groupe, d’envahir leur hôtel pour leur brandir à la figure des statuettes de jumeaux. Selon les Djurtus, cette pratique aurait permis aux Ecureuils de les neutraliser car le match a fini par un nul blanc 0 à 0.

Pourtant, au Bénin, la tradition enseigne que les statuettes de jumeaux sont source de bonheur. Qu’en est-il si elles sont exhibées devant un adversaire ?

Les tenants de la thèse mystique convoquent aussi des pratiques très fréquentes dans le football national. Les exemples abondent et beaucoup de pratiquants ont révélé avoir fait usage de pratiques mystiques pour augmenter leurs performances sur le terrain ou permettre à leur équipe de gagner.

Zamba Raoul, un ancien footballeur devenu entraîneur, raconte qu’avant de jouer un match, son père l’amenait chez un féticheur qui avait le don de le faire briller en marquant le nombre de buts qu’il désirait. A l’en croire, son féticheur avait aussi le pouvoir de confectionner des amulettes appelées « ferme-goal » dont le port assure à n’importe quel gardien de but des cages inviolées durant tout une partie.

Quelques fois, une équipe entière est tenue de suivre les recommandations du féticheur pour éviter la défaite. C’est ainsi que le 3 février dernier lors de la 14ième journée du championnat national de football ligue 1, « les Buffles du Borgou » sont allés rendre visite à leurs homologues de « Dynamo d’Abomey», en escaladant le mur du stade, au lieu de passer par la porte officielle. Résultat de ce curieux comportement, qui leur aurait permis d’éviter de marcher sur les gris-gris enfouis sous le passage des équipes : 0 à 0, à l’issue du match.

Interrogé sur ces pratiques mystiques, Beaugard Koukpaki, Docteur en histoire des Mentalités, a souligné que les joueurs n’expliquent plus leurs bonnes performances sportives par leur capacité à se surpasser.

« Il existe, a-t-il ajouté, un paramètre qui est celui de la préparation psychologique. Et parmi cette catégorie, on trouve des conduites qui échappent à l’analyse des observateurs non avertis. C’est le cas des rituels précompétitifs et autres pratiques magiques ou occultes ».

Cela explique pourquoi dans de nombreux club béninois, on adopte des pratiques, individuelles ou collectives, en faisant appel, soit à un magicien, soit à un prêtre, a analysé Koukpaki.

Sabin Loumèdjinon, journaliste sportif, est, pour sa part, loin de croire aux capacités d’une pratique mystique à influer sur un résultat sportif. « Si les pratiques occultes sont la solution, pourquoi l’Afrique, championne en la matière, ne gagne-t-elle pas la Coupe du monde ?», a-t-il lancé d’un ton goguenard.

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