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La klébétologie au Bénin : quand des néo-griots tuent les libertés démocratiques, 59 ans après

Publié le vendredi 2 aout 2019  |  aCotonou.com
Simon
© aCotonou.com par DR
Simon Narcisse Tomety, Ancien Directeur de l`école de la Nouvelle Conscience
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Ecritures siamoises, presse griote, organes minés, journalistes appauvris, possédés et opportunistes, communication sans communion, professionnalisme en dormance, contenu décevant et déroutant, entreprise de presse politisée tueuse des acquis démocratiques. Voilà ce qui fait la presse en 2019, à un an des six décennies des indépendances, que nous avons et la presse que nous n'aurions pas souhaité avoir. Pour nous, la presse est si importante qu'elle devrait être notre premier outil d'émancipation, notre levier de résilience pour nous affranchir de l'autre bord, celui de l'extraversion culturelle, politique et économique.

La presse c'est notre porte-voix, ce sont nos yeux, nos oreilles mais aussi nos bouches et nos vecteurs qui permettent la circulation de nos idées, de nos potentialités, de nos pratiques, de nos exploits, de nos doutes, de nos contraintes, de nos inquiétudes et de nos espérances. La presse, celle que nous appelons de tous nos voeux, ne devrait pas être une presse seulement pour les riches mais aussi la presse pour les pauvres, les terroirs, de tous ceux qui ont besoin d'être défendus dans l'opinion pour qu'ensemble, nous puissions révéler la vérité des situations telle que nous les vivons.

Où sont nos brillants journalistes d'hier avec qui nous étions ensemble sur de nombreux chantiers de construction des libertés démocratiques et de la vérité. Combien de journaux sont obligés d'encenser pour survivre? Combien d'organes de presse sont obligés de faire allégeance à la pensée unique pour traverser un quinquennat? Combien de journalistes sont capables de défendre des positions dans des débats contradictoires scientifiquement soutenus sur un plateau de télé, de radio, dans les médias sociaux...sans le risque de suspension d'un contrat avec l'Etat? Combien de journalistes sont encore mentalement, moralement et professionnellement libres?

La plupart des journalistes sont tenus dans un étau et répètent comme des perroquets en cage. C'est le prix à payer pour gagner sa vie. Et l'amateurisme a fini par avoir raison du professionnalisme. Le journaliste béninois est donc vulnérable, il n'est plus un acteur de la vérité de son époque, il est devenu un marchand de la manipulation. Sa conscience professionnelle est vacillante et s'ajuste en fonction des facilités pécuniaires que lui offre chaque régime. Ainsi, tous les cinq ans, il change de veste, de ligne éditoriale et de discours. Il n'y a que cela qui paye paraît-il!

Quelle est l'image d'une presse de langue de bois, qui ne voit rien, n'entend plus rien, ne dit rien, insensible à la vérité, qui a les mains et les pieds liés comme à l'époque de l'esclavage?

Une presse monopolisée par un système politique de monopole qui ôte aux populations le droit de consommer de l'information de qualité et le devoir d'exercer le contrôle citoyen. La presse au Bénin est l'un des piliers du système d'insémination et d'entretien de la peur structurelle dans l'esprit des citoyens. Elle s'est écartée de son rôle d'éveil des consciences, d'éducation populaire et d'accès à la vérité. La presse béninoise est devenue un miroir opaque qui n'est plus au service du développement humain et un passage pour accéder à la transparence. La presse béninoise n'est plus le quatrième pouvoir mais la quatrième poubelle de l'histoire politique, institutionnelle et sociale de notre pays.

Journalisme d'enclosure, et voilà l'image d'une presse béninoise en berne, embrigadée et prisonnière d'un système communicationnelle complice de la mort des acquis de la conférence des forces vives de la Nation. Nous vous accusons car le Bénin ne mérite pas cette attitude de votre part si on devrait se souvenir du merveilleux rôle joué par cette presse pour l'avènement du processus démocartique en 1990.

Les bons hommes de la presse qui, jadis attachés à la déontologie, sont devenus des sans voix de leurs propres voix. Comment cette presse peut-elle défendre le peuple, la patrie le pauvre, l'espérance et la vérité?

La presse béninoise est une actrice majeure du système de promotion de la dictature, de l'injustice et de l'arbitraire. Les organes de presse qui nous accueillaient avec ferveur pour des débats citoyens sur les sujets d'actualité et les questions de développement nous ferment désormais leurs portes pour ne pas perdre des parts de marchés d'Etat. Ces organes de presse ont-ils vraiment adopté le néolibéralisme radical comme leur ligne éditoriale? Laissons le temps juger chaque époque pour nous révéler ce que nous valons de façon intrinsèque. Patience est son nom!

Avec cette science des ténèbres et d'aggressivité sur les réseaux sociaux appelée la "klébétologie", les injurieurs sociaux payés sur des deniers publics et appelés ''Klébés'' sont d'une insolence de portée terroriste qui fragilise la cohésion nationale et le débat démocratique.

Il est à retenir que la "klébétologie" est la science de la bêtise humaine qui étude la décadence des libertés de presse et des libertés démocratiques dans un environnement pernicieux qui n'offre aucune place à la contradiction et à la vérité. En découle la "klébétude" qui est la caractéristique des espaces privés de parole et des communicateurs sans capacité à communier et qui n'ont pour armes que le mensonge, la manipulation, les injures et l'arrogance.

Cette réflexion est mon bouquet de fleurs qui accompagne ma méditation sur le rôle de la presse dans la décadence des valeurs et le recul démocratique au Bénin.

Simon-Narcisse Tomety
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