A l’occasion de la prestation de serment des députés membres de la Haute cour de justice (Hcj), le président Patrice Talon a partagé avec eux l’impression que devrait avoir tout observateur objectif de la vie politique sur l’institution. L’analyse qui se dégage de son point de vue, c’est qu’on y note « le jeu des petits arrangements et des grandes compromissions favorisé par un système partisan peu fiable, qui a perverti les privilèges de juridiction et fait d’eux le paravent de l’impunité ».
Les lacunes textuelles aidant, la Haute cour de justice a ainsi été reléguée au rang de simple épouvantail, fait observer le chef de l’Etat quelque peu déçu de l’interprétation faite du privilège de juridiction que confère l’article 136 de la Constitution au président de la République et aux membres du gouvernement. En dépit du fait que la Haute cour de justice soit la seule juridiction habilitée à connaître des faits qualifiés de haute trahison, des infractions que commettent les personnalités sus citées, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, « cela n’est pas en soi incompatible avec l’égalité de tous devant la loi », objecte le président Patrice Talon. Aussi, rappelle-t-il, que c’est ce constat de bon sens, largement partagé, qui l’avait amené dans son projet de société, à envisager sa suppression ou, en tout cas, sa refonte complète. «Malheureusement, la générosité du projet de réforme institutionnelle porté en son temps par mon gouvernement et moi-même, n’avait pas été perçue à sa juste valeur », précise le président de la République. Mais cela est loin d’émousser sa détermination à donner un autre visage au Bénin et à ses institutions. « Elle se décline actuellement en réformes structurelles d’envergure destinées à garantir à tous nos concitoyens, d’égales chances de succès et de reddition de comptes», a-t-il annoncé.
La marche irréversible vers un développement équitable, réclame davantage de sacrifices afin de briser définitivement les entraves qui ont pour noms : concussion, corruption, abus de fonction, etc, souligne le chef de l’Etat. Pour les annihiler, il penche pour la rigueur dans l’action publique. Et cette rigueur doit logiquement inspirer, animer et orienter la Haute cour de justice, plaide-t-il.
Depuis un quart de siècle, l’impuissance de l’institution n’a pas souvent permis d’engranger de grands succès en matière de lutte contre l’impunité. « De sorte que, malgré les victoires remportées ces trois dernières années sur ce front, grâce notamment à la volonté du gouvernement, les défis à relever en la matière restent essentiels», note-t-il. « Le peuple béninois assoiffé de justice attend toujours plus de chacun de nous », révèle-t-il aux nouveaux juges après que ceux-ci, solennellement, ont juré de remplir fidèlement et loyalement les missions pour lesquelles ils ont été investis par leurs pairs. JFM