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Edito: 59 ans de détresse

Publié le mercredi 31 juillet 2019  |  l’evenement precis
Célébration
© aCotonou.com par Didier Assogba
Célébration des 56 ans d’indépendance du Benin
Lundi 1er Août 2016. Cotonou.Passage de revue de troupe et Défilé militaire.
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L’Afrique, et précisément le Bénin, a été beaucoup mieux gérée en 59 ans d’indépendance qu’en plus de 60 ans de colonisation. Autrement dit, si l’on ne prend que le cas du Bénin notre pays, les bonds socio-économiques et politiques réalisés depuis 1960 sont largement au-dessus de ce que la colonisation française a permis de réaliser sur notre territoire en plus de 70 ans de tutelle et de domination sans partage. Et si l’on considère que ces avancées ont été réalisées dans des conditions géostratégiques extrêmement complexes, du fait de plus de 30 ans de guerre froide, il faut se rendre compte que nous aurions pu faire beaucoup mieux, si certains facteurs de blocage n’avaient pas empêché la marche de notre peuple vers le progrès.
Comme de juste, il faut dire ici et maintenant que ces avancées montrent simplement qu’en matière de gouvernance et de gestion, les Africains, et plus précisément les Béninois, ne sont pas moins doués que les Européens. Dans un contexte de chosification généralisée des Africains vus comme de simples pions déplacés à volonté sur l’échiquier mondial, nos dirigeants ont réussi à faire avancer nos pays. Ce que je dis est proprement inacceptable aux yeux de ceux qui pensent que l’Afrique est le continent de la gabegie et du pillage des biens publics par excellence. Mais, très peu d’Africains ont idée de ce qu’a été la longue marche de l’Europe et de l’Amérique elles-mêmes qui furent sur plusieurs siècles, le siège du népotisme, de la dictature, de l’inquisition, de l’obscurantisme et de la barbarie. On s’imagine à peine le nombre de guerres, d’épidémies dévastatrices, le nombre incalculables d’erreurs historiques et de pathétiques incuries que ces pays dits développés ont dû affronter. Un exemple parmi mille autres. Qu’est-ce qui explique qu’en plein XVIème siècle, au moment où la navigation maritime donnait encore lieu à des hécatombes sur les mers, des Allemands, des Hollandais, des Anglais, des Français, etc. avaient été contraints de fuir en masse leurs pays pour les terres inconnues et sauvages d’Afrique du Sud où ils forment aujourd’hui une bonne partie de la population blanche ? Ce sont les guerres de religion, les épidémies meurtrières, les famines insoutenables…
Regardez donc les crises de l’Europe et de l’Amérique d’aujourd’hui, notamment la crise financière de 2008 après celle de 1929. Elles ont montré que les succès de l’occident dérivent souvent de graves erreurs ayant duré parfois des décennies. La pire de toutes, celle qui résonne déjà dans tous les tympans, est la catastrophe écologique annoncée. Il y a à peine quelques jours les températures en Europe ont atteint des niveaux jamais égalés dans l’histoire. A force de chercher le progrès à tout prix, les occidentaux ont réussi à détruire la planète. Les voilà cherchant frénétiquement d’autres planètes habitables. Pauvres cons…
Nnous devrions nous féliciter de nos progrès à nous, peuples mille fois martyrisés au cours de l’histoire. « Peuple debout, un pays debout et libre », pour parler comme Césaire, les Africains ont été les peuples les plus maltraités de l’histoire. Qu’on imagine : plus de 1200 ans de traite orientale, plus de 400 ans d’esclavage et de traite occidentale, et près d’un siècle d’une colonisation meurtrière nous ont profondément avilis et dépossédés de nous-mêmes. Les peuples prédateurs que sont les arabes et les occidentaux ont même réussi à nous imposer leurs langues et leurs religions, en faisant haïr les nôtres. Pouvait-il en être autrement après tant de siècles de dépossession, tant de siècles de violences sur la seule race qui souffrit tous les martyrs du monde ?
La haine pour les Noirs est partout encore aujourd’hui. Encore hier, je lisais dans le nouveau Paris Match le récit de Naomi Campbell, icône de la beauté noire s’il en est, qui a raconté comment en mai dernier, elle a été refoulée d’un hôtel du sud de la France du fait de la couleur de sa peau. Je parle bien de Naomi Campbell ! Que l’on imagine un peu comment sont traités les Africains dans tous les pays arabes, d’autant qu’en arabe le terme noir se dit « esclave » ! En Lybie, au Maroc, en Egypte, en Arabie Saoudite ou en Tunisie, vous serez appelés et traités d’esclaves, que vous soyez présidents ou plantons !
Alors question : après 59 ans d’indépendance, que faisons-nous pour éradiquer cette mentalité d’esclaves que des siècles de domination nous ont inculquée et dont nous voyons encore aujourd’hui les ravages ?
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