L’adjudication de l’usine d’égrenage de la Seicb située à Savalou au profit de la Sodeco ne serait pas exempte de tout reproche. Les faits, tels que exposés par les avocats de l’usine d’égrenage, montrent que la Seicb est tombée dans un piège à lui tendu par la Sodeco en complicité avec une banque de la place.
En effet, La Seicb avait une banque partenaire. Pour faire face à ses encours au niveau de cette banque, la Seicb a convenu avec la Sodeco d’un contrat de partenariat de prestation de service sur plusieurs années. Au terme de ce partenariat, la Seicb devait égrener dans son usine une partie du coton graine de la Sodeco contre paiement de redevances à virer dans un compte bancaire logé dans ladite et sur lequel celle-ci a le droit de se faire payer d’office jusqu’au règlement total des encours. C’est donc un schéma de paiement juridiquement précis qui devrait permettre à la Seicb de se libérer de sa dette vis-vis de sa banque. Seulement rien n’y fit, et au plan de droit, il est désolant de constater qu’après toute une longue période de ce partenariat entre la Sodeco, la banque en question et la Seicb, la Sodeco n’a jamais versé les redevances dues à la Seicb sur le compte bancaire retenu au contrat et logé dans les livres de la banque.
Paradoxalement, durant tout ce temps, la banque, de son côté, n’a jamais signalé le non versement par la Sodeco des redevances dues à la Seicb sur le compte bancaire pourtant convenu au contrat et dont elle a copie. La banque a gardé le silence sur cette situation jusqu’en 2019 où elle a initié une procédure de saisie immobilière sur ladite usine et en présentant la Sodeco comme l’enchérisseur c’est-à-dire l’acheteur. Il ne faut pas plus pour arriver à la conclusion que la Seicb a été purement et simplement dépossédée de son patrimoine par une «fraude», une ruse minutieusement préparée et mise en œuvre par ses deux partenaires. Mais ce n’est pas tout. Alors que les avocats de la Seicb ont fait appel de la décision d’adjudication et attendent la décision de la Cour d’Appel d’Abomey, la Sodeco force l’exécution de la décision du Tribunal de Savalou en invitant la Seicb à libérer l’usine au plus tard dans huit jours. A-t-elle déjà une idée de la décision de la Cour d’Appel ?
Peut-on encore dire, au regard de ces faits, que la Soddeco est une entreprise comme les autres au Bénin ?