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Claude Haro, directeur général adjoint de Air Taxi Bénin, spécialiste du secteur aéronautique: « Avec Patrice Talon, on sent l’énergie très forte qui a été insufflée au secteur aéronautique… »

Publié le vendredi 19 juillet 2019  |  La Nation
Claude
© Autre presse par DR
Claude Haro, directeur général adjoint de Air Taxi Bénin
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Quel regard portez-vous sur l’environnement de l’aviation civile et les réformes en cours portées par le gouvernement ?

Je suis là depuis de nombreuses années et j’ai pu voir évoluer l’aéronautique au Bénin avec une accélération ces dernières années vers un assainissement du secteur, une professionnalisation du secteur qui fera que l’aéronautique au Bénin ne sera plus jamais ce qu’elle a été auparavant. Je m’explique : pendant longtemps il y a eu au Bénin un véritable désert aéronautique. Il n’y avait aucune compagnie aérienne digne de ce nom qui existait et visiblement, personne n’était intéressé par cette activité. Nous avons porté un jugement plutôt critique et nous avons estimé qu’il n’y avait pas de raisons pour que ce soit le Bénin, le seul pays de la région de l’Afrique de l’Ouest à ne disposer de compagnie aérienne, qui desserve les métropoles régionales, en particulier la première d’entre elles qui est Parakou. Toutes les Républiques africaines qui nous entourent, essaient depuis des années une ligne aérienne qui relie la capitale à la deuxième voire à la métropole de l’intérieur. Pourquoi pas au Bénin. Nous n’avons pas répondu à cette question mais nous avons essayé d’apporter directement une solution.
Nous avons toujours eu le désir de voir décoller le secteur de l’aéronautique au Bénin, car, nous sommes convaincus que le développement d’un pays passe par l’existence d’un moyen rapide pour rallier toutes les régions à l’intérieur du pays, afin de faciliter les échanges commerciaux et développer le tourisme.
Pour cela, nous avons créé cette compagnie Air Taxi Bénin et nous avons défriché les vols intérieurs du pays et les vols vers les pays limitrophes en particulier le Niger, le Nigeria, le Burkina Faso, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire pour ne citer que les tout proches. Fort heureusement, depuis l’arrivée du président de la République Patrice Talon, on sent l’énergie très forte qui a été insufflée à ce secteur afin que le Bénin devienne un partenaire dans l’aéronautique ouest africaine, un partenaire à l’égal des autres. Pour cela, la première des choses qui ont été initiées, c’est de faire sortir le Bénin de la liste noire dans laquelle nous avaient plongés des accidents survenus il y a une douzaine d’années et qui avaient amené la communauté européenne à inscrire malheureusement le Bénin dans cette liste noire.
A l’initiative du président Talon, et évidemment avec le professionnalisme de l’aviation civile du Bénin, cette sortie de la liste noire a été réalisée moins d’un an après l’arrivée du président au pouvoir. Si l’initiative a été prise en compte et si le sérieux des équipes qui ont travaillé là-dessus a permis d’en arriver à ce résultat, nous sommes très fiers puisque cet audit de l’Agence européenne de la Sécurité aérienne (Easa) et de l’Organisation de l’Aviation civile internationale (Oaci) s’est déroulé ici à Cotonou et avec comme objet, le renouvellement de notre propre permis d’exploitation, ce qui a été un succès et nous en sommes très fiers. Après cela il y a toute la réingénierie du tourisme au Bénin qui s’avère être un vecteur très fort pour l’aviation civile et les vols vers l’intérieur.
Depuis que nous avons pris connaissance des nouvelles perspectives offertes par le Programme d’action du gouvernement (Pag) pour le développement du tourisme et le désenclavement des principaux centres urbains, nous avons été confortés dans notre certitude, que nos activités serviraient utilement le volet touristique, sachant que le développement du tourisme intérieur est conditionné par la mise en œuvre d’une aviation légère. Notre activité intègre donc parfaitement cette vision.
En effet, il ne s’agit pas dans un coin de dire que l’on met à l’honneur la culture béninoise, que ce soit sur la lagune de Cotonou ou que ce soit à Ouidah, à Porto-Novo, dans le parc de la Pendjari, il faut aussi permettre aux touristes qui s’intéressent à tous ces sujets de visiter le pays dans de bonnes conditions. Voilà que le gouvernement a eu la forte heureuse idée d’adhérer aux prescriptions des organismes internationaux en matière de contrôle aux frontières en libéralisant, en ouvrant les possibilités de contrôle de passagers internationaux, la mise en œuvre de passeport électronique, du e-visa et l’annonce également par le président de la République que tout étranger qui aujourd’hui, embarque dans un aéroport dans le monde à destination de Cotonou n’a pas besoin de visa. Il sera traité à l’arrivée. Ça veut dire que la politique qui est initiée là va favoriser le plus grand nombre de touristes intéressés. Dans ce panel de touristes bon nombre d’entre eux s’intéressent à la vie sauvage et nous avons la chance d’avoir au Bénin le seul parc d’Afrique de l’Ouest qui peut permettre de présenter la totalité des animaux à l’exception du rhinocéros (dont le cas sera réglé dans quelques mois). Le parc de la Pendjari qui a été associé à d’autres parcs concomitants tels que ceux du Niger et du Burkina offre une réserve de faune qui est absolument gigantesque. Malheureusement ou heureusement, la Pendjari se situe à près de 800 kilomètres de Cotonou. Il faut 14 heures de voiture avec un bon véhicule et aussi un bon chauffeur pour s’y rendre. Et donc nous avons ouvert grâce à la société qui gère le parc aujourd’hui (African Parks Network) une piste d’atterrissage à l’intérieur même du parc. Ça veut dire qu’aujourd’hui, vous pouvez quitter Cotonou et dix minutes plus tard, vous êtes à l’intérieur du parc. Je pourrai même dire que l’avion se pose au milieu des antilopes et des girafes. Ça c’est une grande nouveauté parce que le touriste qui vient visiter le Bénin a un temps qui est compté (disons une semaine) et il n’est pas question qu’on lui prenne un jour avec une énorme fatigue pour se rendre vers le nord, dans la Pendjari et encore un autre jour lorsqu’il a à passer trois jours là-bas, il faut qu’il puisse faire deux aller-retour sans que ça lui coûte la moindre fatigue. C’est encore une initiative qui est à porter au crédit du gouvernement et qui a un impact direct sur l’aéronautique intérieure du Bénin.
Profitant des initiatives du Programme d’action du gouvernement (Pag) qui sont assez claires en termes de développement de l’aéronautique, nous avons, il y a quelques mois, décidé d’ouvrir à la circulation une ligne régulière sur Parakou. En effet, vous savez bien qu’il y a un nouvel aéroport qui a été construit là-bas et désormais ouvert. Nous n’avons pas voulu attendre que cette mise en service soit effective pour ouvrir cette ligne avec les installations qui existent déjà là-bas, avec certes une vieille piste mais qui fonctionne. Nous avons donc ouvert cette ligne sur Parakou et nous sommes aujourd’hui assez heureux de constater que nous avons une petite moitié de notre avion qui est remplie. Malheureusement, il n’est rempli principalement que par des sociétés étrangères ou non, disons des gens de la vie économique, les membres du gouvernement mais nous n’avons pas encore la masse des fonctionnaires de la République qui se rendent en mission dans le nord. Nous espérons que très prochainement ils s’intéresseront à leur tour à ce moyen de transport. Si l’ouverture de cette ligne s’avère positive et que nous y croyons fermement nous allons dégager l’avion qui nous a permis d’avoir cette ligne et le remplacer par un avion de plus grande capacité. Nous avons déjà pris des contacts avec des industriels du secteur pour trouver cet avion pour une nouvelle ligne qui intègrera Parakou et se posera ensuite à Niamey parce qu’il y a un manque de liaison avec le Niger.
Nous avons également demandé au gouvernement la désignation d’Air Taxi Bénin auprès des autorités du Nigeria comme transporteur béninois vers le Nigeria. Cette lettre de désignation a été reçue par l’aviation civile du Nigeria et nous attendons très rapidement un retour favorable de cette administration auprès de ses collègues béninois pour nous donner l’autorisation d’ouvrir notre ligne. Et nous envisageons d’ouvrir dès réception de cette désignation, une ligne Cotonou-Lagos, probablement à destination de nos commerçants et commerçantes qui se rendent, au-delà de Lagos, en Chine faire leurs affaires. Ceci pour leur permettre d’accéder aux compagnies qui les amènent en Chine au départ de Lagos de manière plus agréable que ce qu’ils utilisent aujourd’hui à savoir la route avec la pénibilité de la circulation jusqu’à l’aéroport de Lagos.

Quel bilan pourriez-vous faire depuis le lancement des vols domestiques ?

Je dirais qu’à la phase de lancement d’un produit, il faut un temps d’appropriation par la clientèle. Nous subissons hélas cette période avec beaucoup de pertes. Cependant, nous notons que de plus en plus, une clientèle fidèle se forme, même si nous souhaitons voir tous nos vols remplis. Parce que le désir de voir nos vols pleins, est motivé par l’ambition d’offrir un module d’aéronef plus gros, pour proposer des tarifs plus alléchants.
C’est pour cela que nous sollicitons que le gouvernement, qui voit nos efforts, nous permette de transporter certains cadres de l’administration publique dans le cadre de leurs missions dans le Nord du pays. Vous en conviendrez avec moi, que ceci serait un partenariat qui améliorerait la rentabilité des missions en termes de productivité, de résultats, de sécurité et de diminution de coût ; car le transport aérien réduit les deux jours de route initialement requis à trois heures.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée ?

J’en citerai deux majeurs. D’abord, une clientèle béninoise un peu réticente parce que pas très habituée à l’avion, et encore moins à l’aviation légère, nous espérons qu’avec l’expérience des curieux qui repartent toujours émerveillés par l’expérience de nos pilotes qui ont plus de trois mille heures de vol, et un avion qui est quasi neuf, le bouche à oreille finira par faire décider plusieurs autres. Par ailleurs, nous devons payer un grand nombre de taxes variées qui sont très élevées pour notre petite exploitation.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de l’Etat pour promouvoir ce type de transport ?

Nous souhaiterions que l’Etat nous aide à réduire les taxes aéronautiques, qui ne cessent de s’accroitre, au moins au bénéfice de nos vols à l’intérieur du pays.
Nous sommes convaincus, que la question du transport des cadres de l’administration publique par voie aérienne pour se rendre en mission dans le nord du pays, reste un volet qui pourrait utilement nous permettre de remplir nos vols.
Nous souhaitons également, que les aéroports soient rénovés, les pistes de l’intérieur du pays entretenues continuellement, afin de nous permettre une meilleure desserte.
Et pour le produit touristique de la Pendjari, qui attire le regard du monde sur la destination Bénin, qu’un effort soit fait pour que nous puissions proposer des tarifs raisonnables à la clientèle intéressée.

Comment l’Etat vous accompagne-t-il dans ce projet ?

Tout au long de ce projet, nous avons reçu le soutien de l’Aviation civile, et de notre ministère de tutelle, et même au plus haut niveau ; nous avons eu l’honneur d’être reçus en audience par le chef de l’Etat, qui a prêté une oreille attentive à nos doléances. Nous avons pu sentir une réelle volonté d’améliorer le secteur de l’aéronautique au Bénin (réhabilitation des anciennes pistes de l’intérieur, compétitivité de l’aéroport de Cotonou, etc.), et avons déjà commencé à observer, que les instructions ont été données par le président de la République, pour la résolution des problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Par ailleurs, nous constatons quotidiennement que les différentes administrations du Bénin sont bienveillantes à notre endroit, au premier rang desquelles l’Aviation civile, et au sens large le gouvernement. Notons que la majorité des ministres de l’Etat voyagent sur nos vols.
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