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Edito: Vers un nouveau blocage

Publié le lundi 22 juillet 2019  |  L`événement Précis
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© Autre presse par DR
Le chef de l`Etat Patrice Talon rencontre les partis politiques
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Faut-il que les partis lésés lors des dernières législatives, organisent de nouveaux congrès constitutifs comme le leur demande le ministre de l’intérieur ? C’est irrecevable, répondent en chœur tous les partis concernés. Prenons le cas du PCB dont le communiqué affirme : « Le Parti Communiste du Bénin, en son temps, a procédé à toutes les formalités requises (Congrès de mise en conformité, dépôt des dossiers au Ministère dans le délai requis avant le 17 Mars 2019) pour sa mise en conformité à la nouvelle Charte malgré toutes les incongruités et les dispositions anti-démocratiques qu’elle comporte. » Idem pour l’USL et les FCBE qui soulignent qu’il n’est pas question de reprendre des formalités déjà accomplies. « Si nous repartons encore une fois en congrès aujourd’hui, ce serait un déni de droit », assure le porte-parole de l’USL Donkhlam Abalo hier lors d’une émission radio. A sa suite, maitre Kato-Atita indique que « cette demande n’a aucun sens juridique ». « Le Parti Communiste du Bénin ne se pliera pas à ce qui apparaît comme une oppression, une mesure illégale et tout à fait arbitraire », avertit le PCB. « La demande du ministre Sacca Lafia, en plus d’être illégale et arbitraire, est une injure au parti », s’offusque Nourenou Atchadé porte-parole des FCBE.
Autre chose, le ministre de l’intérieur a demandé aux partis d’éviter de confier des postes de responsabilité aux gens en délicatesse avec la justice. Une manière de parler de Sébastien Ajavon, Komi Koutché, LéhadySoglo, Valentin Djènontin et de tous ceux qui, condamnés ou non, se sont exilés. Là encore, les partis indexés ont montré une totale opposition à la demande de l’autorité ministérielle.
Autrement dit, c’est parti pour une nouvelle confrontation dont l’issue pourrait être, à nouveau, la non-participation de ces partis aux prochaines élections. Car les positions tendues qui s’affichent n’augurent que des lendemains sombres. Ce que redoutent surtout les partis d’opposition, c’est non seulement d’avoir à subir le diktat du ministre de l’intérieur pour qu’on vienne après à leur opposer les conséquences de leur nouvelle « naissance ». C’est-à-dire que leur existence légale ne datant que du congrès, souligne clairement qu’ils n’avaient aucun droit de participer aux élections du 28 avril, de n’organiser aucun mouvement de protestation et par conséquent, leurs militants emprisonnés ne sont que de simples vandales. Bien entendu, cette lecture de la demande du ministre comporte un autre pendant qui est peut-être le plus important : la reprise ou non des élections. Si donc les partis viennent de naître, ils n’auront plus aucun droit d’exiger la reprise des élections. Le nœud de la nouvelle crise est probablement à ce niveau, car les partis d’opposition exigent toujours la reprise des élections législatives et n’entendent pas céder d’un iota sur cet impératif.
Disons ce qui est. Quelle que puisse être l’issue de la confrontation actuelle, il est illusoire de croire que de nouvelles élections législatives auront lieu au Bénin avant 2023. Si les partis d’opposition veulent réellement sortir de l’illégalité dans laquelle ils se retrouvent, il leur sera difficile de continuer à exiger comme préalable l’annulation des dernières législatives. Chaque fois que cette exigence sera brandie, il faut être sûr que le pouvoir ne cèdera pas et trouvera des moyens pour empêcher toute légitimation de cette requête désormais obsolète.
Mais il est évident que ce n’est pas parce qu’un parti désormais légal, présente des doléances que celles-ci deviennent faisables. Le ministère de l’intérieur devrait sortir de la mise en scène administrative pour faciliter l’accès de ces formations politiques à une existence légale. A l’heure où le pays a payé un lourd tribut aux querelles politiciennes, il est venu le temps où chaque devra mettre de l’eau dans son vin pour restaurer la confiance entre les acteurs.
Car, s’il est entendu que la reconnaissance des partis d’opposition constitue le premier pas vers un dialogue politique réel, le blocage qui s’observe tuera simplement toute tentative d’entente. Patrice Talon ne réussira aucun dialogue si les partis d’opposition ne finissent pas par obtenir le fameux certificat de conformité, quelles que puissent être les contorsions administratives y nécessaires.
Concrètement, chaque partie a le devoir d’abandonner ses positions politiciennes pour ouvrir la voie à des élections apaisées en 2020. Le blocage qui s’annonce est un dangereux virage vers une nouvelle crise. Le Bénin n’en a pas besoin.

Par Olivier ALLOCHEME
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