En prélude au dialogue politique national promis par le chef de l’Etat lors de son message à la nation le 20 mai dernier, Patrice Talon a rencontré ce 16 juillet les partis politiques qui n’ont pas pu obtenir leurs certificats de conformité lors des Législatives du 28 avril 2019. Outre le parti Restaurer l’espoir qui a décliné l’offre, des représentants de 10 partis politiques ont répondu à l’appel. Du côté de l’Opposition il y avait l’Usl, le Pcb et les Fcbe. Avant ce conclave, l’Opposition a dressé la liste des préalables au nombre desquels la reprise des élections législatives du 28 avril, le retour des exilés, la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les personnes décédées lors des affrontements meurtriers de Cotonou, Tchaourou et Savè. Il s’agit en fait des questions qui fâchent et sur lesquelles Patrice Talon doit se prononcer avant toute négociation. Lundi dernier, les membres de l’Opposition sont revenus sur ces conditions sine qua non. Mais en face, ils n’ont pas reçu un écho favorable. Dans ses propos liminaires, le chef de l’Etat a subtilement annoncé ce dont il sera question lors de ce dialogue tant attendu et autour duquel il veut associer uniquement les partis qui ont une existence légale. Il ne s’agira ni plus ni moins des corrections à apporter à la nouvelle Charte des partis politiques et le nouveau Code électoral. Les préalables de l’Opposition ne sont donc pas ceux du chef de l’Etat. Son préalable à lui, c’est donner la chance aux partis exclus des législatives afin qu’ils aient une existence légale pour pourvoir participer aux échanges sur la Charte des partis politiques et le Code électoral.
Paradoxe…
Alors que devant la Cedeao le gouvernement a servi comme argumentaire le vote aussi bien par l’opposition que par la mouvance des lois sur la Charte des partis politiques et le Code électoral, comment comprendre que le chef de l’Etat accepte de faire des concessions sur ces mêmes lois et refuse de se pencher sur la résolution des problèmes qu’elles ont engendrés. C’est à cause de ces lois qu’il y a eu des élections sans l’opposition, lesquelles élections ont engendré des violences et des arrestations. Si le gouvernement est disposé à revoir ces lois, la logique voudrait qu’il pense aussi à résoudre les problèmes nés de l’application desdites lois que sont des élections sans l’opposition, une première depuis le Renouveau démocratique, et les arrestations qui ont suivi les protestations liées à l’exclusion de l’opposition. Si tel n’est pas le cas, les conditions pour un dialogue inclusif sont loin d’être réunis. Car, après les diligences pour que les partis concernés entrent en possession des documents qui attestent leur existence légale, les mêmes préalables vont refaire surface. Dans son entièreté, l’opposition va vouloir qu’une réponse positive soit donnée à ces exigences avant de s’asseoir à la table. Même si elle est consciente qu’elle ne peut pas tout obtenir, il y a des préalables sur lesquels Patrice Talon peut faire un effort et montrer sa bonne foi. Sinon, on assistera à un raidissement des positions.