Je commence d’abord par m’incliner devant l’immense talent qu’est Lionel Zinsou. Indépendamment des mesquineries politiciennes, tous les Béninois s’accordent à reconnaître que Lionel Zinsou reste un Béninois d’exception. D’ailleurs, c’est pour cela qu’il faut lui dire la vérité parce que nous ne sommes pas tous des cons.
À mon entendement, la ligne de défense de notre compatriote et de son conseil n’est pas à la hauteur de la gravité de la décision du Tribunal de Cotonou parce que Zinsou joue sa crédibilité sur le plan international. Personnellement, je ne suis pas satisfait des arguments politiciens à la limite creux qu’il débite dans les médias pour accabler Cotonou. Ressasser sur les plateaux de télévision que le verdict du Tribunal de Cotonou s’inscrit dans un plan supposé d’élimination des potentiels candidats de 2021, est une ligne de défense classique. Zinsou doit organiser autrement sa défense pour se recrédibiliser aux yeux des Béninois et du monde. Une fois encore, nous ne sommes pas un peuple d’idiots. À l’issue de son procès, la défense de Zinsou déclare que la « justice ait été instrumentalisée dans ce dossier ». Si c’est le cas, c’est classique, normal voire souhaitable d’instrumentaliser la justice dans les vraies affaires des politiciens pour les éliminer de l’espace public en raison du devoir d’exemplarité auquel ils sont tenus. En termes clairs, la condamnation de Zinsou fût-il un probable candidat aux présidentielles de 2021, n’est un fait typiquement béninois.
Rappelons-nous de :
l’affaire Clearstream qui plomba la candidature à la Présidence de la République de Villepin,
l’affaire Bettencourt qui empêcha la réélection de Sarkozy,
l’affaire des emplois fictifs à la Mairie de Paris qui aboutit à la condamnation en 2004 de Juppé à une peine d’inéligibilité de 5 ans assortie de 18 mois de prison avec sursis et la condamnation en 2011, de Chirac à 2 ans de prison avec sursis,
l’affaire d’emploi fictif de Penelope qui provoquait l’élimination de Fillon au premier tour des présidentielles de 2017.
C’est dire que tout bien considéré, ce n’est pas la condamnation de Zinsou à des fins politiciennes qui doit préoccuper l’élite béninoise. La vraie question est de savoir s’il y a une vraie affaire Zinsou. Et notre illustre compatriote a les moyens de laver son honneur. Qu’il cesse de se ridiculiser avec Dossou en faisant appel de la décision du Tribunal de Cotonou.
Pour rappel, Zinsou est condamné à Cotonou pour « faux et dépassement des fonds de campagnes électorales ». C’est un fait. Mais avant, il y a un autre fait plus important : l’affaire des 15 milliards qui seraient extorqués à l’homme d’affaires Burkinabé qui s’était plaint de Zinsou au Parquet de Cotonou pour « escroquerie aggravée » et « tentative d’escroquerie en bande organisée ». Pour toute réponse, Zinsou dépose, contre le Burkinabé, à Paris une plainte pour « tentative d’escroquerie financière, tentative d’escroquerie au jugement, extorsion de fonds, faux et usage de faux ». Les deux plaintes étaient formulées respectivement le 11 avril et le 14 mai 2016. Et depuis plus rien! Dès lors, dans l’imaginaire collectif, Zinsou et la pègre déchue qui le soutint en 2016 eurent brouté les 15 milliards du Burkinabé.
Dans la perspective d’agir en homme digne, je suggère à Zinsou d’oublier Cotonou et de relancer sa plainte de Paris afin que ses avocats démontrent à l’opinion publique la fausseté du Burkinabé. Zinsou est un homme riche qui a accès aux grands hommes de ce monde et aux meilleurs avocats. Qu’il cesse de surjouer contre Cotonou les arguments politiques classiques et lave son honneur en homme digne et intelligent. Être accusé d’escroquer 15 milliards alors qu’on s’apprête à présider aux destinées d’un peuple pauvre, me parait plus dégradant qu’une petite peine d’inéligibilité fût-elle d’essence politicienne.
Au demeurant, si Zinsou ne relance pas sa plainte contre le Burkinabé afin d’obtenir sa condamnation dans cette affaire, son image en restera éternellement ternie. Je ne sais pas comment peut-on dépenser 15 milliards dans une élection dont les dépenses sont légalement plafonnées à 2 milliards sans tomber sous le coup de la loi.
Pauvre Zinsou ! Il ne pourra malheureusement rien contre le Burkinabé qui dit avoir détenu des enregistrements audio et vidéo des séances d’escroquerie.
Pauvre Zinsou ! Ils s’attroupèrent nuitamment autour de lui, plièrent les 15 milliards avant d’annoncer faussement que le match ait été plié. Nous y voilà! Dans 5 ans, il sera forclore. Bonne retraite à lui !