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En vérité : Le prix de la liberté

Publié le mardi 30 juillet 2019  |  Fraternité
La
© aCotonou.com par DR
La prison civile d’Akpro-Missérété
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Elles ont goûté à la prison. Leur détention aura duré deux mois. Depuis quelques jours, elles sont libres, quoique provisoirement. Ces personnes, dix-sept au total ont ainsi le privilège d’attendre le verdict du juge hors des murs de la prison civile de Cotonou. Leurs autres compagnons d’infortune, au nombre de quarante trois, arrêtés au même moment qu’eux sont toujours en incarcération. Le vendredi 26 juillet, 17 des 60 personnes arrêtées au lendemain des violences des 1er et 2 mai qui ont perturbé la quiétude des habitants de Cotonou ont été remises en liberté. Mais elles ne sont pas pour autant tirées d’affaire. Le juge n’a pas fini de statuer en ce qui les concerne. Mais déjà, elles peuvent se réjouir de ne plus être en détention. Les autres n’ont pas eu cette chance. La mort dans l’âme, ils devront patienter jusqu’à ce que le juge se prononce pour ce qui est de leur cas.
Cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive est encore fraîche dans les mémoires. Ces jours-là, une partie du centre de Cotonou, notamment le quartier Cadjèhoun et ses environs immédiats avaient tout l’air d’un champ de bataille. Une fumée noire et ocre, conséquence des dizaines de pneus brûlés sur la chaussée renseignait toute personne avertie sur l’intensité des échauffourées. Dans la foulée, des badauds se sont rués vers des infrastructures privées auxquelles ils ont mis le feu. Débordée par la détermination des manifestants, la police républicaine a dû replier pour céder la place à l’armée de terre qui a pu rétablir l’ordre. Le bilan est plutôt lourd. Un mort et d’importants dégâts matériels. La raison de cette vague de violence est liée aux législatives non inclusives qui se sont tenues quelques jours plus tôt, c’est-à-dire le dimanche 28 avril.
A la quête des responsables de cette manifestation qui a dégénéré en un laps de temps, la police a procédé à plusieurs interpellations. C’est ainsi que les blessés et d’autres individus se sont retrouvés dans les liens de la justice. Il y a évidemment dans le lot de ces personnes arrêtées plusieurs innocents dont le malheur a été de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Le rôle du juge est de situer les responsabilités. Il y a également des blessés qui n’ont rien à voir avec les échauffourées et qui ont eu la malchance d’être atteints par divers projectiles. Ceux-là également devraient pouvoir recouvrer leur liberté. Il appartient au juge en charge de l’affaire de faire preuve de discernement afin de ne pas mettre tous les prévenus dans le même panier. C’est déjà une bonne nouvelle que 17 personnes sur 60 aient recouvré la liberté, fut-elle provisoire.
Pour avoir participé à un attroupement non armé, ces citoyens qui ne sont pas a priori des badauds paient le prix fort. Se retrouver du jour au lendemain privé de sa liberté est une épreuve pour ceux qui sont dans cette situation. Ce n’est jamais évident de sortir indemne des liens de la justice. Ils l’apprennent à leurs dépens. D’un autre côté, au nom de la réconciliation et de la paix prônées après ces épreuves que le Bénin a traversées, alléger le fardeau des 43 autres personnes encore détenues par une mise en liberté, même provisoire, serait un soulagement pour l’opinion. La paix autant que la guerre a un prix. Il est évident que la justice est appelée à faire son œuvre. Les acteurs qui y officient, au nom du peuple béninois, rendraient service à tous, si la rigidité n’est pas le maître mot de leurs actions. La clémence est une vertu. Elle produit bien souvent des effets positifs.
Moïse DOSSOUMOU
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