L’historienne de l’art Marie-Cécile Zinsou déplore les atermoiements des autorités béninoises qui veulent différer le retour de 26 objets issus des trésors du Dahomey.
« Je suis frustrée, déçue et humiliée. Demander à la France qu’elle retarde la restitution de nos œuvres d’art est une atteinte à notre fierté, à notre histoire. Les Béninois les attendent. » Celle qui parle est passionnée d’art et vit à cheval entre la France et le Bénin. Depuis des années, Marie-Cécile Zinsou se bat pour le retour du patrimoine africain sur ses terres séculaires. Alors évidemment, elle bouillonne quand Porto-Novo demande à Paris d’attendre encore un peu dans ce feuilleton qui traîne depuis déjà bien trop longtemps à son goût.
Tout récemment, le directeur de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et du tourisme (ANPT) béninoise, José Pliya, a fait savoir que le retour des 26 objets du patrimoine béninois, pillés lors du sac des Palais des rois d’Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892, n’était pas urgent. « A la proposition française, notre réponse, c’est patience, gardez-les encore un petit peu le temps que nous soyons vraiment prêts », a-t-il déclaré à l’AFP le 17 juillet. Le ministre français de la culture, Franck Riester, venait d’annoncer quelques jours plus tôt le retour « rapide » de ces trésors. Des totems et sceptres royaux qui, précisait-il, devaient « pouvoir être vus, admirés et étudiés au Bénin » sans même attendre l’adoption d’une loi censée entériner formellement cette restitution.