Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article
Education

Entretien avec Dr Gabin TCHAOU du SYNARES sur la menace de grève au de l’enseignement supérieur

Publié le lundi 5 aout 2019  |  aCotonou.com
Dr
© aCotonou.com par DR
Dr Gabin TCHAOU du SYNARES ( Syndicat Autonome de la Recherche et de l`Enseignement Supérieur)
Comment


L'intersyndicale des enseignants du supérieur menace d'engager des actions de mécontentement dans les prochains jours contre le gouvernement. Ceci, dans un contexte où on parle d'évaluation de leurs confrères des niveaux inférieurs. Dans cet entretien, Dr Gabin TCHAOU du SYNARES ( Syndicat Autonome de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur) et membre de l'intersyndicale justifie cette solidarité syndicale.

Thanguy AGOI : Bonjour Dr. On parle d'évaluation des enseignants du secondaire et du primaire, avec surtout un focus sur les agents reversés de 2008. Vous, au niveau de l'enseignement supérieur, vous n'êtes concernés ni par l'un ni par l'autre des deux cas. Et votre intersyndicale envisage des actions de protestation? Il faut le dire : de quoi je me mêle ?

Dr Gabin TCHAOU : Bonjour Monsieur Thanguy AGOI. Merci pour l'intérêt que vous portez à ce sujet. C'est vrai que nous enseignants du supérieur ne sommes pas concernés par l'évaluation des enseignants, surtout ceux reversés en ACE en 2008. Mais nous sommes des syndicalistes et le syndicat est pour la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs en général. Ceci dit, les universitaires s'étonnent des suites à donner à cette évaluation annoncée. Ceux qui sont reversés sont tous aujourd'hui détenteurs de diplômes professionnels. Faites les investigations nécessaires, vous verrez qu'ils sont depuis le reversement soit formés dans les écoles normales pour ceux du secondaires soit encadrés en situation de classe pour ceux du primaire. Ces derniers du primaire ont passé avec succès le test de l'INFRE ( examen écrit du CEAP ou du CAP) et ont aussi planché en ce qui concerne la pratique dans les classes devant des jurys composés d'inspecteur, de conseiller pédagogique et de Directeur. Tout ceci dit, vous comprenez qu'on est en droit de s'inquiéter quand on décrète une évaluation pour apprécier le niveau de ceux là qui sont formés après reversement avec l'appui des partenaires techniques et financiers. Faites le tour des administrations de nos lycées et collèges au Bénin, vous verrez que plus de 50% des postes de responsabilité ( Directeurs, censeurs, Surveillants, comparables) sont occupés par les reversés formés et ils s'acquittent très bien de leur devoir. D'autres parmi eux sont des Conseillers pédagogiques (CP).

Thanguy AGOI : Est ce que ce n'est pas un alibi pour faire vos comptes au gouvernement qui a refusé de contribuer au paiement des frais de formation et de passage en grade superieur au niveau du CAMES cette annee? C'est du chantage que de refuser d'assumer des charges pédagogiques induites par vos nouveaux grades, non ? Vous allez d'avantage ruiner le niveau des etudiants !

Dr Gabin TCHAOU : Il n'y a rien de chantage là. C'est cela même la justice sociale. On ne peut moissonner que là où on a semé et entretenu les plants. Pourquoi l'État va vouloir se servir des compétences des gens qu'il aurait abandonné à leur sort? Le LMD a demandé que pour un groupe de 25 étudiants, il faut un Enseignant. L' FCFA compte plus de 60000 étudiants aujourd'hui, faites le calcul et vous verrez. Et pour ce nombre, les enseignants en activité n'atteignent pas 800, or nous avons un vivier de jeunes docteurs en attente de recrutement. En 3 ans, c'est difficilement que le régime de la rupture est entrain de recruter 200 assistants pour les 4 universités nationales du pays. Les enseignants des UNB n'ont pas demandé à être payes comme leurs collègues de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Togo ou du Niger. Monsieur Thanguy, savez-vous que écrire et publier un seul article peut vous coûter entre 300 et 2500 euros? Mais combien notre gouvernement donne comme prime annuelle de publication des articles aux enseignants du supérieur du Benin? 8 % au lieu de 20% convenu du salaire annuel, et ainsi , un Assistant a annuellement 200 000 FCFA pour faire des recherches et publier alors que ses collègues des autres pays reçoivent plus de dix fois ça. C'est dire que l'enseignant du supérieur qui veut évoluer utilise tout le temps son salaire pour faire des recherches et des publications. Et c'est dans cette ambiance que le MESRS refuse de payer les droits d'instruction des dossiers au CAMES, estimant qu'il faut faire de l'économie au pays. Mais entre nous et les politiques, qui peut et doit faire ce sacrifice? Je n'aime pas les comparaisons, mais parfois, on est obligé. Savez vous qu'au Benin, un chargé de mission d'un préfet de département est mieux paye qu'un Maître de Conférences ou Professeur Agrégé des Universités ? C'est ça le vrai problème. C'est l'État qui devrait se battre pour avoir des enseignants de rang A pour bien former la relève. La plus belle femme ne peut pas donner plus que ce qu'elle a. On se demande avec ce qui se passe si l'éducation, la formation de la relève est une priorité pour le gouvernement. Tous les acquis démocratiques obtenus de hautes luttes sont tous les jours foulés aux pieds. Comment comprendre la nomination des responsables des UFR dans les UNB?

Thanguy AGOI : un mot pour finir ?

Dr Gabin TCHAOU : Je vais le répéter. Nous avons prévu plusieurs actions pour les tout-prochains jours. Nous n'assumerons plus les charges académiques et pédagogiques qu'imposent nos grades que nous aurons acquis par nos propres moyens. Nous nous en limiterons au strict minimum du niveau où l'État nous a aidé à être. Nous envisageons par ailleurs d'aller à un sit-in pour nous faire entendre. Je ne vous dirais pas tout. Vous constaterez bientôt.

Thanguy AGOI : merci Dr Gabin TCHAOU

Dr Gabin TCHAOU : merci Thanguy AGOI
Commentaires